Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Politique canadienne

Appui extraordinairement naïf de la Grande-Bretagne en faveur du pétrole des sables bitumineux

The Gardian, 12 décembre 2011,
Traduction, Alexandra Cyr,

Le député libéral démocrate (MEP), Chris Davies reproche au gouvernement britannique d’avoir accepté les explications canadiennes « comme des vérités d’Évangile » après que l’Union européenne eût reçu un document les contredisant.

Le gouvernement britannique a été accusé d’une extraordinaire naïveté face aux informations fournies par des diplomates canadiens à propos des sables bitumineux. Elles faisaient partie d’une campagne canadienne de lobbyïsme et elles ont été démenties depuis.

Chris Davies est le porte-parole des Libéraux démocrates [1]u parlement européen en matière d’environnement. Il soutient qu’il « trouve particulièrement naïf que des ministres et des représentants officiels du gouvernement britannique prennent pour vérité le plaidoyer canadien, plutôt que de se rendre compte qu’il s’agit là de la défense d’intérêts financiers étroits ».

La position du gouvernement enrage littéralement M. Davies. C’est son collègue libéral-démocrate, M. Norman Baker, qui en est le ministre responsable de l’environnement. Pourtant il déclare : « L’affaire des sables bitumineux devient une source importante d’embarras pour tous les libéraux-démocrates. Ils s’attendent tous et veulent que le gouvernement dont ils font partie soient en tête de piste en matière d’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique ».

Le gouvernement britannique a secrètement aidé le Canada dans sa démarche pour contrer une éventuelle décision de l’Union européenne à propos du pétrole extrait des sables bitumineux. L’Union discutait de la classification de ce pétrole comme plus chargé en carbone que les autres types de pétroles. Une telle décision, soutenue par beaucoup de pays de l’Union, pouvait le rendre moins intéressant pour les distributeurs européens et créer ainsi un précédent (négatif) commercial important .

Le gouvernement canadien a invoqué à répétition, que les mesures envisagées par le Fuel Quality Directive, sont inapplicables. Selon des documents du Foreign Office, obtenus grâce à la loi sur l’accès à l’information, une diplomate canadienne basée à Londres, Mme. Sushman Gera, a rencontré un de ses confrères britannique le 21 octobre dernier.

Mme. Sushman m’a déclaré que des mesures semblables envisagées par les Etats-Unis ont échoué justement parce qu’elles étaient inapplicables. Elle s’est engagée à fournir plus de détails plus tard selon le document relatif à la rencontre. Une mesure similaire a effectivement été édictée par l’Air Ressources Board de Californie (ARB). Il s’est adressé à la Commissaire européenne pour l’action sur le climat, Mme Connie Hedegaard, pour l’assurer que la position du Canada relevait d’ un malentendu.

Dans sa lettre, que j’ai pu lire, l’ARB condamne clairement les arguments canadiens : « Le Californian Low Carbon Fuel Standard est toujours attaché au principe de la prise en compte du cycle de vie des émissions de gaz à effet de serre utilisés dans la production et le transport du pétrole ». Donc, les mesures n’ont pas failli ; elles sont toujours en vigueur.

Au cours de la rencontre (dont nous avons parlé plus tôt), Mme Sushman invoque que les mesures avancées par l’Union européenne imposeraient un surcroit de travail et de dépenses aux entreprises. Le géant BP s’est servi des mêmes arguments dans une lettre à M. Baker : « Le poids de ces règlementations serait considérable pour l’industrie qui croule déjà sous de tels régimes ».Soulignons que BP détient des intérêts importants dans l’exploitation des sables bitumineux.

L’ARB informe Mme Hedegaard que c’est le contraire en Californie : « L’augmentation des obligations administratives pour les entreprises pour se conformer aux exigences en matière de suivi de l’intensité du carbone dans leurs approvisionnements en pétrole, est minimal. Les pétrolières suivent et déclarent déjà les informations sur la teneur en carbone de leur pétrole. Il s’agit là de pratiques courantes de gestion interne et de reddition de compte requises par le gouvernement ».

Le gouvernement canadien m’a déclaré qu’ : « il ne faisait pas de commentaires à propos de ses échanges diplomatiques bilatéraux ». Le Foreign Affairs Office ne m’a pas rappelé.

M. Baker a poursuivi la défense de son point de vue avec grosso-modo les mêmes arguments que je ne trouve pas très convaincants. Il a réitéré que sa position ne retarde pas les décisions alors que le gouvernement, en privé, dit qu’effectivement cela amènerait un délai ; il faudrait proposer un nouveau plan plutôt que de s’attaquer aux problèmes dès maintenant. Il reproche aux groupes environnementalistes leur position qui ne résout pas la question à sa place… !

Le chef de campagne du groupe Co-operative, M. Colin Baines, n’est pas trop impressionné non plus : « La contre proposition du gouvernement ne pourrait donner qu’un résultat : un retard significatif dans l’application de mesures précises eut égard au pétrole issu des sables bitumineux. Cela malgré l’accumulation de preuves scientifiques et d’avis sérieux qui militent pour des actions énergiques dès maintenant ». Et il ajoute : « Il faut souligner que la proposition de l’Union européenne comporte déjà une disposition qui vise les pétroles conventionnels qui contiennent une intensité de carbone plus élevée que la moyenne. Dans ce domaine, le travail est déjà en cours. Nous considérons que la proposition de l’Union européenne est la meilleure façon de traiter ce problème et celle dont les effets seront les plus rapides ».


[1Membre de la coalition au pouvoir en Grande Bretagne depuis les dernières élections. NDT

Sur le même thème : Politique canadienne

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...