Édition du 23 avril 2024

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Amérique latine

Venezuela : Approfondir la Révolution, renforcer la solidarité

Par Barry Weisleder secrétaire national de Socialist Action/Ligue pour l’Action Socialiste, discours prononcé lors de la célébration du bicentenaire de l’indépendance du Venezuela à Toronto le 5 juillet 2011.

Il y a deux cent ans, plus précisément le 5 juillet, le Venezuela a gagné son indépendance de l’Espagne. La lutte de l’humanité d’aujourd’hui pour la libération de l’exploitation capitaliste et impérialiste continue. Les Vénézuéliens sont au premier plan de ce combat. Au nom de Socialist Action / Ligue pour l’Action Socialiste à travers l’État canadien, c’est un honneur pour moi de vous saluer à ce rassemblement pour la célébration du processus révolutionnaire qui porte le nom du libérateur Simon Bolivar. Dans le même temps, nous saluons le rétablissement du président Hugo Chavez, après l’ablation d’une tumeur cancéreuse par les médecins hautement qualifiés et dévoués de Cuba révolutionnaire, dont les excellents soins pour leur célèbre patient continuent pendant que nous parlons.

Partout dans le monde, les travailleurs et les paysans, les femmes, les jeunes et les personnes âgées sont inspirés par les gains du processus vénézuélien. Quel contraste qu’il présente à un monde plongé dans la crise économique et environnemental, un monde tourmenté par des guerres d’occupation permanente.

Alors que la grande entreprise et ses gouvernements sont en train de sabrer dans les services publics, les retraites et les salaires, le Venezuela, sous la direction du président Chavez, affecte des milliards de dollars pour le développement de trois des principaux programmes sociaux de la nation ; la mission locative de l’État, des projets pour la production agricole nationale et des projets pour la souveraineté alimentaire par le biais de la mission Agro Venezuela. Le gouvernement de Chavez est déterminé à créer des emplois « productifs, humanistes et socialistes » et à fournir du travail à 3,5 millions de Vénézuéliens avant 2019.

Le Venezuela ne dépend pas des prêts d’organisations financières comme le Fonds Monétaire International. Le FMI et les compagnies transnationales pendant des décennies ont aspiré la sueur et le sang du peuple vénézuélien. Des millions d’agriculteurs et de travailleurs ont été affamés, sans abri et sans défense. Le Venezuela avait de riches ressources pétrolières, mais à cause des accords commerciaux avec les États-Unis, son peuple n’en profitait pas, et la pauvreté était généralisée. La révolution sociale qui se poursuit au Venezuela est contre la pauvreté et ses racines dans le système du profit privé.

L’impérialisme américain a longtemps subverti l’autodétermination et les droits démocratiques dans les pays d’Amérique latine. La liste de ses crimes inclut l’invasion de la Grenade en 1983 ; l’invasion du Panama en 1985 ; la guerre des Contras au Nicaragua dont il fût l’instigateur, et la guerre contre-insurrectionnelle au Salvador. Elle comprend la guerre contre-insurrectionnelle en Colombie où il aide le gouvernement fantoche, et ses menaces continues contre le gouvernement Chavez au Venezuela.

Récemment, l’administration Obama des Etats-Unis a imposé des sanctions à la compagnie pétrolière publique vénézuélienne Petróleos de Venezuela (PDVSA). Les sanctions américaines sont une tentative pour mettre davantage de pression sur l’Iran pour arrêter son programme nucléaire en pénalisant les entreprises qui continuent de commercer avec ce pays. Entre décembre 2010 et mars 2011, le Venezuela, qui entretient des relations amicales bilatérales avec l’Iran, a exporté un additif de carburant d’une valeur de 50 millions de dollars à l’Iran.

L’Iran maintient que son programme nucléaire existe simplement pour approvisonner la population en énergie. Alors que nous ne soutenons pas le gouvernement actuel à Téhéran ( pas plus que nous ne soutenons le régime de Kadhafi à Tripoli), les socialistes défendent fermement le droit du Venezuela de commercer avec qui il veut. Les socialistes défendent le droit de l’Iran à développer son programme nucléaire comme il l’entend. Nous sommes pour le désarmement nucléaire, mais nous disons qu’il faut commencer par Washington et son chien d’attaque du Proche-Orient, l’État sioniste d’apartheid. Washington, Londres, Paris, Ottawa et les réactionnaires de l’OTAN n’ont pas le droit d’imposer un changement de régime à la Libye ou à tout autre pays. Nous disons « Arrêtez le bombardement de la Libye maintenant ! »

En 2009, le gouvernement Chavez a commencé le processus de nationaliser 60 entrepreneurs de services pétroliers et de les placer sous le contrôle de la PDVSA. Les géants pétroliers Exxon Mobil et Conoco Phillips l’ont poursuivi pour obtenir une indemnisation, mais ils ont perdu devant les tribunaux.

