Édition du 23 avril 2024

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Mouvement syndical

FRANCE : Grève générale le 29 janvier

Le mécontentement qui gronde partout en France a rendez-vous le 29 janvier, pour s’exprimer le plus puissamment possible lors de la journée interprofessionnelle de grève et de manifestations. Il s’agit de faire de cette journée un mouvement d’ensemble de tous les travailleurs, précaires, chômeurs, jeunes, une grève générale qui prenne une dimension politique, celle de la contestation du gouvernement Sarkozy, entièrement dévoué aux fauteurs de crises, les patrons et les financiers.

Le 29 sera la journée de convergence de toutes les mobilisations et des luttes pour dire que nous refusons de payer la crise. L’appel est lancé par la CGT, la CFDT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, l’Unsa, Solidaires et la FSU.

Ce sera l’occasion que se retrouvent, dans l’unité, les éboueurs d’Orléans en grève pour une augmentation de salaire, les futurs licenciés de chez DMC à Illzach (Haut-Rhin) et Mulhouse, les conducteurs SNCF de Saint-Lazare comme de Nice-Menton, avec tous leurs camarades cheminots, les salariés des équipementiers automobile Visteon ou Valeo, menacés de licenciements, ceux d’ArcelorMittal, où le chômage partiel annonce 1400 licenciements, ceux de Lafarge à Seyssuel (Isère) en grève pour s’opposer à un plan de licenciements, ceux aussi de l’usine PSA de Rennes, qui connaîtront huit jours de chômage supplémentaires en février, ceux de Sochaux, où l’équipe de nuit vient d’être supprimée, les postiers en lutte contre la privatisation et la dégradation des conditions de travail et les salaires de misère, tous ceux qui, hospitaliers ou enseignants, défendent leurs conditions de travail, leurs salaires et le service public, les jeunes des lycées qui, en défendant leur avenir, défendent celui de toute la société…

Cette convergence des mécontentements, c’est aussi la convergence des exigences. Et c’est bien de cela qu’il s’agit de discuter dans toutes les réunions de militants, les assemblées générales pour préparer la mobilisation. Les directions des organisations syndicales en ont bien eu conscience, en lançant une « Déclaration commune de propositions et de revendications », mais leurs « mesures urgentes » sont bien en deçà des besoins. Les travailleurs ont toute légitimité à revendiquer 300 euros pour tous et qu’il n’y ait pas de salaires inférieurs à 1 500 euros. Il n’y a aucune raison d’accepter les licenciements, qui n’ont d’autre but que de permettre aux patrons de sauvegarder leurs profits ou à l’État de faire des économies. Il faut interdire les licenciements, garantir à tous un emploi en partageant le travail existant et en embauchant dans les services publics. Imposer une augmentation générale des salaires et des retraites, la garantie d’un revenu et d’un travail pour toutes et tous. Voilà des exigences qui unifient toute la classe ouvrière, avec ou sans travail.

« Comme toujours en France, on ne regarde pas à l’intérieur du moteur ce qui se passe, on dit “il faut plus” », a eu le cynisme de répondre Sarkozy aux demandes des hospitaliers. Alors que dans tous les hôpitaux, l’heure est aux suppressions de postes, Sarkozy prétend résoudre la crise du système hospitalier en transformant les médecins en managers !

« L’idée d’accorder des facilités de crédit aux entreprises est une bonne idée », se félicite-t-il en s’apprêtant, comme Merkel en Allemagne, à ouvrir aux patrons des crédits garantis par l’État. Pour les patrons et les banques, il faut toujours plus, pour les travailleurs, c’est toujours trop. Eh bien, il faut changer de logique. Il faut prendre sur les profits pour garantir un revenu et un emploi pour tous. Cela suppose de ne pas craindre de s’en prendre à la propriété privée, en plaçant sous le contrôle de l’État et de la population les banques et le crédit, en fermant le casino des financiers spéculateurs, la Bourse.

Sarkozy prétend que « la crise du capitalisme financier n’est pas la crise du capitalisme », pour s’en prendre à l’anticapitalisme, « la politique de la table rase ». « On doit moraliser le capitalisme et non pas le détruire », s’exclame-t-il ! Mais qu’est-ce donc le capitalisme, sinon le pouvoir de la finance sur l’économie et toute la société ? C’est bien ce pouvoir sans limite, antidémocratique, cette dictature qui est responsable de la crise globale et mondiale que connaît la société. C’est bien lui qui doit en payer les frais.

Le gouvernement sent le mécontentement du monde du travail. Le ministre de l’Éducation, Xavier Darcos, celui qui souhaitait ne pas être « le ministre de l’hésitation nationale », a dû reculer et suspendre la contre-réforme des lycées. Il a dû aussi faire une première concession aux enseignants du primaire à propos des Rased (enseignants spécialisés). Oui, le gouvernement n’est pas en position de force, pour peu que nous réussissions à surmonter les divisions, syndicales, entre secteurs, entre privé et public, pour unir nos forces autour d’un véritable programme pour les luttes.

Les jeunes qui ont su poursuivre leur mouvement après le premier recul de Darcos, les enseignants qui seront dans la rue le 17 janvier, les multiples luttes qui ont lieu dans tout le pays préparent le rendez-vous du 29. C’est un rendez-vous de mobilisation, de discussion, d’organisation, pour préparer la suite.

Yvan Lemaitre

Tiré de Rouge n° 2282, 15/01/2009

Mots-clés : France Mouvement syndical

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