Édition du 3 décembre 2024

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25 novembre : contre la violence faite aux femmes

La crise du féminicide en Iran : Comprendre l’urgence du changement

La semaine dernière, deux cas de féminicide ont secoué l’Iran. Tout d’abord, un avocat a assassiné sa femme journaliste, Mansoureh Ghadiri Javi, à coups de couteau et d’haltère. D’autre part, un autre avocat a tué sa femme et son fils avant de mettre fin à ses jours.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Selon le journal iranien « Etemad », au moins 165 cas de féminicides ont été signalés en Iran. Ces cas se sont produits entre juin 2021 et juin 2023. Cela signifie qu’en moyenne, une femme est tuée tous les quatre jours.

En Iran, la violence domestique touche les femmes de toutes les classes sociales et de tous les milieux. Les structures culturelles, sociales et économiques font qu’il est difficile pour les femmes de chercher de l’aide ou d’échapper à ces situations de violence. La peur des conséquences sociales, le manque de soutien et l’ignorance des droits mettent de nombreuses femmes en danger. Les meurtres sont souvent justifiés par l’« honneur », la jalousie ou des conflits familiaux. Ils deviennent mortels en raison des structures sociétales et juridiques qui limitent les sanctions pour ces actes.

Ces cas récents mettent en lumière une tendance inquiétante. Les hommes impliqués auraient dû être des défenseurs de la loi. Au lieu de cela, ils ont été les auteurs de ces actes odieux. Dans les deux cas, il s’agit d’hommes qui, après avoir commis un meurtre, ont également tenté de mettre fin à leurs jours. Il ne s’agit pas d’événements isolés, mais de failles profondes dans la société et le système judiciaire.

Contexte historique du féminicide en Iran

L’histoire du féminicide en Iran s’étend sur plusieurs décennies et est profondément ancrée dans le tissu culturel, social et juridique de la société. Le terme « féminicide » ne désigne pas seulement l’acte de tuer des femmes, mais aussi les systèmes plus larges qui le permettent et l’excusent. En Iran, le féminicide est souvent lié à l’« honneur » ou à la « chasteté », de nombreux meurtres étant justifiés comme des actes visant à restaurer l’honneur de la famille ou à protéger les valeurs de la société. Ces croyances s’appuient sur une culture patriarcale et des lois qui renforcent l’assujettissement des femmes.

Dans les premières années de l’État moderne, les attitudes sociales et les lois faisaient des femmes des personnes à charge au sein des familles, d’abord en tant que filles, puis en tant qu’épouses. Cette dépendance n’était pas seulement le reflet de normes culturelles, elle était également inscrite dans le cadre juridique iranien. Les lois placent la vie et le corps des femmes sous le contrôle des hommes de leur famille, principalement les pères, les frères et les maris. Une fille perçue comme déshonorant sa famille pouvait être « corrigée » par la violence, y compris la mort, et dans de nombreux cas, ces actions étaient soit justifiées, soit ignorées par la loi et la société.

Au fil des ans, quelques magazines et publications consacrés aux questions féminines ont mis en lumière ces cas. Ils ont documenté d’innombrables cas de féminicides. Les rapports des années 1980 et suivantes révèlent une cohérence effrayante. Les femmes ont continué à subir des violences de la part de leur famille. Souvent, elles n’ont que peu de recours juridiques. Les codes juridiques iraniens contiennent des dispositions qui autorisent ou réduisent les peines pour les hommes qui tuent des femmes de leur famille sous prétexte de défendre l’honneur de la famille. Cette indulgence juridique renforce l’intégration du féminicide dans la structure sociale iranienne, le faisant passer du statut de crime individuel à celui de pratique acceptée aux yeux de beaucoup.

L’idée culturelle de « l’honneur » joue également un rôle central dans le féminicide. La perception selon laquelle les actions d’une femme – qu’il s’agisse de sa tenue vestimentaire, de son comportement ou même de ses fréquentations reflètent l’« honneur » de ses parents masculins a historiquement conféré aux hommes une autorité sociale et morale sur la vie des femmes. Les actions « déshonorantes » d’une femme ne sont pas considérées comme les siennes propres, mais comme celles de toute sa famille. Ce concept persiste malgré l’évolution du rôle des femmes dans la société iranienne. Les femmes ont fait des progrès en matière d’éducation, de participation au marché du travail et d’engagement social, mais ces avancées n’ont pas effacé la notion profondément ancrée selon laquelle le comportement d’une femme doit être contrôlé pour préserver l’honneur de la famille.

