À la suite d’une perte de transferts fédéraux de l’ordre de 145 M$, la direction générale de Services Québec pour la région de Montréal a pris la décision de mettre fin au financement de nombreux organismes en employabilité de la région alors que les besoins ne sont pas moins importants, au contraire. Cette décision aura de lourdes conséquences.
Le président de la Fédération des syndicats de l’action collective (FSAC-CSQ), M. Juan-José Fernandez, est abasourdi : « Comment est-il possible d’appliquer une logique purement comptable et établir unilatéralement de nouveaux critères et cibles toujours plus restrictifs qui viennent brimer l’accès aux services pour de nombreuses personnes en situation précaire ? Des groupes communautaires ancrés dans leur communauté depuis des décennies risquent tout simplement de disparaître en laissant un trou béant dans les services. La fin du financement fédéral devrait être une occasion pour le gouvernement du Québec de renouveler son engagement auprès des organismes en compensant la perte des transferts. »
Des dizaines d’organismes touchés
Seulement sur l’île de Montréal, plus d’une dizaine d’organismes qui œuvrent en employabilité et en insertion sociale ont été rencontrés par Services Québec, leur principal bailleur de fonds, lequel leur a annoncé que le financement allait significativement diminuer, voire qu’il prendrait fin. Pour les organismes Le Boulot vers… et le Carrefour Relance, cela signifie qu’ils devront ni plus ni moins fermer leurs portes et mettre à pied leurs employés.
La promesse du gouvernement du Québec de soutenir les organismes « confrontés à gérer la décroissance » soulève l’ire des travailleuses et des travailleurs du secteur communautaire.
Comme le remarque à juste titre la première vice-présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Nadine Bédard-St-Pierre : « Il est tout à fait inconcevable pour nous qu’un ministère puisse évoquer un concept telle la gestion de la décroissance en référence à des organismes communautaires qui souffrent de sous-financement chronique et doivent au surplus gérer des problèmes sociaux de plus en plus nombreux et complexes. S’il y a bien une chose qui soit en croissance avec ce gouvernement de la CAQ, ce sont les problèmes sociaux ! »
Aux frais des travailleuses et des travailleurs du communautaire
Au Carrefour jeunesse-emploi de Verdun, les salariés tentent de trouver une solution dans ce contexte de coupes, mais demeurent estomaqués de la décision de Services Québec.
« Nous sommes récemment sortis d’un renouvellement de convention collective qui nous a permis de faire des gains importants et d’atteindre enfin un revenu viable. Par contre, en raison des coupes annoncées, nous allons devoir inévitablement réduire nos heures de service à la population. Comment voulez-vous sortir nos clientèles de la précarité quand la seule idée de pouvoir joindre nous-mêmes les deux bouts est impensable ? Au final, on a l’impression de reculer, qu’on se moque de nous, de notre travail et de l’impact positif de celui-ci sur notre communauté. Les représentants de l’employeur sont collaboratifs et transparents, mais ils sont menottés par les décisions de Québec. » - William Primeau, délégué syndical du Carrefour jeunesse-emploi de Verdun
Finalement, la liste des organismes communautaires et des différents services essentiels touchés par des coupes ne fait par ailleurs que s’allonger sous le gouvernment de la CAQ. Le CALACS de Longueuil est d’ailleurs sur le point de fermer, faute d’un renouvelement de financement adéquat. Plusieurs organismes en intégration de personnes immigrantes et de demandeurs d’asile se voient aussi impactés. La CAQ a également suspendu le Programme d’adaptation de domicile (PAD), ce que déplore d’ailleurs l’organisme Ex Aequo, qui se consacre à la promotion et à la défense des droits des personnes ayant une déficience motrice.
Des choix politiques
« Après des décennies de politiques néolibérales qui visaient à externaliser plusieurs de nos services publics dans des organismes communautaires afin de pouvoir les dispenser à moindres coûts, et ce, aux frais des travailleuses et des travailleurs, nous voilà maintenant au dernier degré du déboulonnement du modèle québécois, un gouvernement de millionnaires qui ferment les derniers maillons du filet social de nos communautés », de conclure Laurent Thivierge, secrétaire général de la Fédération des syndicats de l’action collective (FSAC-CSQ).
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