Édition du 23 avril 2024

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Le mouvement des femmes dans le monde

De Trump à Deneuve, la liberté à l’épreuve

tiré de : Entre les lignes et les mots 2018 - 4 - 27 janvier : notes de lecture, textes, pétitions et lien

Publié le 21 janvier 2018

Au moment où, en France et suite à l’affaire Weinstein, les femmes devraient tolérer la « liberté d’importuner » des hommes, les Mexicains, Haïtiens et Africains dans leur ensemble, devraient accepter celle de Trump. En effet, le Président des États-Unis, en parfait accord avec ses soutiens – les suprématistes blancs et les néo-nazis –, nie le racisme exprimé lors de ses dernières déclarations – Haïti, le Salvador et les pays d’Afrique sont des « pays de merde » –, et de ce fait continue à ancrer ses interventions publiques dans un arsenal rhétorique conservateur, rétrograde, voire fasciste. Celui-ci consiste à inverser les rôles, les agresseurs (racistes) devenant les victimes, démunis de leurs droits à vivre pleinement leurs convictions – tout comme « les hommes » dans la tribune dite « Deneuve » signée par cent femmes en France. D’un côté, les étrangers seraient inférieurs, sales, pauvres, violeurs, corrompus, incarneraient une menace pour le territoire, viendraient polluer la « santé mentale » chrétienne américaine, de l’autre, les féministes nieraient la difficulté des hommes à assouvir leurs pulsions sexuelles, s’inscriraient dans un mouvement de censure ou de délation, selon une démarche totalitaire. Les étrangers comme les féministes représenteraient ainsi des entraves à la « liberté ».

L’intérêt de ces deux mouvements réactionnaires, en empruntant une forme défensive, réside paradoxalement dans la reconnaissance implicite de l’existence de l’offensive : racisme et levée de boucliers contre la prise de parole des femmes sur les violences sexuelles (#MeToo, #BalanceTonPorc). On assiste, par libéralisme débridé interposé, à une véritable dialectique de violence, mettant en scène dans les deux cas un masculinisme politique en pleine expansion : en contexte néolibéral et postcolonial occidentalisé, les dirigeants ou porte-paroles (institués ou autoproclamés) des États négocient en effet les rapports sociaux de sexe, de classe et de race en permanence et beaucoup choisissent le terrain ostensible de la sexualité pour ce faire. Au cœur de leurs discours, le sexisme et le racisme ordinaires se doublent du recours régulier au registre du masculinisme, c’est-à-dire la victimisation des hommes et sa banalisation, à des échelles nationales et non individuelles. Les enjeux sont de taille : augmentation et légitimation des violences, aggravation de l’écart entre droits et réalité quotidienne, appauvrissement épistémique par amalgames interposés. Les « incidents » étatsuniens et français récents en sont de très bons exemples.

Joelle Palmieri, 19 janvier 2018

https://joellepalmieri.wordpress.com/2018/01/19/de-trump-a-deneuve-la-liberte-a-lepreuve/

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