Édition du 3 décembre 2024

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Politique québécoise

Bilan de campagne

QS dans Hochelaga-Maisonneuve : Une campagne à la hauteur de nos ambitions

Lorsque j’ai pris la décision de soumettre ma candidature à l’investiture de Québec solidaire Hochelaga-Maisonneuve (QSHM) en janvier dernier, j’avais plusieurs objectifs. Tout d’abord, je voulais amener QSHM à un niveau d’organisation électoral qui n’aurait rien à envier à celui de QS Mercier ou de QS Gouin. Je voulais également utiliser mon parcours syndical pour faire parler de QS dans les rangs syndicaux, particulièrement à la FTQ où je milite.

J’étais présent lors du congrès de fondation du parti en 2006 et j’avais trouvé que de tous les mouvements sociaux du Québec, c’était vraiment le mouvement syndical qui y était le plus sous-représenté. Peut-être que la création du SPQ-Libre en 2004 avait contribué à cette absence momentanée.

À mon sens, il fallait donc que des syndicalistes actifs prennent leur courage à deux mains et mettent leur face sur un poteau pour faire avancer les idées de QS et combler ses lacunes syndicales. Ma candidature allait en ce sens. Mes collègues de la FTQ, Édith Laperle (SCFP) et André Frappier (STTP) ont fait la même démarche pour Outremont et Crémazie. Québec solidaire est le parti qui a présenté le plus de syndicalistes lors de la campagne de 2012, tous partis confondus. Une simple visite au local électoral de QS Hochelaga-Maisonneuve vous en aurait fait rencontrer plusieurs autres.

Grands défis

Nous avons fait face à deux grands défis, la force du vote stratégique et notre difficulté à surmonter le mur médiatique.

À propos du vote stratégique, ce fut notre principal adversaire. Nous n’avons pas eu à vanter notre plateforme et nos valeurs, les gens étaient d’emblée d’accord. Nous n’avons pas eu non plus à exposer les failles du programme du PQ, les gens le trouvaient déjà très tiède. Non, nous avons eu à convaincre les citoyens et citoyennes de voter pour ce qu’ils voulaient. Tout un défi après 9 ans d’enfer libéral. Par contre, ce n’était pas une tâche impossible, car plus on approchait du jour du vote, plus le pointage était bon. Une semaine de plus de campagne nous aurait permis d’envisager la victoire dans Hochelaga-Maisonneuve, une forteresse péquiste incontestée depuis 1970.
De plus, le fléau du vote stratégique ne fait que commencer. Si nous nous retrouvons avec des élections d’ici un an et demi, le PQ sortira fort probablement de nouveau cette carte qui leur a permis de gagner, sous prétexte qu’il faut élire un gouvernement majoritaire fort, et de bloquer les libéraux et les caquistes pour de bon. Il est impératif que QS prépare une stratégie complète à ce sujet en vu du prochain scrutin.

L’autre grand défi ne fut pas une grande surprise. Le mur médiatique dressé devant nous était visible depuis longtemps. Pourtant, la campagne avait bien commencé avec l’annonce de la participation de Françoise David au débat des chefs. C’était sans compter le fait que Québécor (TVA, LCN, Journal de Montréal et de Québec) déciderait que la course se jouerait à 3 et que nous en serions exclus. Nombreuses ont été les journées sans mention de QS dans le réseau Québécor ou dans les médias tout court.

Sous le prétexte de mener une campagne exclusivement positive, avons-nous laissé passer de bonnes occasions de nous faire entendre, de critiquer plus durement ? Y a-t-il une recette magique ? Surement pas. Cependant, il faut faire le constat qu’il faudra en trouver une différente de la nôtre si on ne veut pas se contenter de ne gagner qu’un seul siège de plus à chaque élection.

Ouvertures

Il y a toutefois de l’espoir à l’issu de cette élection. Pour l’instant, les idées de QS sont plus populaires que le parti, ce qui laisse de la place pour du développement et pas nécessairement là où on le pense. En effet, dans un sondage Léger où on demandait aux répondants d’indiquer leur préférence électorale et d’ensuite se situer sur l’axe gauche-droite, il était intéressant de remarquer que 50% des électeurs de la CAQ s’identifient à gauche. Malgré l’étonnante contradiction d’une telle réponse, j’ai souvent entendu sur le terrain des citoyens me dirent qu’ils hésitaient entre QS et la CAQ. C’est un vote « antisystème » qui rejette les deux partis ayant historiquement géré ce système (PQ et PLQ). Québec solidaire devrait s’attarder à ces électeurs et électrices et peaufiner son message et ses techniques de communication pour faire en sorte qu’ils réalisent que nos réformes ne sont pas les mêmes que celles de la CAQ et que ce sont bien les nôtres qui sont les mieux à même de transformer positivement leur vie.

Il y a également de l’ouverture envers Option nationale. Depuis la fondation de ce parti, j’ai cherché à comprendre exactement de quoi se chauffait cette bête. Même si je n’ai pas une réponse exacte à donner à ce jour, je peux cependant dire que plusieurs de ces militants se chauffent d’un bois dont l’essence est très proche de la nôtre. En effet, le discours économique d’ON était définitivement ancré à gauche, sans compter que leur nationalisme était bien distinct de la « laïcité identitaire » à la sauce péquiste.

En ce sens, il est à propos de se poser la question à savoir si le travail de rassemblement de la gauche amorcé par l’UFP et Option citoyenne est terminé ? Bien sûr, j’aurais préféré que les 5000 membres de ON joignent directement les rangs de QS, parti de la gauche souverainiste déjà organisé, mais ils ne l’ont pas fait et il faut en prendre acte.

Une des conséquences découlant de ce constat est qu’il faut envisager d’adopter une résolution en instance de QS proposant un comité exploratoire pour un rapprochement entre QS et ON. Lors des prochaines élections, assurément d’ici deux ans, l’idéal serait de présenter un cabinet fantôme de Québec solidaire avec Jean-Martin Aussant comme ministre des Finances.

En conclusion, mon expérience de candidat en est une marquante et structurante. Dans mon cas, elle s’est très bien déroulée pour l’unique raison que j’étais entouré d’une équipe extraordinairement compétente et dévouée. Surtout, cette équipe avait du plaisir à travailler. C’est là, je crois, que repose notre principal avantage : les militants et militantes de QS ont du plaisir à travailler ensemble. Ils multiplient les sourires et les amitiés construites dans l’action politique. L’avenir de notre parti et de nos idées repose beaucoup sur ces sourires et leur caractère contagieux.

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