Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Féminisme

Au cabaret féministe de QS

Ce texte reprend les prises de paroles de la co-animatrice, Myriam D’amours, tel qu’entendues lors du cabaret féministe du 6 mars 2021 organisé par le comité des femmes de Québec Solidaire de la Capitale Nationale.

Plus j’en apprends sur les relations toxiques, plus je réalise qu’on a un exemple criant devant nous : la relation entre le gouvernement caquiste et les Québécoises. J’ai fait l’exercice de soulever quelques actions troublantes qui révèlent l’attitude narcissique nocive caquiste qui est dirigée contre les femmes du Québec.

En refusant de financer adéquatement les garderies et d’améliorer le salaire et les conditions de travail des éducatrices, la CAQ semble vouloir garder les mères à la maison. En effet, le réseau qui était déjà très affaibli par des années de politiques néolibérales compte une perte nette de 837 garderies en milieu familial entre mars et novembre 2020, portant le nombre d’enfants sur la liste d’attente à 51 000. En même temps, on a François Legault qui se plait à culpabiliser les travailleuses essentielles qui manquent à l’appel dans le réseau de la santé en rappelant sans cesse le nombre élevé d’infirmières et de PAB qui sont en arrêt de travail. J’ose souligner à notre premier ministre que le manque de places en garderie est l’une des raisons de cette absence. Simultanément, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, demande aux familles de prendre leur mal en patience, promettant 11 000 places en CPE sans nous fournir de délais d’attente. Bref, la CAQ soumet simultanément les femmes au rôle archaïque de femme au foyer tout en les accusant de manquer à l’appel sur leur milieu de travail. OUACHE.

Une autre cause criante de ce manque à l’appel est évidemment la crise en santé mentale. Combien de fois est-ce que j’ai entendu Legault nous rappeler de ne pas hésiter à aller chercher de l’aide en cas de détresse psychologique ? C‘est sûr que ça parait bien causer pour la cause, surtout dans la saison de PR de Bell. Par contre, personne n’est dupe, notre réseau public en aide psychologique est à un stade avancé de dégradation. Les gouvernements caquiste, libéraux et péquiste se sont assurés de délabrer le réseau public pour ouvrir grande la porte au privé. Des listes d’attentes interminables et truquées aux taux de productivité imposés aux intervenantes, en passant par la priorisation du traitement chimique sur le suivi psychologique, on se rend vite compte que l’aide psychologique, en réalité, est loin d’être une réelle priorité pour Monsieur Legault. Les bottines doivent suivre les babines, comme on dit.

Depuis le début de la pandémie, le nombre et la gravité des cas de violence conjugale ont augmenté de manière alarmante. La CAQ maintient qu’ils ont à cœur cet enjeu, que ce soit en parsemant les points de presse de discours poignants ou par la promesse d’injecter 120 millions de dollars dans le réseau de maisons d’hébergement pour femmes violentées dont 24 millions devaient être distribués dans les plus bref délais. Or, il s’agit encore d’un vrai show de boucane. 120 millions, ça a l’air d’une grosse somme, mais les travailleuses du milieu disent que ça ne permettra pas de bonifier l’offre dans les maisons existantes et encore moins d’agrandir le réseau vers les régions qui en sont dépourvues. Encore pire, ces sommes-là se font toujours attendre ! En un an, seulement 5,5 millions ont fait leur chemin vers des organismes, et ce, exclusivement sur l’île de Montréal. En bref, la CAQ annonce le versement du bare minimum et n’assure même pas la responsabilité de pousser pour que cet argent se rende à bon port dans un délai acceptable. Le plus vicieux là-dedans, c’est le discours mensonger qu’ils maintiennent publiquement, laissant croire qu’ils font tout en leur pouvoir pour répondre aux besoins des femmes victimes de violence conjugale, mais avec des sommes aussi peu généreuses, le nombre alarmant de Québécoises se voyant refuser les services des maisons d’hébergement par manque de ressources ne risque pas de diminuer. By the way, on parle de 10 000 à 15 000 femmes par année.

Mais la relation la plus toxique, la CAQ l’entretient avec les femmes travaillant dans le secteur public. Ils ont passé le printemps 2020 à faire référence aux travailleuses du réseau de la santé et de l’éducation comme des anges gardiens, dévouées à leur vocation, prêtes à se sacrifier au front pour le bien commun. Ces femmes-là, ce sont des travailleuses qui méritent le respect et la sécurité qui leur sont dus.

