Ce livre fait le récit de cette appropriation populaire, une victoire obtenue de haute lutte contre un puissant groupe immobilier, les édiles municipaux et le consensus néolibéral. Contre la résignation aussi. Pour nous guider dans cette histoire, le collectif anarchiste de la Pointe libertaire se fait narrateur. La Pointe libertaire est l’une des organisations membres de la coalition qui a su mettre un grain de sable dans le modèle de développement récréotouristique et du tout-condo.
Sans jamais perdre de vue son rêve de fonder un « centre social autogéré » à l’européenne, la Pointe libertaire doit se prêter (avec réticence) au jeu de la négociation, déjouer les coups-fourrés de ses adversaires et combattre la stratégie de l’inertie que lui oppose la Ville, en entretenant la mobilisation pendant plusieurs années.
Composant avec des partenaires aux horizons très divers, le groupe anarchiste doit aussi trouver son chemin entre le processus élitiste imposé par la « démocratie » municipale, qui consiste à quémander, et la ligne d’action qui lui vient le plus naturellement : prendre. En nous faisant vivre le travail de ce mouvement anarchiste de l’intérieur, ce livre ouvre une fenêtre sur les aspirations et les craintes qui animent un groupe issu d’un mouvement mal compris des médias, sur ses dilemmes et sur les compromis que l’action collective lui impose.
Bâtiment 7 est l’histoire, fertile en rebondissements, de l’improbable victoire d’un mouvement dont l’action est souvent perçue comme purement obstructive.
La Pointe libertaire, collectif anarchiste fondé en 2005, milite dans Pointe-Saint-Charles en faveur de l’autogestion et contre les tentatives néolibérales
visant à agrandir le centre-ville de Montréal en colonisant le quartier.
Marcel Sévigny, auteur de Trente ans de politique municipale et de Et nous serions paresseux ?(Écosociété, 2009) sera le porte-parole de La pointe libertaire.