Ces dernières années, bien que certains amendements aient été apportés à la législation, la structure fondamentale des systèmes juridiques et culturels qui autorisent le féminicide est restée largement inchangée. Les lois iraniennes accordent toujours une grande indulgence aux hommes qui commettent ces crimes, en particulier lorsqu’ils invoquent l’« honneur » ou la « réputation de la famille ». Pour de nombreuses femmes, la menace de la violence continue de peser sur elles, car les protections sociales et juridiques restent insuffisantes. Dans certains cas, ces lois semblent presque encourager le féminicide, en confortant le message que les hommes de la famille ont le droit de décider du sort des femmes sous leur « protection ».

Récits de victimes et de survivantes

L’impact du féminicide en Iran apparaît douloureusement à travers les récits de femmes victimes dont les noms deviennent des symboles d’injustice et de tristesse. Ces histoires ne sont pas seulement des tragédies personnelles ; elles illustrent le poids écrasant des attentes culturelles et familiales sur la vie des femmes. Des femmes comme Tahereh, Romina et d’innombrables autres sont devenues célèbres parce que leur mort, bien que déchirante, souligne les pratiques brutales auxquelles les familles sont prêtes à se soumettre pour préserver l’« honneur ».

Tahereh n’avait que seize ans lorsqu’elle a été victime du sens du déshonneur de sa famille. Son histoire, publiée il y a vingt ans dans un magazine féminin, a choqué les lecteurs par sa froide cruauté. Son père, croyant qu’elle n’était pas vierge lors de sa nuit de noces, a décidé que sa vie avait moins de valeur que la réputation de la famille. Même après qu’un examen médical a prouvé son innocence, son destin a été scellé par la seule accusation. Tahereh a été assassinée par son propre père et son propre oncle, qui voyaient en elle une tache sur l’honneur de la famille. Son histoire, bien qu’écrite il y a des décennies, résonne encore aujourd’hui. La mort de Tahereh n’est pas un incident isolé ; elle est emblématique d’un modèle dans lequel le seul soupçon suffit à justifier l’assassinat d’une femme.

L’histoire de Romina est tout aussi effrayante et plus récente, montrant que le paysage juridique et culturel n’a guère changé. À l’âge de quatorze ans, Romina a tenté de s’enfuir avec un homme qu’elle aimait. Son père l’a trouvée et, malgré les appels à la protection de Romina, les autorités l’ont renvoyée chez elle, persuadées que son père ne lui ferait pas de mal. Quelques jours plus tard, il lui a ôté la vie dans un horrible acte de meurtre « d’honneur », utilisant une faucille pour la décapiter dans leur propre maison. La mort de Romina a provoqué un choc et une vague d’horreur en Iran, notamment parce qu’elle avait cherché de l’aide, craignant exactement ce qui se passerait si elle retournait auprès de son père. Le système l’a laissée tomber, la renvoyant dans un environnement où sa vie était menacée.

Ces histoires mettent en lumière la dynamique brutale du pouvoir et du contrôle au sein des familles iraniennes et l’immense pression sociale exercée pour se conformer aux valeurs traditionnelles. Dans les deux cas, la loi a été impuissante à prévenir la violence ou à rendre justice après coup. De nombreux féminicides ne sont jamais rapportés en détail, cachés derrière des portes closes ou considérés comme des affaires privées et familiales. Le silence qui entoure ces affaires découle non seulement de la peur des représailles, mais aussi de la croyance profondément ancrée que l’honneur de la famille l’emporte sur le droit d’un individu à vivre librement.

