Édition du 23 avril 2024

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Féminisme

Des attentes élevées pour le 3e plan d’action en matière d’agression sexuelle : pas le droit de décevoir

La Fédération des femmes du Québec (FFQ) présente aujourd’hui un mémoire dans le cadre d’une commission portant sur la lutte aux agressions sexuelles. La participation à cette commission s’inscrit dans une démarche pour donner suite aux milliers de dévoilements d’agressions à caractère sexuel et au débat public engendré par le mouvement #AgressionNonDénoncée et #BeenRapedNeverReported. Devant l’ampleur de la violence sexuelle vécue par les femmes, la FFQ enjoint le gouvernement à se doter d’un plan d’action ambitieux pour s’attaquer au cœur de ce phénomène qui prend racine dans des rapports sociaux de sexe inégalitaires.

La violence sexuelle fait partie d’un continuum de la violence sexiste qui inclut le harcèlement de rue, la misogynie, la violence conjugale, l’exploitation sexuelle d’autrui, le mariage forcé, les actes lesbophobes, etc. Cette violence est produite, tolérée et reproduite au sein de la famille, dans les institutions et même par les États. « Lutter contre les violences sexuelles exige de reconnaître que cette violence prend forme dans les inégalités entre les femmes et les hommes et que ces agressions se conjuguent à d’autres structures de pouvoir telles que le colonialisme, le racisme, l’hétéronormativité, la transphobie ou encore la xénophobie. Il ne s’agit pas d’un problème individuel, il faut donc agir pour transformer les structures de pouvoir qui produisent et renforcent les inégalités », souligne Alexa Conradi, présidente de la FFQ.

L’ampleur du phénomène des agressions sexuelles témoigne de la force d’une véritable culture qui banalise cette violence sexuelle, nie l’ampleur du phénomène, tolère les pratiques sexistes et rejette la responsabilité sur les personnes agressées. « Pour renverser cette culture qui encourage un type de masculinité recherchant la domination des femmes, il faut trouver les moyens de tenir les agresseurs responsables de leurs gestes et de favoriser de nouvelles pratiques et cultures dans les institutions de la société et de l’État, qui remettent en question les rapports de pouvoir en place », ajoute Mme Conradi. Parce que cette culture se conjugue à d’autres formes de discrimination, il importe que le gouvernement tienne compte des obstacles spécifiques qui se dressent devant les femmes, lorsque vient le temps de dénoncer une agression à caractère sexuel. Le mémoire propose donc un ensemble de recommandations pour contrer les agressions sexuelles en milieu universitaire, au travail, dans les métiers non traditionnels, entre autres, et pour lever les barrières systémiques et institutionnelles à la dénonciation.

Pour lutter concrètement contre les agressions à caractère sexuel, le gouvernement a un rôle à jouer pour prévenir et transformer les mentalités. Afin de tenir compte du caractère genré et social de la violence sexuelle, il importe de développer un programme d’éducation sexuelle qui favorise des relations saines et égalitaires par la déconstruction des stéréotypes, des systèmes d’oppression et des rapports de pouvoir dans la société. Le gouvernement doit également renforcer son soutien envers les différentes organisations féministes qui accueillent et accompagnent les femmes victimes d’agressions sexuelles et qui sensibilisent et mobilisent la société pour la transformer les mentalités et les pratiques.

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