La politique de nationalisation a également été mise en œuvre dans 125 secteurs de l’économie. Les industries des télécommunications, de l’électricité, de l’eau, du gaz, du transport, du ciment, du sucre et du sel ont été nationalisées et sont maintenant dirigées par des collectifs ouvriers dans tout le pays. Ceci est une autre source d’inspiration pour les travailleurs et les travailleuses du monde entier.

Au Venezuela, la production et la distribution alimentaires sont des préoccupations urgentes. En 2010, un grave conflit s’est développé entre la direction de Polar, une importante compagnie privée de distribution alimentaire, et le gouvernement. En introduisant des systèmes comme Mercal, la chaîne alimentaire gérée par l’Etat avec quelques 30 000 supermarchés Mercal à travers le pays, les Vénézuéliens n’ont pas besoin de dépendre des réseaux privés pour obtenir des aliments de base. La nationalisation de l’industrie alimentaire est importante pour assurer la souveraineté alimentaire.

Cargil, une compagnie de semis basée au Canada, a vu ses actifs au Venezuela nationalisés il y a quelques années. Avec Monsanto, ils contrôlent les semences et produits transgéniques au niveau international. Ces entreprises ont essayé de fomenter des troubles sociaux en retenant des approvisionnements de produits alimentaires dont ils faisaient la distribution, comme le riz et la farine de maïs. Le gouvernement Chavez a utilisé la loi sur la souveraineté et la sécurité alimentaire, qui est un droit constitutionnel garantissant les Vénézuéliens d’obtenir un approvisionnement adéquat et sécuritaire de nourriture pour nationaliser les actifs de ces entreprises.

Cargil n’est pas un ami des agriculteurs et des travailleurs canadiens. Il est un allié des compagnies et du gouvernement canadiens qui conspirent pour détruire un siècle de conquêtes sociales gagnées dans les luttes de la classe ouvrière au Canada et au Québec. Ottawa raconte des mensonges au sujet du gouvernement du Venezuela. Il a financé des groupes d’opposition réactionnaires, comme Súmate, lors des élections au Venezuela. Harper agit comme un vendeur de Barrick Gold au Chili et en Colombie, tout en encourageant Shell, Chevron, Marathon et Petro-Canada à empoisonner les terres des populations autochtones en Alberta et au-delà. Ottawa participe à l’occupation militaire d’Haïti et de l’Afghanistan et au bombardement de la Libye. Une victoire pour le Venezuela dans la lutte contre le capitalisme et l’impérialisme serait une victoire pour les peuples autochtones. Ce serait une victoire pour les travailleurs municipaux de Toronto, pour les travailleurs ontariens du secteur public, pour les travailleurs des postes, pour les travailleurs d’Air Canada, pour les travailleurs de l’acier à Hamilton, pour les Québécois, les Acadiens et les Terre-Neuviens, pour tous les gens qui travaillent.

Il y a beaucoup de travail à faire. L’économie du Venezuela est encore entre les mains des grandes banques étrangères, des gigantesques intérêts commerciaux et industriels ainsi que des grands propriétaires terriens. Jusqu’à ce que la révolution bolivarienne achève l’expropriation du capital, étranger et national, le premier pas vers le contrôle ouvrier, la sécurité alimentaire et la souveraineté nationale sont en danger.

Nous sommes avec le président Hugo Chavez, qui a récemment déclaré : « Ici il y a une transition du capitalisme, qui détruit le monde, vers le socialisme. Ces 10 prochaines années, nous devrons faire beaucoup plus de progrès vers le socialisme que ce que nous avons fait jusqu’à maintenant ».

Le président Chavez a raison. Il n’y a pas de temps à perdre. L’impérialisme ne dort jamais. Notre tâche au Canada est claire. Avec l’approfondissement de la révolution bolivarienne, comme il se doit, nous devons approfondir, étendre et accélérer notre solidarité. L’avenir de l’humanité en dépend.

Vive la Révolution bolivarienne. Vive la révolution socialiste mondiale !

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