Édition du 26 mars 2024

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Politique d’austérité

Austérité et centralisation - Les victimes des réformes et des coupures dans le réseau de la santé et des services sociaux sont bien réelles (SQEES-FTQ)

MONTRÉAL, le 23 oct. 2014 - Les membres du Syndicat québécois des employées et employés de service (FTQ) ont manifesté ce midi devant les bureaux de la ministre de la Famille et ministre responsable des Aînés, Francine Charbonneau, pour dénoncer les attaques du gouvernement envers le réseau de la santé et des services sociaux, en particulier le projet de loi 10 qui impose la fusion des établissements de santé et des services sociaux dans toutes les régions du Québec.

« Il est temps de parler des victimes des remèdes imposés par le Docteur Barrette. Les familles et les aînés sont heurtés de plein fouet : moins de services, plus de centralisation, des efforts investis dans les structures plutôt que dans les soins. Il est grand temps que ce gouvernement réalise qu’il fait fausse route et qu’il revienne à la raison : ces fusions ne doivent pas se faire. Tous s’entendent sur le fait que ces mégastructures n’aideront personne et ne contribueront pas à rendre les soins plus accessibles, au contraire », a déclaré Jean-Pierre Ouellet, président du SQEES-FTQ.

Les travailleuses et les travailleurs de la santé et des services sociaux de partout au Québec, membres du SQEES-FTQ, ont d’ailleurs témoigné des coupures qui font mal dans tous les établissements et des conséquences du projet de loi 10.

Les victimes du Docteur Barrette sont bien réelles - Témoignages du terrain


« Ce que les familles du Québec réclament, c’est d’avoir un meilleur accès aux soins et de ne plus attendre pendant des heures à l’urgence, attendre des années pour avoir un médecin de famille, attendre des mois sur une liste d’attente pour obtenir une chirurgie. Les familles attendent que le système soit véritablement à leur service pour simplifier leur vie, mais ce que ce gouvernement offre plutôt c’est une réforme qui éloigne le système de santé de la population », a déclaré Josée Jenkins, présidente du syndicat SQEES-FTQ du CSSS Alphonse-Desjardins.

« Les familles veulent des soins et on leur offre un nouveau chambardement de structures qui prendra une décennie à se mettre en place. On a eu droit aux belles promesses en 2003 avec la réforme Couillard : aujourd’hui, personne ne voit d’amélioration, et tout le monde dans le réseau sait que les CSSS sont devenus des monstres administratifs. Comment croire que des structures plus grosses donneront de meilleurs résultats ? C’est de la pensée magique », a ajouté Rosaire Hamelin, président du syndicat SQEES-FTQ du CSSS de Trois-Rivières.

« On annonce des coupures partout dans les services administratifs comme s’il s’agissait de personnel inutile et comme si ces coupures n’avaient pas d’impact. Pourtant, dans tout le réseau de la santé, nous offrons des services importants à la population. Nous sommes la porte d’entrée du réseau, nous dirigeons les personnes vers les ressources, nous assurons la conservation et le cheminement de leur dossier, nous les assistons dans la prise de leur rendez-vous, et j’en passe. Il est évident que la population va en ressentir les effets », s’est inquiétée Debbie Scabilis, présidente d’un des syndicats SQEES-FTQ à l’Hôpital Santa Cabrini de Montréal.

« Les services aux personnes âgées sont trop souvent les premiers qui subissent les coupures. On le sait, les sommes dédiées aux soins à domicile ont été fréquemment détournées à d’autres fins. Dans les CHSLD, nous faisons face à des coupures de postes et à des réductions budgétaires qui rendent difficiles nos tâches quotidiennes. Dans une mégastructure de santé, gouvernée par des administrateurs choisis par le ministre, comment arriverons-nous à faire entendre la voix des aînés ? Je suis inquiète pour l’avenir », s’est indignée Ève Way, présidente du syndicat SQEES-FTQ au CSSS Thérèse-De Blainville.

« La réforme Barrette avale les centres de réadaptation, dont les CRDITED, ce qui ne s’est jamais vu dans l’histoire. Notre clientèle est la plus vulnérable et nos listes d’attente sont déjà longues. On veut nous intégrer dans des structures hospitalocentristes dans lesquelles il sera difficile, voire impossible, de faire notre place, surtout que notre mission est différente de celle poursuivie par les hôpitaux. Si le ministre Barrette se donnait la peine de venir passer une journée avec nous, avec les personnes déficientes intellectuelles et avec les enfants atteints d’un trouble envahissant du développement, il comprendrait que de nous fusionner avec d’autres établissements de santé est un non-sens. Au nom des familles que nous desservons, il doit entendre raison et reculer », a souligné Chantal Coursol, présidente de l’un des syndicats SQEES-FTQ au CRDITED de Laval.

« Le projet de loi 10 est une démonstration du mépris de ce gouvernement à l’égard des Québécoises et des Québécois qui vivent dans les régions du Québec. L’intégration régionale des établissements de santé éloignera le réseau de la population, et c’est particulièrement vrai dans une région comme la mienne. Dans le Bas-Saint-Laurent, tous les services seront gérés à partir de Rimouski qui se trouve à près de 200 kilomètres de notre CSSS. La population n’aura plus son mot à dire dans la gestion des établissements. Dans les populations rurales, on reçoit le projet de loi 10 comme une gifle. J’espère sincèrement que le Docteur Barrette réalisera son erreur avant qu’il ne soit trop tard », a ajouté Gilles Lévesque, président du syndicat SQEES-FTQ du CSSS de Kamouraska.

Prendre le temps d’écouter ce que les travailleuses et les travailleurs ont à dire


« Le gouvernement avance à toute vitesse avec sa réforme et ses coupures. Il semble vouloir adopter le projet de loi 10 rapidement, mais en a-t-il vraiment mesuré toutes les conséquences ? Cette semaine, nous constatons que la plupart des groupes entendus en commission parlementaire, dont les fédérations médicales, s’opposent au projet de loi 10 et demandent au ministre Barrette de retourner à sa table de travail. Le personnel du réseau de la santé et des services sociaux n’est pas mobilisé pour une nouvelle réforme, surtout qu’elle ne vise pas les bons objectifs. De notre côté, la bataille contre ce projet de loi ne fait que commencer », a conclu Jean-Pierre Ouellet.

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