Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Kidnapping politique

Ce mardi 15 mai, 18 personnes sont montées à bord d’un autobus jaune à Montréal en direction du cégep Lionel-Groulx à Sainte-Thérèse. Elles voulaient soutenir la lutte contre une injonction qui obligeait l’administration du cégep à donner ses cours malgré le vote de grève des étudiants et étudiantes.

À peine passé Laval, quatre voitures de la Sûreté du Québec ont intercepté l’autobus et l’ont détourné vers un de leurs postes. Un policier est entré et a donné l’ordre de sortir un par un. À aucun moment, la police n’a répondu lorsque ces personnes cherchaient à savoir si elles étaient en état d’arrestation. Dirigées dans une cellule, elles ont été fouillées, ainsi que leurs sacs, par une police incapable de leur lire leurs droits ou les informer sur la situation. Ce n’est qu’à la sortie des premières personnes que celles encore à l’intérieur de l’autobus ont su qu’en fait, elles n’étaient pas en arrestation, mais « seulement détenues ». La police, harassée de questions, a fini par invoquer l’article 31 du Code criminel. Celui-ci permet, sous motifs raisonnables, de détenir des personnes s’apprêtant à violer la paix. Mais aucun « motif raisonnable » n’a pu sortir de la bouche d’une police visiblement embêtée de faire face à des personnes connaissant leurs droits.

Sous interrogation, elles ont été identifiées et questionnées sur leurs occupations et leurs intentions, ce à quoi elles n’avaient absolument pas à répondre. Après ces interrogatoires aberrants et un délai supplémentaire de près d’une heure, la police a finalement cessé sa séquestration. Les « détenu-e-s » se sont engagé-e-s à ne pas aller vers le cégep Lionel-Groulx et se sont fait escorter par quatre autos-patrouille jusqu’au métro Côte-Vertu.
Aucun motif raisonnable n’a justifié l’application de l’article 31 pour la simple raison qu’il n’y en avait aucun possible. La SQ le savait très bien. Elle cherchait tout simplement à empêcher des citoyen-ne-s d’exercer leurs droits et à continuer à ficher le mouvement étudiant. Aucune excuse ne justifiait un tel geste. La police démontrait ainsi clairement qu’elle est au-dessus des lois, des droits et du simple bon sens. Elle n’hésite pas à utiliser tous les moyens pour faire peur aux gens.

Ironiquement, voyant les évènements survenus dernièrement, ces personnes ont eu malgré tout la chance de ne pas se faire matraquer, poivrer, gazer, blesser. Clairement, l’incapacité à dénouer la crise étudiante s’enlise dans la logique d’un État policier. Nous tenons à saluer la détermination de tous ceux et celles qui ne reculeront pas devant cet arsenal de la peur pour défendre nos droits et par la même occasion, leur réitérer notre entière solidarité.

François Marcil, étudiant à la maîtrise en histoire, UQAM
Vanessa Gauthier Vela, étudiante à la maîtrise en science politique, UQAM

Mots-clés : Québec

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