Édition du 16 avril 2024

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La Prairie, un nouveau Laval ? Québec doit agir d’urgence pour protéger un milieu humide essentiel (Nature Québec)

Québec, 11 juin 2012 — Le gouvernement du Québec doit agir
d’urgence pour la protection d’un milieu humide essentiel à la
survie et au rétablissement de la rainette faux-grillon à La Prairie
en Montérégie. Ce milieu, connu sous le nom de Bois de la Commune,
est menacé à très court terme par un projet de
développement résidentiel. Nature Québec craint la
répétition à La Prairie d’un scénario typique
à la Ville de Laval, soit la destruction d’un habitat exceptionnel au
profit d’un développement résidentiel. « Nous demandons
au ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet, de retirer le
premier certificat d’autorisation sur la base d’informations nouvelles
concernant le déclin de cette espèce et sur le fait que la Ville de
La Prairie n’a pas respecté ses engagements. Il y va de la protection
d’un habitat lié directement à la survie et au
rétablissement d’une espèce en péril, la rainette
faux-grillon », selon Christian Simard, directeur général de
Nature Québec.

Pour Nature Québec, le ministre dispose depuis 2011 d’un nouveau
pouvoir, qu’il n’avait pas dans le dossier du grand marais 33B à
Laval qui a été détruit par le promoteur Giuseppe Borsellino
au début des années 2000, plus de 10 ans après
l’émission du certificat d’autorisation. L’article 115.10
de la Loi sur la qualité de l’environnement prévoit que « 
le gouvernement ou le ministre peut modifier, suspendre, révoquer ou refuser
de renouveler un certificat d’autorisation » dans certaines situations
qui, selon Nature Québec, s’appliquent à La Prairie, qui a
déjà détruit et altéré des secteurs
prévus pour fins de conservation à même son certificat.
Situation qu’elle a elle-même reconnue.

Nature Québec a récemment obtenu copie d’un compte-rendu de la
dernière rencontre de l’équipe de rétablissement de la
rainette faux-grillon de l’ouest au Québec. Les experts, qui composent
cette équipe, reconnaissent que les mesures de protection et de compensation
actuellement prévues pour ce qui reste de la métapopulation du bois
de la Commune à La Prairie n’offrent pas les garanties
nécessaires pour assurer sa survie et compromettent le rétablissement
de l’espèce. Sur la base de cette information nouvelle et du
non-respect de certains engagements, Nature Québec croit que Québec
peut et doit agir. Le ministre du Développement durable, de
l’Environnement, de la Faune et des Parcs peut également
évoquer, s’il veut vraiment protéger la rainette faux-grillon,
les articles 26, 27 et 56 de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune.

Ottawa traite l’urgence avec beaucoup de… lenteur

C’est le deuxième appel d’urgence que lance Nature Québec
depuis un mois. Le 15 mai dernier, l’organisme demandait au ministre
fédéral de l’Environnement, Peter Kent, de faire adopter un
décret d’urgence en vertu de l’article 80 de la Loi sur les
espèces en péril, afin de protéger l’habitat de survie
de la rainette faux-grillon dans le bois de la Commune, à La Prairie.

Nature Québec n’a toujours pas obtenu de réponse à ce
jour quant aux intentions du gouvernement fédéral. Une demande
semblable faite par une citoyenne de La Prairie, le 26 mars dernier, n’a
également fait l’objet d’aucune réaction officielle.
Nature Québec faisait ressortir dans sa demande que la population de
rainette a déjà subi des pertes supérieures à 50 %
depuis le début des années 1990 et la destruction de cet habitat
compromettrait directement sa survie.

La demande au ministre Kent, signée par Christian Simard, directeur
général de Nature Québec, se terminait par un appel pressant :
« Nous vous demandons donc de préparer rapidement un décret
à être adopté d’urgence par le Gouverneur en conseil et
d’y prévoir la désignation de l’habitat qui est
nécessaire à la survie ou au rétablissement de
l’espèce dans l’aire visée par le décret,
c’est-à-dire à La Prairie, et d’inclure dans ce
décret des dispositions interdisant les activités susceptibles de
nuire à l’espèce et à cet habitat ».

Nature Québec n’exclut aucun recours pour faire valoir le droit
à un environnement de qualité. Il espère cependant que
Québec se distingue de l’attitude d’Ottawa et fasse preuve de
leadership dans le dossier, en agissant… rapidement.

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Nature Québec est un organisme national à but non lucratif (OBNL) qui
regroupe plus de 5000 membres et sympathisants et 130 organismes affiliés
œuvrant à la conservation de la nature, au maintien des
écosystèmes essentiels à la vie et à
l’utilisation durable des ressources. Travaillant depuis 1981 au maintien de
la diversité des espèces et des écosystèmes, Nature
Québec souscrit aux objectifs de la Stratégie mondiale de
conservation de l’Union internationale pour la conservation de la nature
(UICN), dont il est membre.

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