Édition du 26 mars 2024

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États-Unis

États-Unis : y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2008, Obama a mené une politique limitée de soutien à l’économie. Celle-ci a été qualifiée de timorée, notamment par le prix Nobel d’économie Paul Krugman qui a mis en cause à la fois les limites quantitatives des mesures de soutien et leur composition  : une partie des sommes était consacrée à des allège­ments d’impôt peu efficaces pour conte­nir le chô­mage.

Dans le même sens, ont été critiqués la faiblesse des mesures de régulation bancaire, les limites de la réforme de la santé et le manque de protection des ménages victimes des saisies immobilières. Certes, la croissance est repartie depuis le 4e trimestre 2009, mais son rythme est insuffisant pour faire baisser le taux de chômage. Celui-ci a même recommencé à augmenter et s’est établi à 9, 8 % en novembre 2010.

La crise a entraîné une forte progression du déficit budgétaire américain  : 9, 1 % du PIB en 2010. Ce déficit a été un des principaux axes de campagne des républicains qui n’ont toujours pas digéré l’élection d’Obama à la présidence. Dans le même temps, Obama s’est avéré incapable de mobiliser une partie des couches populaires et des jeunes qui l’avaient soutenu, il y a deux ans. Les élections du 2 novembre dernier ont donc été marquées par une victoire des républicains parmi lesquels les éléments les plus à droite sont à l’offensive.

Le résultat est un curieux découplage entre la Fed (la Banque centrale américaine) et les autorités politiques. Le président de la Fed, Ben Bernanke, multiplie les déclarations sur la fragilité de la situation et la nécessité de lutter contre le chômage. Le 2 novembre der­nier, la Fed a décidé de racheter pour 600milliards de bons du Trésor émis par l’État américain. Cela équivaut à créer de la monnaie et à faciliter la distribution de crédit à un taux modéré aux entreprises et ménages américains. Le problème est qu’il n’est pas certain que les Américains vont se remettre à consommer et investir. Et ces dollars supplémentaires peuvent très bien alimenter la spéculation tout en faisant baisser le dollar.

Mais, du moins la Fed, avec les instruments qui sont les siens, veut apporter un soutien à la conjoncture. Par contre, le résultat des élections de novembre empêche toute action gouvernementale cohérente. Les républicains sont revenus avec un mot d’ordre central  : réduire le déficit budgétaire tout en mainte­nant les mesures de baisses d’impôt en faveur des contribuables les plus riches. On reconnaît là une parenté certaine avec la démarche de Sarkozy en France... Obama a fait des concessions majeures  : d’abord, le blocage des salaires des fonctionnaires pour deux ans  ; puis l’acceptation de la prolon­gation intégrale des réductions d’impôt de Bush et l’étude d’une mesure d’allègement de l’impôt sur les successions. En échange de ces deux dernières mesures, le président a obtenu la reprise du versement des alloca­tions chômage bloquées depuis fin novembre. Ce «  compro­mis  », qui mécontente une large partie des démocrates, a été conclu le 6 décembre. Dès le lendemain, l’agence de notation Moody’s s’inquiétait de l’impact de la perpétuation des baisses d’impôt sur le déficit budgétaire US  !

(Extrait de Derrière la crise européenne, c’est la crise mondiale qui continue - Henri Wilnon, tiré du site Europe solidaire sans frontières)

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