Certaines femmes qui ont survécu à des agressions violentes portent des cicatrices physiques et psychologiques à long terme, mais leur voix est souvent ignorée. De nombreuses survivantes ne peuvent pas parler ouvertement de leur expérience sans risquer leur sécurité ou de renforcer la honte de leur famille. Dans les rares cas où les survivantes se manifestent, elles révèlent une société peu encline à compatir avec les femmes qui ont « déshonoré » leur famille. Malgré le traumatisme qu’elles subissent, les survivantes se retrouvent souvent ostracisées, qualifiées de « souillées » ou de « déshonorantes » pour des actions qui peuvent être aussi simples que de choisir son propre partenaire ou de rejeter des coutumes restrictives.

À travers ces récits, il apparaît clairement que le féminicide en Iran n’est pas simplement une série d’incidents isolés ; il est le reflet d’une culture omniprésente qui considère les femmes comme des réceptacles de l’honneur familial, à protéger ou à punir selon ce que les hommes jugent bon. Pour chaque Tahereh ou Romina, il y en a d’innombrables autres dont les noms et les histoires restent inconnues, leurs voix réduites au silence au nom de la tradition. Leurs récits, qu’elles soient victimes ou survivantes, soulignent l’urgence d’une réforme juridique et d’un changement culturel visant à reconnaître les droits inhérents des femmes à vivre sans crainte.

Rôle de la famille et de la communauté dans le féminicide

En Iran, la famille et la communauté jouent un rôle crucial dans la perpétuation du cycle du féminicide. Le féminicide est rarement considéré comme un acte de violence individuel ; il s’agit souvent d’une expression collective des attentes sociales, des valeurs familiales et de la pression de la communauté. Lorsque les femmes défient ou semblent défier les normes acceptées, en particulier sur les questions de sexualité et d’autonomie, elles ne sont pas seulement considérées comme des déceptions individuelles pour leur famille. Au contraire, elles sont perçues comme une menace pour le statut social de la famille et sa réputation au sein de la communauté.

En Iran, la cellule familiale est traditionnellement considérée comme une structure sacrée, dont les membres ont des rôles stricts. Les femmes et les filles sont souvent considérées comme porteuses de « l’honneur » de la famille, les hommes étant considérés comme les gardiens de cet honneur. La notion d’honneur est profondément liée au comportement, à l’apparence et aux relations d’une femme, ce qui la rend sujette à un examen minutieux de la part non seulement de sa famille proche, mais aussi de sa famille élargie et de ses voisin·es. Les hommes, en particulier les pères, les frères et les maris, se sentent tenus de surveiller la conduite des femmes de leur famille et sont censés prendre des mesures s’ils perçoivent une menace pour la réputation de la famille. Dans ce contexte, la communauté renforce souvent ces attentes, en faisant directement ou indirectement pression sur les familles pour qu’elles contrôlent les femmes « rebelles » ou « désobéissantes ».

La pression communautaire peut amplifier l’intensité de ces attentes. Les familles peuvent se sentir obligées de prendre des mesures extrêmes, comme le féminicide, pour éviter la honte publique. Dans de nombreux cas, des ami·es, des voisin·es et même des parent·es éloigné·es peuvent suggérer ou encourager des mesures punitives à l’encontre des femmes considérées comme ayant déshonoré la famille. Cet état d’esprit collectif considère que l’« honneur » doit être préservé à tout prix et que toute menace, réelle ou imaginaire, est rapidement punie. Par exemple, dans le cas de Romina, son père aurait été confronté à des critiques incessantes de la part des voisin·es et des parent·es qui le condamnaient pour avoir permis à sa fille de fréquenter l’homme de son choix. Lorsqu’il l’a finalement tuée, nombre de ces mêmes membres de la communauté ont considéré qu’il s’agissait d’un acte de discipline nécessaire plutôt que d’un crime.

Le rôle de la communauté ne s’arrête pas à l’acte de violence lui-même. Après un féminicide, les membres de la communauté peuvent se rallier à l’auteur, le considérant comme quelqu’un qui a courageusement défendu l’honneur de la famille. Les voisin·es et les proches peuvent même soutenir ou justifier publiquement ses actes, renforçant ainsi l’idée qu’une telle violence est une réponse acceptable à la transgression perçue d’une femme. Dans les cas où le tueur risque des poursuites judiciaires, certain·es membres de la communauté peuvent prôner l’indulgence, minimisant ainsi encore la gravité du crime. Ce type d’approbation collective normalise la violence à l’égard des femmes et décourage les autres familles de remettre en question ou de rejeter l’idée de l’« honneur » comme justification de la maltraitance.

