Édition du 10 décembre 2024

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Amérique centrale et du sud

Haïti : le Conseil présidentiel, 100 jours après : un bilan d’échec

Alors que les habitants de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince (AMP) et du département l’Artibonite continuent de subir l’assaut de la fédération des gangs Viv Ansanm, le Conseil présidentiel (CP) et le gouvernement Conille s’enlisent dans la nonchalance. Au lieu de mettre en place un plan de sécurité efficace, axé sur les ressources locales, ils se lancent dans une campagne de propagande irresponsable depuis plusieurs mois.

Faisant fi de la réalité catastrophique de la population livrée en pâture à la violence au quotidien, ils multiplient les promesses et des mesures cosmétiques en matière de sécurité qui n’ont jusqu’à aujourd’hui aucune prise sur la réalité du terrain. Soulignons que le temps passé à faire ces promesses et à prendre ces mesures cosmétiques signifie pour plusieurs millions de résidents de l’AMP et de l’Artibonite l’ajout des centaines, voire de milliers nouvelles vies fauchées, de femmes violées, d’hommes et enfants assassinés, etc.

Au nombre de ces mesures, on peut citer, à titre d’exemple, la déclaration de l’état d’urgence touchant 14 communes alors qu’aucun plan d’intervention des forces policières et militaires pour contrer les gangs a été conçu et mis en œuvre. C’est en ce sens qu’au lieu de commencer à repousser les malfrats pendant l’état d’urgence et de reprendre sous son contrôle les régions que ces derniers occupaient, la police a concédé d’autres territoires à la fédération des gangs Viv Ansanm, comme l’illustrent récemment l’occupation et les massacres des membres de la population de Ganthier et Gressier. En clair, l’État et la force publique ne font que multiplier des communiqués dans les médias et réseaux sociaux, sans se préoccuper de la mise en place concrète d’une stratégie de lutte pour résoudre le problème du banditisme, en instituant par exemple le Conseil de Sécurité.

Par ailleurs, un autre événement marque les 100 jours du Conseil présidentiel : l’accusation de corruption à l’égard de Gerald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin, trois membres du Conseil présidentiel. Une accusation, portée par le président du Conseil de l’administration de la Banque nationale de crédit (BNC) M. Raoul Pierre Louis, accusation qui n’a pas donné lieu jusqu’à maintenant à une sérieuse investigation par le gouvernement Conille, alors même que la lutte contre la corruption aurait dû constituer l’un des piliers de ce gouvernement de transition, comme le préconise l’Accord du 3 avril. De plus, ce qui est extrêmement grave, immédiatement après l’accusation, M. Pierre Louis a été démis de ses fonctions En effet, l’accusateur a été révoqué alors qu’aucune mesure n’a été prise pour mettre les présumés corrompus à la disposition de la justice. Le CP et le gouvernement refusent d’obtempérer aux revendications des organisations de la société civile demandant le remplacement des présumés corrompus. Alors que des milliers de survivant.e.s sont contraint.e.s de fuir leur milieu de vie pour se réfugier dans des camps d’infortune, les gouvernants semblent prioriser la consolidation des pratiques de spoliation des ressources de l’État.

Il faut également souligner que ce climat d’insécurité larvée a des conséquences socio-économiques graves dont une insécurité alimentaire grandissante pour une bonne partie de la population. Or, si le gouvernement ne fait qu’aborder le problème de l’insécurité à coups de communiqués et de mesures cosmétiques, rien n’est dit sur ces problèmes sociaux rampants. Au contraire, le pillage des maigres ressources de l’État continue comme cela a été le cas dans le passé.

Fort de ces constats, nous, organisations haïtiennes de la diaspora, condamnons l’attitude irresponsable du Conseil présidentiel (CP) et du gouvernement Conille dans le maintien du chaos social dans le pays. Nous exigeons la mise en place d’un plan de sécurité efficace pouvant mettre fin au climat de terreur des gangs dans les différentes communes de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince et de l’Artibonite. En lieu et place de la propagande et des déclarations creuses, nous demandons le retrait immédiat des présumés corrompus dans le Conseil présidentiel de manière à faciliter le bon déroulement de l’enquête sur le dossier de la BNC. De plus, il est essentiel que l’Accord du 3 avril soit non seulement officialisé et publié dans le journal le Moniteur, mais également mis en application sans délai par le gouvernement de transition. Enfin, nous saluons, avec consternation, la mémoire des milliers de citoyens, de citoyennes assassiné.e.s dans l’indifférence totale du gouvernement et du Conseil présidentiel. Nous appelons les classes populaires et les paysans, les paysannes à poursuivre la mobilisation pour la restauration de la sécurité dans le pays et l’élaboration d’un État de droit. Nous exhortons les forces progressistes tant à l’intérieur du pays que dans la diaspora à soutenir les justes revendications du peuple haïtien.

Chaque jour qui passe dans ce climat délétère constitue un véritable calvaire pour la population. Dans cette situation d’urgence, chaque minute compte. Le gouvernement de transition est responsable de mettre en application le plus tôt possible l’Accord du 3 avril et de tout faire pour prendre les mesures nécessaires et adéquates pour lutter contre le banditisme.

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L’Initiative Citoyenne de New York est un groupe de réflexion et un espace de rencontre patriotique sur la situation alarmante d’Haïti, une nation mise aujourd’hui à genou. Nous constatons, comme le font d’autres organisations de compatriotes en Haïti et en diaspora, que notre pays est au bord du gouffre. Corruption, insécurité, impunité, kidnappings, violence, assassinats, ingérence étrangère, aggravent au quotidien une situation de paupérisation accrue et nous préoccupent profondément.

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