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Éducation

Restructurations majeures à l'Université de Montréal : un lifting pour plaire dans le « marché » mondial (IRIS)

MONTRÉAL, le 7 avril 2016 - Des transformations institutionnelles sont en cours à l’Université de Montréal, et bien que les détails de ce projet ne soient pas encore précisés, il est clair que celui-ci aura un impact important sur l’organisation interne et sur les orientations de l’université. C’est dans ce contexte que l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) publie une note qui met en garde contre les modèles dont s’inspire l’UdM pour conduire sa refonte.

Bien que l’administration de l’Université reste pour l’heure plutôt circonspecte sur les réformes précises qu’elle compte engager, elle affirme ouvertement prendre exemple sur certaines réformes expérimentées hors-Québec, comme par exemple les restructurations universitaires au Manitoba, les fusions d’établissements en France ou le financement basé sur la performance au Royaume-Uni. « Ces réformes sont généralement présentées comme de nouveaux standards « d’excellence » à imiter. Or, on se rend compte que ceux-ci ont eu des impacts préoccupants sur les universités, entre autres par la centralisation, la rationalisation et la mise en danger de la liberté et l’indépendance académique. Par exemple, dans le cadre de la la restructuration au Manitoba, on évoque la possibilité de fermer sept facultés, ce qui n’est pas sans rappeler la menace qui pèse actuellement sur la Faculté d’éducation permanente (FEP) à l’UdM. En France et en Angleterre, le financement universitaire dépend de plus en plus de l’atteinte de seuils de performance déterminés à l’international », affirme Eric Martin, chercheur-associé à l’IRIS et auteur de la note.

L’UdM admet elle même que la refonte actuelle est motivée par une volonté d’adaptation au processus de la mondialisation des universités, lui-même lié à la mondialisation économique : « Les universités reçoivent aujourd’hui beaucoup de pressions- entre autres des grandes institutions économiques comme la Banque mondiale et l’OCDE - pour que celles-ci se conforment au modèle de « l’université de classe mondiale ». L’université est appelée, pour être reconnue dans des classements à la méthodologie plus que discutable, à imiter les Ivy League de ce monde. Une université dite « excellente » serait celle qui se comporterait comme une entreprise transnationale, cherchant à conquérir des « parts de marché » en recrutant des étudiants étrangers ou encore en intensifiant ses liens avec l’industrie », explique Eric Martin.

L’IRIS déplore l’absence de débat public réel sur l’avenir des universités québécoises, leur statut de service public et leur mission. En effet, l’adaptation au nouveau modèle de l’université globale et commerciale est généralement présentée comme inévitable. Certes, l’UdM a mandaté une firme externe pour mener une consultation auprès de la communauté universitaire. Ceci dit, comme l’explique Eric Martin : « l’a priori de toutes les réformes ou consultations dans l’enseignement postsecondaire des dernières années est qu’il faudrait chercher à imiter davantage les « grandes universités de recherche » anglo-américaines. Il faudrait donc rechercher « l’adéquation formation-emploi », s’arrimer avec l’industrie et chercher à « briller » dans les classements mondiaux pour ne pas manquer le train de l’économie du savoir. Or, cela signifie concrètement que l’université n’est plus conçue comme membre d’un système d’éducation nationale et publique, mais d’abord comme un levier de développement économique dont les priorités seront de plus en plus définies depuis les entreprises et les marchés mondiaux », conclut le chercheur.

L’université globalisée : Transformations institutionnelles et internationalisation de l’enseignement supérieur est disponible gratuitement au iris-recherche.qc.ca.

Le SGPUM a participé au financement de cette note socioéconomique.

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