La famille et la communauté créent ensemble un environnement dans lequel les femmes sont vulnérables à la violence si elles sortent des rôles socialement acceptés. La présence de ces normes culturelles fait qu’il est presque impossible pour les femmes d’échapper aux rôles qui leur sont assignés sans risquer d’être blessées. Les attentes de la famille et de la communauté créent un système de surveillance constante autour des femmes, chaque aspect de leur vie – éducation, travail, amitiés, mariage – étant dicté par la nécessité de préserver l’honneur de la famille. Cette dynamique n’est pas propre aux zones rurales ou conservatrices ; même dans les communautés urbaines et progressistes, les concepts d’honneur et de honte jouent un rôle important dans l’organisation de la vie des femmes, bien que de manière moins visible.

Dans ce réseau complexe d’attentes familiales et communautaires, la vie et les choix des femmes sont sévèrement limités. Tout acte de défiance ou de désobéissance est considéré comme une tache sur l’honneur de la famille qui doit être « nettoyée ». La pression écrasante exercée sur les femmes pour qu’elles se conforment aux règles et les conséquences du non-respect de ces règles révèlent à quel point la famille et la communauté peuvent dicter la vie et la mort des femmes en Iran, ce qui est effrayant. Pour de nombreuses femmes, la possibilité de liberté est éclipsée par la menace constante et imminente de la violence, qui leur rappelle que leur vie ne leur appartient pas entièrement.

Implications juridiques et lacunes

Le droit iranien joue un rôle essentiel dans le maintien des conditions qui permettent au féminicide de perdurer. Alors que les lois sont théoriquement destinées à protéger les citoyen·nes, certaines lacunes et certains codes juridiques permettent en fait aux hommes qui commettent un féminicide d’être impunis ou, à tout le moins, d’être moins punis. Ces lacunes juridiques créent un environnement dans lequel les auteurs de féminicides peuvent agir dans une relative impunité, sachant que la loi est plus susceptible de les protéger que de les obliger à rendre des comptes.

L’un des aspects juridiques les plus problématiques est le concept de « défense de l’honneur » inscrit dans le droit iranien. L’article 630 du code pénal iranien autorise un mari à tuer sa femme et son amant s’il les surprend en flagrant délit d’adultère, à condition qu’il soit « certain » que la femme n’a pas été contrainte. La loi part du principe que l’infidélité d’une femme entache l’honneur d’un homme à un point tel cela justifie de lui ôter la vie. Cette clause juridique renforce l’idée que les actions d’une femme impactent directement la réputation de son mari et que la violence est une méthode acceptable pour résoudre les problèmes de déshonneur perçu.

En outre, l’article 220 du code pénal islamique accorde aux pères et aux grands-pères un niveau d’autorité important sur leurs enfants, y compris leurs filles. En vertu de cette loi, un père ou un grand-père paternel qui tue son enfant est exempté de la peine capitale et ne peut être condamné qu’à des peines légères, souvent de quelques années seulement. Cette exception légale, connue sous le nom de « ghesas » (rétribution), implique que les pères ont des droits de propriété sur leurs enfants et peuvent, dans une certaine mesure, décider de leur sort. Cette indulgence dans le cas des soi-disant « crimes d’honneur » envoie un message effrayant à la société : les hommes, en particulier les pères, ont le contrôle ultime sur les membres féminins de la famille, et la loi n’interviendra pas sévèrement, même dans les cas de meurtre.

Ces lacunes illustrent la manière dont le droit iranien ne protège pas les femmes et, dans certains cas, permet activement la poursuite de la violence fondée sur le genre. La loi permet aux hommes d’agir en tant que garants de « l’honneur », leur accordant essentiellement un pouvoir sur la vie et le corps des femmes. De nombreuses et nombreux militants affirment que ces lois sont des vestiges d’un système patriarcal qui considère les femmes comme des biens plutôt que comme des individus dotés de droits. L’absence de sanctions sévères pour le féminicide, en particulier dans les cas où l’honneur est invoqué, encourage les hommes à prendre les choses en main, sachant qu’ils ne subiront que des conséquences minimes.

