Nicous D’Andre Spring était un jeune homme noir de 21 ans. Il était un poète et un artiste talentueux, un fils, un oncle, un frère, un mentor et un ami pour beaucoup. Nicous s’est investi dans des centres pour jeunes tels que West Haven, le YMCA-NDG TeenZone, J2K, et le Rec. Le 20 décembre 2022, Nicous a été arrêté par des agents du SPVM. On ne sait pas exactement pourquoi il a été arrêté en premier lieu, mais étant donné la longue histoire du profilage racial, il n’est pas déraisonnable de supposer que cela a pu être un facteur dans son arrestation et sa détention.

Le ministère de la Sécurité publique du Québec (MSP) a confirmé que Nicous Spring était censé être libéré de Bordeaux après une enquête sur le cautionnement tenue le 23 décembre. Cependant, Nicous a été détenu illégalement un jour de plus parmi d’autres détenus qui auraient dû être libérés. Il n’avait pas été jugé ou condamné pour un crime, comme 75% des détenus dans les centres de détention provinciaux en attente de procès et considérés comme innocents jusqu’à preuve du contraire.

Les détails de sa mort restent inconnus, mais il est clair qu’il a été menotté, agressé et aspergé de gaz poivré à plusieurs reprises alors qu’il portait un masque à crachat après s’être plaint d’être détenu illégalement. Par la suite, Nicous a succombé à ses blessures aux mains des agents correctionnels, ce qui a entraîné sa mort au centre de détention de Bordeaux la veille de Noël.

« La mort de Nicous est comme la fumée d’un feu ardent dans les établissements correctionnels de tout le Canada, l’abus de pouvoir est répandu et les personnes impliquées dans sa mort doivent être inculpées. » Svens, défenseur de la réforme des prisons

« Aucune mère ne devrait avoir à enterrer son enfant. Les mères noires ne devraient pas avoir à vivre dans la crainte de l’appel téléphonique déchirant que la mère de Nicous et tant d’autres mères noires reçoivent pour leur annoncer qu’elles ont perdu leur fils aux mains cruelles de l’État. Nous nous battrons pour Nicous, et pour sa famille qui a perdu son bien-aimé ».Nanre Nafziger, membre de la communauté et parent.

Il est également connu que plus largement :

· En novembre 2022, l’Enquêteur correctionnel du Canada a révélé que les préoccupations et les obstacles systémiques, y compris la discrimination raciale rampante, les stéréotypes et les préjugés, sont aussi répandus et persistants que jamais dans les prisons fédérales. Selon le rapport, les prisonniers noirs représentent 9,2 % de la population carcérale totale, alors qu’ils ne constituent qu’environ 3,5 % de la population canadienne globale.

· Plus d’un tiers d’entre eux sont de jeunes hommes noirs âgés de 18 à 30 ans. L’enquête a également révélé que les prisonniers noirs étaient plus susceptibles d’être surreprésentés dans les établissements à sécurité maximale, d’être impliqués dans des "incidents de recours à la force", d’être transférés contre leur gré, d’être placés à l’isolement, d’être accusés par l’établissement et d’être considérés comme présentant un "risque élevé".

· Au cours de cette enquête, les prisonniers noirs ont relaté leurs expériences de discrimination, de traitement différentiel, de stéréotypes, de préjugés raciaux et d’utilisation constante d’un langage désobligeant ou raciste par le personnel du SCC.
https://www.cbc.ca/news/politics/canada-black-indigenous-prisoners-overrepresentation-1.6636962

· Ce n’est pas un hasard. Le racisme n’est pas seulement endémique dans ces systèmes - le maintien de l’ordre et les prisons sont intrinsèquement racistes et violents. L’absence de surveillance au sein du département correctionnel est délibérée. Ils savent que ces systèmes continueront à nuire aux Noirs et à les tuer de manière disproportionnée. Ces schémas perdurent depuis des décennies et sont à la base des institutions policières et carcérales. Il n’y a pas de maintien de l’ordre sans violence contre les Noirs et les Autochtones.

· Selon une étude de 2021, les services correctionnels du Québec regroupent les détenus par couleur de peau : claire, pâle, moyenne et foncée. Cette classification discriminatoire n’est utilisée nulle part ailleurs au Canada.
https://montreal.ctvnews.ca/researcher-discovers-government-document-listing-quebec-inmates-by-skin-colour-1.5670564

En tant que membres de la Communauté noire et du Comité d’action du
printemps de Justice pour Nicous, nous exigeons :

1. Que le gouvernement du Québec et le Service correctionnel du Québec mettent en place un conseil de surveillance civile auquel ne participent ni la police, ni les agents correctionnels, ni aucune autre branche de la sécurité de l’État (actuelle ou ancienne).

2. Une reconnaissance et des excuses complètes de la part de la Ville de Montréal, du SPVM et du Service correctionnel du Québec.

3. Que les citoyens soient impliqués dans le processus d’enquête.

4. Que les témoignages et les résultats des enquêtes des prisonniers qui étaient présents lors de la mort de Nicous soient rendus publics.

5. Les images de la mort de Nicous soient intégralement diffusées et mises à la disposition de sa famille, conformément à leur demande.

6. Les agents impliqués dans la mort de Nicous et le superviseur chargé de les surveiller doivent être licenciés et poursuivis dans toute la mesure permise par la loi, et leurs noms doivent être rendus publics.

7. Les raisons de l’arrestation de Nicous et de son maintien en détention illégale doivent être explicitement exposées et rendues publiques.

8. Qu’il soit mis fin immédiatement à la surpolice des communautés noires, autochtones et immigrantes racialisées de Montréal, et que les fonds consacrés à cette surpolice soient affectés à des services
communautaires tels que des centres pour jeunes, des centres d’aide aux victimes de viol, des services de logement, des initiatives de sécurité alimentaire et des infrastructures.

9. La fin de l’utilisation des masques à crachat par les agents correctionnels.

10. La fin du profilage racial et de l’incarcération disproportionnée des personnes de descendance africaine dans les prisons québécoises et canadiennes.