Édition du 5 novembre 2024

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Océanie

En Australie, la victoire des travaillistes donne espoir aux écolos

Dans un pays ravagé par les mégafeux, le travailliste Anthony Albanese, nouveau Premier ministre, donne de l’espoir aux Australiens soucieux d’écologie.

Tiré de Reporterre.

Voilà neuf ans que le parti libéral (droite conservatrice) était aux manettes. En Australie, le parti travailliste (centre gauche) a finalement retrouvé le pouvoir ce samedi 21 mai, après la lourde défaite de son principal adversaire lors des élections législatives. Le candidat progressiste Anthony Albanese hérite du poste de Premier ministre, en lieu et place du climatosceptique Scott Morrison, dont l’inaction face au changement climatique était largement critiquée par les Australiens.

Au pays des mines de charbon, des mégafeux, et alors que d’importantes inondations ont marqué le début d’année 2022, quelle politique climatique mènera le gouvernement travailliste ?

L’Australie est l’un des principaux émetteurs de CO2 par habitant dans le monde. Et pendant de nombreuses années, la politique menée par le gouvernement de Scott Morrison ne laissait en rien présager une réduction des émissions suffisante pour respecter les Accords de Paris. Dans son programme, le Parti libéral visait, à l’horizon 2030, une réduction de seulement 26 à 28 % des émissions de CO2 du pays par rapport aux niveaux de 2005. Le Parti travailliste propose, lui, un programme plus ambitieux : une réduction d’environ 45 % d’ici 2030.

« Il a une politique plus progressiste que le Parti libéral mais son programme est fait pour limiter le réchauffement climatique à 2 °C, quand les ambitions internationales sont de le limiter à 1,5 °C », précise tout de même à Reporterre Cassandra Star, experte en politique environnementale et directrice du groupe de recherche sur les politiques en matière de climat et de durabilité de l’Université Flinders, à Adelaïde, en Australie-Méridionale. Dans un pays encore largement dépendant des combustibles fossiles, le nouveau Premier ministre sait que sa politique énergétique sera scrutée. Il a affiché ses ambitions dès le 24 mai, à Tokyo. Lors de sa rencontre avec le président américain Joe Biden, lors d’un sommet, il a affirmé « la nécessité de faire de l’action globale contre le changement climatique un nouveau pilier » de l’alliance Australie-États-Unis.

Faire de l’Australie une « superpuissance des énergies renouvelables »

L’Australie est encore le principal exportateur de charbon au monde. Des exportations qui rapportent environ 50 milliards de dollars par an (31 milliards d’euro), et qui représentent 50 000 emplois directs et 120 000 emplois indirects en Australie, selon Minerals Council of Australia, qui représente les grands groupes miniers australiens.

Lors de son discours annonçant sa victoire, le 21 mai, Anthony Albanese déclarait vouloir « saisir l’opportunité pour faire de l’Australie une superpuissance des énergies renouvelables ». Aujourd’hui encore, l’énergie australienne repose à 93 % sur l’énergie fossile (pétrole à 37 %, charbon à 28 % et gaz à 27 %), et à seulement 7 % sur l’énergie renouvelable. « Une partie du programme climatique des travaillistes consiste à soutenir et construire une capacité nationale d’énergie renouvelable. Et c’est un bon plan pour commencer à travailler vers une économie post-carbone », poursuit Cassandra Star. Qui précise toutefois que le gouvernement n’a pas encore pris de position claire sur l’interdiction de nouveaux projets miniers ou sur le démantèlement de sites.

Succès des « petits » candidats plus écolos

Une chose est sûre, à l’issue des élections, les questions du climat et de l’environnement seront plus présentes que jamais au gouvernement et au Parlement. Les candidats du parti des Verts et les « teal independents » — des « indépendants », majoritairement des femmes défenseuses de l’environnement —, ont obtenu des sièges et largement assuré leur présence à la Chambre des représentants et au Sénat. Ce mardi 24 mai, alors que le compte des votes n’est pas encore tout à fait terminé dans certaines circonscriptions, le Parti travailliste n’est toujours pas assuré d’obtenir la majorité absolue. Dans le cas d’une majorité relative, le parti devrait s’allier avec plusieurs sièges pour gouverner, notamment Verts ou indépendants.

Quoi qu’il arrive, « il y a des alliances à prévoir avec eux », assure Cassandra Star. « Et une politique plus ambitieuse sur le climat sera l’un des prix à payer. » Le Parti travailliste pourrait être contraint de revoir sa politique sur le climat à la hausse. Verts et indépendants visent notamment une réduction « entre 60 % et 75 % des émissions de CO2 » d’ici 2030, précise Cassandra Star.

Léo Roussel

Journaliste pour Reporterre.

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