Édition du 16 avril 2024

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Le mouvement des femmes dans le monde

Des Espagnoles descendent massivement dans la rue pour contrer les féminicides

Des manifestations spontanées ont eu lieu vendredi dans toute l’Espagne pour rejeter la violence sexiste, après que le corps d’une fillette de six ans nommée Olivia ait été retrouvé par les équipes de recherche au fond de la mer au large de l’île canarienne de Tenerife.

tiré de : Entre les lignes et les mots 2021 - Lettre n°25 - 20 juin : Notes de lecture, textes, pétitions

Olivia et sa sœur Anna, âgée d’un an, avaient disparu depuis le mois d’avril et on suppose qu’elles ont été tuées par leur père, Tomás Gimeno. Le suspect dans cette affaire a appelé la mère des fillettes le jour de leur disparition pour lui dire qu’elle ne les reverrait jamais.

Dans le centre de Santa Cruz de Tenerife, environ 800 personnes sont venues protester vendredi soir. « Nous sommes tristes, nous sommes indignées », ont déclaré Saray et Verónica, deux étudiantes en droit qui étaient présentes. À quelques kilomètres de la place, le navire Ángeles Alvariño a poursuivi ses recherches pour retrouver le corps d’Anna. La majorité des personnes qui sont venues exprimer leur répulsion face à ces meurtres étaient des jeunes femmes.

Au cours de la seule semaine du 17 mai, cinq femmes ont été tuées dans des affaires de violence sexiste en Espagne. L’une de ces victimes était enceinte, tandis qu’un enfant est également décédé dans ce type d’incident. Plus de la moitié du total des meurtres liés à la violence de genre en 2021 ont eu lieu depuis la mi-mai. Depuis 2013, ce sont 41 enfants et 1 096 femmes qui ont perdu la vie depuis 2003 dans de tels incidents.

« Nous avons besoin d’une éducation féministe dès le plus jeune âge pour combattre cette violence, parce que ces hommes ne sont pas fous ou malades, ce sont des fils sains du société patriarcale. » Marta Carramiñana, manifestante

Les manifestantes ont été poussées à descendre dans la rue après la mort d’Olivia et d’Anna, et en soutien à leur mère, Beatriz. Mais elles l’ont fait également au nom de Rocío Caíz, 17 ans, tuée par son ex-copain, avec qui elle avait eu un bébé de quatre mois. Son assassin l’a massacrée à Estepa, à Séville, puis est parti se payer une bonne nuit de sommeil. Quelques jours plus tard, le jeudi soir, il a avoué le meurtre.

« Ils nous assassinent et nous voulons rester en vie  », a déclaré Marta Carramiñana, 31 ans, membre du Mouvement féministe de Madrid et du Mouvement de la journée des femmes 8-M. Ce ne sont que deux des dizaines d’organisations qui ont canalisé la colère vue sur les médias sociaux dans les manifestations de vendredi. « Nous avons besoin d’une éducation féministe dès le plus jeune âge pour combattre cette violence, car ces hommes ne sont pas fous ou malades, ce sont des enfants sains d’une société patriarcale », a-t-elle expliqué.

Des milliers de femmes sont sorties dans les rues des capitales espagnoles, mais aussi des petites villes et des villages. À Madrid, environ 2 000 personnes ont bravé la pluie pour manifester à la Puerta del Sol, au centre de la ville. La foule était principalement composée de femmes, mais il y avait aussi des hommes et des enfants. « J’ai vraiment mal », a déclaré Inés Monroy, 67 ans, qui portait dans une pochette en plastique une pancarte disant « Rocio, Olivia, Anna. Quand cela va-t-il s’arrêter ? Combien y en aura-t-il ? »

À l’autre bout du pays, à La Corogne, en Galice, Pilar, 80 ans, était en tête de la manifestation. « J’ai divorcé en 1988 à cause de violences psychologiques et j’ai souffert de l’hypocrisie de la société », a-t-elle expliqué. «  J’ai même cessé de me confesser, car le prêtre m’a dit que je devais supporter cette violence. Je ne pense pas que nous ayons évolué. Nous avons Vox [le parti d’extrême droite], qui veut que les femmes retournent à la maison. »

À Barcelone, environ 600 personnes sont sorties pour protester selon la police locale, en criant des slogans tels que : « Les féministes sont là ! » La plupart étaient des jeunes, comme Luca, une résidente locale de 18 ans. « C’est scandaleux, tous ces décès depuis le début de l’année. C’est un scandale », a-t-elle déclaré.

Depuis quelques mois, la question de la violence sexiste occupe une place de choix dans le discours public. La personnalité médiatique Rocío Carrasco, par exemple, est apparue à la télévision pour décrire en détail les abus qu’elle dit avoir subis de la part de son ex-mari. Cette semaine également, le chanteur de flamenco Diego El Cigala a été arrêté après avoir été dénoncé pour violences physiques et psychologiques par sa compagne. « Les femmes veulent toujours de l’argent », a-t-il déclaré aux journalistes à sa sortie de prison. Ses propos ont suscité des réactions de révolte à un moment où l’affaire des jeunes filles disparues à Tenerife suscite l’indignation générale.

«  Nous ne mourons pas, ils nous tuent ! » ont scandé les manifestants à San Sebastián, au Pays basque, vendredi soir. La manifestation s’est terminée par des cris de « Pas une [victime] de plus », et par des appels à la justice. À Valence, plus de mille personnes ont répondu à la manifestation spontanée. Parmi elles, José Fernández, un étudiant de 21 ans. « Nous sommes ici pour exprimer notre solidarité et dénoncer les fémicides », a-t-il expliqué. « C’est une violence sexiste. »

Reportages de : Guillermo Vega (Tenerife), Margot Molina (Seville), Javier Arroyo (Granada), Marta Pinedo(Madrid), Carlos Garfella (Barcelona), Caridad Bermeo (Santiago), Sonia Vizoso (A Coruña), Mikel Ormazabal (San Sebastián), Nacho Sánchez (Málaga), Ferrán Bono (Valencia) and Juan Navarro (Valladolid).

Traduit par Simon Hunter et TRADFEM

https://tradfem.wordpress.com/2021/06/16/les-espagnoles-descent-dans-la-rue-pour-contrer-les-feminicides/

Tous droits réservés au journal El Pais.

Spontaneous demonstrations spring up across Spain in outrage over gender violence cases

https://english.elpais.com/society/2021-06-14/spontaneous-demonstrations-spring-up-across-spain-in-outrage-over-gender-violence-cases.html ?

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