Au lieu de ça, la CAQ a décuplé la charge de travail des travailleuses du réseau scolaire à de multiples reprises en jouant au yoyo avec les reprises de cours, tantôt en présentiel, tantôt en ligne, en faisant fi des délais administratifs, de la planification et de l’organisation que devront assumer les travailleuses. Là où le gouvernement joint l’insulte à l’injure, c’est dans son incapacité à protéger adéquatement le personnel scolaire lors de la pandémie. En plus de truquer les tests sur la qualité de l’air effectués plusieurs mois en retard, il continue de proposer la solution imbécile d’ouvrir les fenêtres des classes en plein hivers ! Ce n’est pas pour rien que les écoles comptent maintenant pour 32% des éclosions actives de COVID.
Dans le réseau de la santé, il tarde toujours à abolir les agences de placement qui sont une atteinte directe aux protocoles prévoyant que chaque employée devrait être postée dans un seul milieu, même une seule zone au sein de ce milieu, pour éviter la transmission du virus d’une zone rouge vers des zones de personnes à risques. Le personnel en santé est insuffisant pour offrir la totalité des services, une qualité uniforme des services et un milieu de travail sécuritaire pour les travailleuses et les patients. Ce n’est pas un hasard, les conditions de travail du milieu sont atroces et les salaires dérisoires. Or, en plus de refuser de fournir l’équipement de protection adéquat pour tous, la CAQ refuse de proposer des offres intéressantes sur la table de négociation. Ils renforcent les politiques de temps supplémentaire obligatoire, refusent les vacances tant méritées aux travailleuses fournissant pourtant un effort surhumain depuis mars dernier. Encore une fois, la CAQ gaslight les travailleuses de multiples fois lors des points de presses, dans des efforts de dresser le public contre elles. Que ce soit en affirmant que l’équipement de protection est adéquat et distribué partout alors que les travailleuses rapportent exactement le contraire, en affirmant à multiples reprises que c’est la faute aux syndicats si les négociations ne voient pas de résolution, en culpabilisant les travailleuses qui sont en congé de maladie pour les bris de services ou encore en leur annonçant qu’elles devront redoubler d’effort pour rattraper les retards engendrés par la pandémie au plus vite. La CAQ aime aussi bien ses anges gardiens qu’un mari violent aime sa victime.

Je sais, le tableau que je dresse est plutôt noir. Trouvons espoir dans la lutte !
Tout comme nos sœurs qui lead les mouvements sociaux à travers le monde, soyons porteuses de revendications sociales. Nous enflammerons du fait même nos concitoyens à nous joindre dans ces luttes. Ensemble, faisons-nous entendre : les gouvernements qui priorisent les profits des entreprises privées au détriment de notre qualité de vie, c’en est assez !

Mobilisons-nous autour du plan de relance de Québec solidaire qui présente plusieurs revendications solides pour pallier aux différentes situations désastreuses dont je vous parlais plus tôt !

Demandons un investissement massif dans le transport en commun pour améliorer l’offre dans toutes les régions et rendre ce service gratuit pour toutes.
Nationalisons les transports interurbains pour qu’ils répondent enfin aux besoins de la population.

Passons immédiatement à un salaire minimum de 15$ de l’heure pour permettre aux bas salariées de joindre les deux bouts. Soyons claires qu’il s’agit d’un premier pas et que ce taux horaire devra s’ajuster au coût de la vie.

Exigeons que la CAQ livre les 13 000 unités de logements sociaux restantes sur les 15 000 promises. Mais pour que le logement soit véritablement un droit, nous ne devons pas nous arrêter là !

Exigeons un gel des loyers pour 2021 et la construction de 10 000 logements sociaux par an. Du logement abordable, c’est non seulement crucial dans la lutte à la violence conjugale, mais aussi pour sortir les familles de logements insalubres et stopper l’augmentation incessante du nombre de femmes se retrouvant à la rue.
Luttons pour une embauche massive dans les services psychosociaux. La santé mentale doit faire partie intégrante du régime de santé publique une fois pour toutes.

Finançons les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale à la hauteur des besoins réels.

Pour pallier au manque de personnel en santé, régularisons dès maintenant le statut des travailleuses essentielles immigrantes. Exigeons l’embauche massive de personnel de santé pour fournir des soins humains et permettre un ratio infirmière- patient sécuritaire. Rapatrions, dès maintenant, les employées des entreprises de placement dans nos services publics.

Offrons des conditions de travail humaines aux travailleuses du milieu de la santé et un salaire décent pour redorer l’attrait des différentes professions, mais aussi attirer les travailleuses du privé vers le public et les jeunes vers ces domaines d’études.
Luttons pour l’embauche massive d’enseignantes et de personnel des ressources éducatives. Soyons de bonne foi dans les négociations et offrons des conditions de travail adéquates au corps enseignant. Chaque heure de travail effectuée doit être payée, finies les heures de bénévolat imposées ! Pour ce faire, nous devons entre autres couper le financement des écoles privées dès maintenant.

En parlant de couper dans le privé, cette coupure doit être le mot d’ordre de nos luttes. Tant qu’un gouvernement banquier sera à la tête de notre province, seules les compagnies privées et l’élite tireront leur épingle du jeu. Nous ne tolérerons plus de voir l’argent de nos taxes aller dans les poches des propriétaires d’entreprises privées. Nous exigerons que les riches payent leur juste part et financent nos services sociaux avec l’argent de leurs taxes. Rêvons le monde de demain à travers notre solidarité. Mobilisons-nous pour un changement de paradigme !

Myriam D’amours, militante au sein de Québec Solidaire et d’Alternative Socialiste

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