Hebdo L’Anticapitaliste - 708 (16/05/2024)
Par Dan La Botz
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Columbia Students for Justice in Palestine
Ce mouvement a eu une portée nationale : dans 45 des 50 États américains, il a impliqué 140 campus et a donné lieu à plus de 2 000 arrestations. Ce vaste mouvement non violent, diversifié et décentralisé a été motivé par l’horreur des jeunes face à la guerre génocidaire menée par Israël contre les PalestinienNEs de Gaza. Il s’agit clairement d’un mouvement humanitaire exprimant la solidarité avec les PalestinienNEs, appelant à la fin de la guerre, à l’arrêt de la fourniture d’armes à Israël par les États-Unis et exigeant que les universités cessent d’investir dans l’industrie israélienne de l’armement.
Altruisme des étudiants
De nombreux administrateurs d’université, politiciens et médias — sous la pression du lobby sioniste — ont menti sur les étudiantEs et leurs activités, les qualifiant de pro-Hamas et d’antisémites, voire de terroristes, afin de justifier les violentes interventions de la police qui ont blessé et, dans certains cas, entraîné l’hospitalisation d’étudiantEs et de professeurEs. Depuis les massacres perpétrés par la Garde nationale à Kent State (4 morts) et les meurtres commis par la police à Jackson State (2 morts), tous deux en 1970, nous n’avons pas assisté à une telle violence à l’encontre des étudiantEs protestataires.
Quel altruisme ! Certains étudiants ont mis en péril leur formation universitaire, leur diplôme, leur visa d’étudiant s’ils sont immigrés, et ont risqué leur santé et leur sécurité face aux attaques violentes des sionistes, des organisations de droite et de la police. Les manifestations étudiantes, parfois menées par Students for Justice in Palestine (JSP) et Jewish Voice for Peace (JVP), étaient passionnément opposées à la guerre d’Israël, mais n’étaient pas antisémites.
Chaque campement d’étudiantEs a été différent. Certains ont été gérés et organisés de manière descendante par de petits groupes de dirigeants autoproclamés, tandis que d’autres ont été ouverts et démocratiques, avec de grands comités ou des campements entiers qui prenaient les décisions. La construction et l’entretien des campements, l’achat des tentes, l’approvisionnement en nourriture, l’organisation des groupes d’étude et l’établissement des règles du camp ont absorbé beaucoup de temps, mais ont également créé un sentiment de communauté.
Une conférence pour la Palestine à Detroit le 24-26 mai
Pour la plupart des étudiantEs, c’était la première fois qu’ils participaient à un mouvement social et politique de ce type. Sur certains campus, les étudiantEs se sont engagés dans des actions ultra-gauche qui ont provoqué l’intervention de la police, bien que la police ait également attaqué les groupes les plus pacifiques. Dans d’autres endroits, les étudiantEs ont entamé des négociations avec les administrateurs de l’université. Certains de ces administrateurs ont fait des promesses, plus symboliques que significatives, pour apaiser les étudiantEs et mettre fin aux manifestations.
Les Jeunesses socialistes démocratiques d’Amérique (YDSA) et quelques autres militants socialistes ont été actifs aux côtés du JSP et du JVP, mais la gauche n’a pas joué un rôle dominant. La plupart des mouvements n’ont pas eu le temps de discuter en profondeur des questions politiques centrales. Les groupes n’ont pas pris position sur la nature du sionisme, sur la politique de la résistance palestinienne et du Hamas, et sur la question de la relation du mouvement avec la politique américaine et les prochaines élections. Le mouvement n’a pas non plus élaboré de plans clairs pour l’été et encore moins pour le long terme.
Le Palestine Youth Movement, qui a des liens avec le Parti du socialisme et de la libération (une organisation campiste), a appelé à une conférence du peuple pour la Palestine à Detroit du 24 au 26 mai 2024. Reste à savoir s’il s’agira d’une conférence démocratique capable de représenter la diversité sociale, culturelle et politique du mouvement. Ce mouvement étudiant, comme d’autres dans le passé, aura un impact énorme sur la vie de ceux qui y ont participé, sur les organisations impliquées et sur l’avenir de la gauche américaine.
Traduction Henri Wilno
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