Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Féminisme

Briser les chaînes des oppressions

Discours du Centre des femmes d’ici et d’ailleurs à la manif de l’OPDS dans le cadre de la Semaine de dignité des personnes assistées sociales

C’est en plein ras-le-bol général que les femmes d’ici et d’ailleurs manifestent aujourd’hui leur colère et leur grogne contre un gouvernement corrompu, entêté, pourri, à court d’arguments, farfelu, condescendant et méprisant. Contre un gouvernement qui s’entête à ne pas écouter sa population, qui est dans la rue depuis 13 semaines pour dire non aux hausses de frais de scolarité ! Non au capitalisme ! Non à la privatisation et au démantèlement de nos services publics ! Contre une idéologie qui s’acharne à nous dire que nous n’avons pas le choix de couper, que nous ne pouvons taxer les entreprises, que c’est à toutes et tous de payer « leur juste part ». Une idéologie menée par la recherche du profit à-tout-prix, qui se base sur l’exploitation et la domination.

Charest, Beauchamp, Boulet, on en a assez des chaînes et des prisons que vous vous entêtez à construire pour tenter de nous contenir, de nous opprimer. Un chèque d’aide sociale de 589 $ par mois, pour une femme seule, c’est une prison ça ! Comment on fait pour se sortir de la pauvreté, de la survie, avec 589 $ par mois ? Et c’est pas une prison ça, pour les mères cheffes de famille, le fait que les pensions alimentaires soient encore comptabilisées aujourd’hui comme un revenu déductible de leur chèque d’aide sociale ? Une pension alimentaire c’est pas un revenu ! C’est pour les enfants ! Et être un mère monoparentale sur l’aide sociale, ça aussi c’est une prison ! Recevoir 8,58 $ de plus par mois pour un enfant, c’est une vraie joke ! Il faut faire sauter ces barreaux de prison ! Pis c’est pas vrai qu’y’en a pas d’argent ! Des salaires annuels de millions de dollars par année pour des pdg d’entreprises ? Des profits annuels de milliards par année pour Hydro-Québec ? Des milliards de profits pour les banques ? Des voleurs à cravate ! Il nous faut une réelle répartition de la richesse. C’est pour ça qu’on revendique un revenu digne et décent. C’est un droit pour toutes et tous ! On ne veut pas de votre charité ! Votre charité qui enlève notre dignité, qui nous réduit à devoir quémander des miettes. Quand on est sur l’aide sociale, on doit toujours quémander pour avoir nos remboursements pour nos déplacements, pour avoir plus de soins, pour nos lunettes ; quémander pour avoir des miettes !

Et, en ce moment, on est plus dans un État policier que dans un État de droits. Jusqu’à maintenant, c’est plus de 1 500 personnes qui ont été arrêtées dans le mouvement étudiant, au premier mai anticapitaliste et à Victoriaville contre le conseil général du Parti libéral. Arrêtées pourquoi ? Parce qu’elles défendaient nos droits sociaux, parce qu’elles revendiquaient un monde de justice sociale. On en a assez de votre répression et de votre judiciarisation des problèmes sociaux ! C’est pas en nous matraquant, en nous tabassant, en nous tirant des balles de soi-disant caoutchouc, en nous arrêtant, en nous aspergeant de gaz irritant, de gaz lacrymogène et de poivre de cayenne que vous allez nous décourager à nous tenir debout, à sortir dans la rue pour faire reconnaître nos droits ! Non ! Au contraire, c’est comme ça que vous nous rendez encore plus en colère et encore plus solidaires. Grâce à votre brutalité et à votre répression, vous rendez nos mouvements plus forts ! Le Centre des femmes d’ici et d’ailleurs participera à la grève sociale le 15 mai prochain pour crier haut et fort que ça ne peut plus continuer ainsi ! Nous vous invitons à faire de même.

Aujourd’hui, nous nous levons ensemble pour briser ces chaînes qui nous écrasent ; nous faisons éclater les tie-wraps que vous nous mettez aux poignets ; nous faisons fondre toutes ces balles de « caoutchouc » que vous nous tirez dessus. Vous pourrez toujours vous démener à construire des systèmes d’oppression qui nous écrasent et nous assujettissent ; nous, les femmes d’ici et d’ailleurs, toujours nous résisterons. Et résolument, nous nous battrons jusqu’au bout pour construire ensemble une société où toutes peuvent vivre dans la dignité, la justice et l’égalité. Nous vaincrons !

Nous crions haut et fort !

Mujeres, unidas, jamás serán vencidas !

Ce n’est qu’un début, continuons le combat !

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