Édition du 30 avril 2024

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Israël - Palestine

Gaza : comprendre aujourd’hui en regardant hier

La trêve est suspendue. En seulement 24 heures, les bombardements ont fait 700 victimes de plus à Gaza. Surtout, encore une fois, enfants, femmes et vieillards.

Ovide Bastien, professeur retraité du Collège Dawson

Israël, disent les uns, est en train de commettre un génocide. Non, disent les autres, Israël ne fait que se défendre à la suite du massacre du 7 octobre. Impossible d’éviter les dommages collatéraux lorsque le Hamas n’hésite pas à utiliser enfants et femmes comme boucliers humains. Et ce, dans une des régions les plus densément peuplés du monde.
Au lieu de tenter de me prononcer sur un débat qui fait rage présentement, je vais rappeler quelques conclusions de l’enquête que menait les Nations unies à la suite de l’invasion de Gaza par Israël du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009.1 Lectrices et lecteurs pourront décider si ces conclusions facilitent leur compréhension du conflit actuel.

Le blocus qu’impose Israël sur la bande de Gaza depuis 2005 constitue, affirme ce rapport, « une punition collective infligée intentionnellement par le gouvernement d’Israël à la population  ». Ses effets sont on ne peut plus dévastateurs : « l’économie de Gaza est épuisée, le secteur de la santé assiégé et la population dépend de l’aide humanitaire pour survivre et mener sa vie quotidienne. Hommes, femmes et enfants souffrent psychologiquement d’une pauvreté, d’une insécurité et d’un sentiment d’impuissance qui durent depuis longtemps. »

«  Plusieurs mesures adoptées par Israël en Cisjordanie pendant et après les opérations militaires à Gaza,  » poursuit le rapport, «  renforcent également le contrôle d’Israël sur la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et illustrent une convergence d’objectifs avec les opérations militaires à Gaza. Ces mesures comprennent une augmentation des expropriations foncières, des démolitions de maisons, des ordres de démolition et des permis de construire dans les colonies, des restrictions d’accès et de mouvement plus importantes et plus formelles pour les Palestiniens, de nouvelles procédures plus strictes pour les résidents de la bande de Gaza afin de changer leur résidence pour la Cisjordanie. »

Après avoir rappelé que l’invasion faisait 1,400 victimes à Gaza en trois semaines, le rapport affirme que « les actes des forces israéliennes et les paroles des dirigeants militaires et politiques avant et pendant les opérations indiquent que cela provient d’une politique délibérée de force disproportionnée visant non pas l’ennemi, mais (...) la population civile. »

« Le moment choisi pour la première attaque israélienne, à 11h30 un jour de semaine, alors que les enfants rentraient de l’école et que les rues de Gaza étaient bondées de personnes vaquant à leurs occupations quotidiennes, semble avoir été calculé pour créer la plus grande perturbation et une panique généralisée au sein de la population civile », souligne le rapport. « L’absence répétée de distinction entre combattants et civils semble provenir de directives délibérées données aux soldats, comme l’ont décrit certains d’entre eux, et non de défaillances occasionnelles. » L’attaque était « délibérément disproportionnée et destinée à punir, humilier et terroriser une population civile, à diminuer radicalement sa capacité économique locale à travailler et à subvenir à ses besoins, et à lui imposer un sentiment de dépendance et de vulnérabilité de plus en plus fort.  »

«  Nous avons entendu de nombreux témoignages d’employés d’ONG, de médecins, d’ambulanciers, de journalistes et d’observateurs des droits de l’homme qui, au plus fort des opérations militaires, ont risqué leur vie pour venir en aide aux personnes dans le besoin. Ils ont souvent fait part de leur angoisse de devoir choisir entre rester près de leur famille ou continuer à travailler pour aider d’autres personnes dans le besoin, en étant souvent coupés des nouvelles concernant la sécurité ou l’endroit où se trouvent les membres de leur famille. »

«  Les preuves que nous avons recueillies montrent clairement que la destruction des installations d’approvisionnement en nourriture, des systèmes d’assainissement de l’eau, des usines de béton et des maisons d’habitation provenait d’une politique délibérée et systématique de la part des forces armées israéliennes, » affirme le rapport.
Nous avons découvert « plusieurs incidents au cours desquels les forces armées israéliennes ont utilisé des résidents palestiniens locaux pour pénétrer dans des maisons susceptibles d’être piégées ou d’abriter des combattants ennemis. » Autrement dit, on les a utilisés comme « boucliers humains »
.

«  Nous avons constaté de nombreux cas d’attaques délibérées contre des civils et des biens civils (individus, familles entières, maisons, mosquées) en violation du principe fondamental de distinction du droit international humanitaire, faisant des morts et des blessés graves.  »
« Israël a essentiellement violé son obligation de permettre le libre passage de tous les envois de matériel médical et hospitalier, de nourriture et de vêtements nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires urgents de la population civile dans le contexte des opérations militaires, » affirme le rapport.

«  Le tir d’obus au phosphore blanc sur le complexe de l’UNRWA dans la ville de Gaza est l’un de ces cas où les précautions n’ont pas été prises dans le choix des armes et des méthodes d’attaque et où ces faits ont été aggravés par un mépris insouciant des conséquences. L’attaque intentionnelle de l’hôpital Al Quds à l’aide d’obus d’artillerie hautement explosifs et l’utilisation de phosphore blanc à l’intérieur et autour de l’hôpital ont également violé les articles 18 et 19 de la quatrième convention de Genève. En ce qui concerne l’attaque contre l’hôpital Al Wafa, nous avons constaté une violation des mêmes dispositions... »

« Les pratiques dures et illégales de l’occupation, » souligne le rapport, « loin d’étouffer la résistance, l’alimentent, y compris dans ses manifestations violentes. Nous croyons que la fin de l’occupation est une condition préalable au retour d’une vie digne pour les Palestiniens, ainsi qu’au développement et à une solution pacifique au conflit.  »

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