Édition du 13 mai 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Logement

Semaine d'actions du FRAPRU pour du logement social suffisamment financé et planifié

MONTRÉAL, le 19 mai 2025 - À l’approche du 1ᵉʳ juillet, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) lance une semaine de mobilisations. Des locataires de plusieurs régions du Québec passeront à l’action à compter de ce lundi après-midi. Occupations de terrains et de bâtiments, débats publics, marches et événements festifs rythmeront ainsi leurs localités tout au long de la semaine. Ces actions visent à lancer un message clair au gouvernement de François Legault : si le développement du logement social n’est pas mieux financé et planifié, la crise d’inabordabilité qui frappe les locataires du Québec ne fera qu’empirer.

Le logement social : un modèle boudé qui fait pourtant ses preuves

Le logement social est un véritable patrimoine collectif. Il permet actuellement de mettre à l’abri de la crise et de répondre aux besoins de dizaines de milliers de personnes et de familles. « La diversité du modèle québécois de logement social et communautaire — constitué d’organismes sans but lucratif (OSBL) d’habitation, de coopératives d’habitation et d’habitations à loyer modique (HLM), tous accessibles à des personnes à faibles et modestes revenus — n’a que peu d’équivalence dans le monde. Ce, d’autant plus que ce modèle, bien que perfectible, permet l’implication des locataires et des communautés, tant dans leur développement que leur gestion. De fait, les trois formules complémentaires de logement social répondent aux réalités et aux besoins des individus, des quartiers et des régions », souligne Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.

Une étude dévoilée par l’Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ) la semaine dernière fait encore une fois la démonstration que le logement social et communautaire est un investissement doublement gagnant : il améliore la santé, l’autonomie, la stabilité résidentielle et l’inclusion, tout en générant des retombées économiques substantielles.

Afin que ces effets bénéfiques profitent à un plus grand nombre de ménages, le FRAPRU estime qu’il faut doubler le parc de logements sociaux en quinze ans. Concrètement, cela signifie financer au moins 10 000 nouvelles unités par an. Pour y arriver, des investissements immédiats et des programmes publics consacrés au logement social sont nécessaires. « Rien de tout cela ne peut être remplacé par des modèles de financement dominés par des logiques de rentabilité qui laissent les plus vulnérables sur le trottoir », insiste la porte-parole.

Quand l’État se désengage, c’est le droit au logement qui recule

Pourtant alors que les loyers poursuivent leur ascension et que l’itinérance progresse dans l’ensemble des régions, le développement futur du logement social est menacé, malgré les nombreuses mises en chantier. Pour la première fois en plus de vingt-cinq ans, aucun programme dédié au logement social n’est en vigueur au Québec. Le principal programme encore actif repose désormais sur des logiques de financement qui favorisent les partenariats avec le secteur privé, souvent aux dépens de projets portés par les milieux communautaires et guidés par une vocation sociale. Sauf exceptions, les derniers appels de projets remontent à juin 2023.

Le budget 2025-2026 n’a prévu aucune enveloppe pour de nouvelles unités de logements sans but lucratif, nuisant ainsi à la prévisibilité nécessaire au démarrage de nouveaux projets. Selon le FRAPRU, non seulement les fonds publics destinés au logement social « et abordable » sont insuffisants, mais leur attribution est peu transparente. Depuis quelques mois, le gouvernement procède via des annonces ponctuelles, par décret, sans appel de projets publics ou de cadre clair. À mesure que ces annonces se succèdent, la ministre de l’Habitation relève les seuils d’abordabilité des projets financés par Québec, autorisant désormais des projets dont le loyer médian s’élève à 150% du loyer du marché afin de diminuer au maximum la contribution de Québec.

Selon le FRAPRU, cette logique évacue la finalité sociale du logement sans but lucratif : « La ministre France-Élaine Duranceau répète qu’il faut faire plus avec moins, sans évaluer si les besoins réels sont comblés. Diminuer les subventions publiques pour les remplacer par le soutien de bailleurs de fonds privés, de la philanthropie ou par des loyers collés sur le marché privé c’est oublier le rôle de l’État dans la mise en œuvre progressive d’un droit pourtant fondamental. Nous refusons de voir les rares fonds publics contribuer à normaliser l’inabordabilité, alors que l’urgence est manifeste », dénonce la porte-parole. Elle s’inquiète aussi de la pérennité des projets annoncés : « Si des logements sociaux se sont enfin construits dans les derniers mois, on n’a ni prévisibilité, ni aucune garantie pour l’avenir. Combien de temps encore des dizaines de milliers de ménages devront-ils vivre dans l’attente d’un logement décent ? », questionne la porte-parole.

Une semaine d’occupations pour exiger des solutions concrètes

Selon le FRAPRU, il est urgent de contrer la crise tout en répondant aux besoins des communautés. C’est dans cet esprit qu’une quinzaine d’actions seront menées tout au long de la semaine par les comités logement membres du FRAPRU : à Montréal (les 19, 20, 21, 22, 23 et 24 mai), à Rouyn-Noranda (le 20 mai), à Québec (les 21, 22 et 24 mai), à Gatineau (le 23 mai), à Sherbrooke (le 24 mai) et à Rimouski (le 25 mai). La semaine débutera cet après-midi dans le quartier Parc-Extension sur un terrain acquis par la ville de Montréal, à des fins de logement social. Le Comité d’action du Parc-Extension y mettra en lumière le décalage entre les besoins du quartier et le peu d’aide prévue par le gouvernement du Québec.

Calendrier des mobilisations organisées par les membres du FRAPRU : frapru.qc.ca/occupations

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Sur le même thème : Logement

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...