Cette indulgence juridique est exacerbée par le fait que les juges iraniens disposent souvent d’un pouvoir discrétionnaire important dans l’interprétation de la loi. De nombreux juges interprètent les affaires de crimes d’honneur dans un cadre culturel qui considère la chasteté des femmes comme primordiale. Dans certains cas, les juges peuvent réduire les peines pour les hommes qui prétendent avoir défendu l’honneur de leur famille, indépendamment du fait que la victime ait été reconnue innocente ou coupable de la transgression alléguée. Ce pouvoir judiciaire discrétionnaire se traduit souvent par une réduction des peines d’emprisonnement, une libération conditionnelle, voire un acquittement dans les cas de féminicide.

En outre, l’acceptation sociale de l’honneur comme motif valable de violence affaiblit encore la probabilité d’une réforme. Les efforts visant à modifier le code pénal pour supprimer ou modifier ces dispositions se sont heurtés à une forte résistance, car ces lois sont considérées par certains comme le reflet de valeurs culturelles. Même lorsque des propositions de peines plus sévères sont adoptées, les législateurs conservateurs et les chefs de communautés affirment souvent que de tels changements porteraient atteinte aux valeurs familiales et à l’ordre social. Par conséquent, ces dispositions légales restent largement incontestées, laissant les femmes vulnérables à la violence et à la merci des attentes de la famille et de la communauté.

Le système juridique iranien, au lieu de rendre justice aux victimes, tend à renforcer le contrôle patriarcal. Pour de nombreuses femmes, la loi n’est pas une source de protection, mais un outil qui renforce le pouvoir de ceux qui cherchent à les contrôler. Tant que des réformes juridiques importantes ne seront pas mises en œuvre et que le concept d’honneur ne sera pas intégré au système judiciaire, les femmes continueront à vivre sous la menace de la violence. Ces lois, avec leurs lacunes et leurs justifications culturelles, démontrent à quel point la violence sexiste est profondément ancrée dans le cadre juridique et social de l’Iran.

Justifications culturelles et attitudes sociales

Les croyances culturelles et les attitudes sociales à l’égard de l’« honneur » et de la « chasteté » jouent un rôle immense dans la perpétuation du féminicide en Iran. Dans de nombreuses communautés, la valeur d’une femme est étroitement liée à sa pureté et à son obéissance, et tout écart par rapport à ces attentes est considéré comme une menace directe pour l’honneur de la famille. Ces croyances sont profondément ancrées dans le tissu social, transmises de génération en génération et renforcées par les normes culturelles et les interprétations religieuses. Par conséquent, de nombreuses personnes acceptent la violence à l’égard des femmes comme une réponse légitime au déshonneur perçu.

Dans la société iranienne, le concept d’« honneur » n’est pas simplement une valeur personnelle ; il s’agit d’une valeur publique qui concerne toute la famille et, dans de nombreux cas, la communauté. Les femmes sont souvent considérées comme l’incarnation physique de cet honneur, et leurs actions sont examinées à la loupe car elles reflètent la position morale de leur famille. Les comportements considérés comme « déshonorants » peuvent inclure un large éventail d’actions, allant du choix de ses propres amis ou partenaires à une tenue vestimentaire jugée inappropriée, en passant par le fait de se présenter seule dans les espaces publics. Les femmes sont censées se conformer à des rôles traditionnels qui limitent leur liberté, et toute tentative d’affirmer leur indépendance peut être accueillie avec hostilité ou violence.

Les attitudes sociales à l’égard de l’honneur sont fortement influencées par un mélange de traditions culturelles et d’interprétations religieuses. Ces croyances varient en intensité selon les régions et les communautés, mais le message sous-jacent est le même : le rôle d’une femme est de maintenir la réputation de la famille, et tout manquement à cet égard entraîne de graves conséquences. Par exemple, dans certaines communautés conservatrices, la simple rumeur d’un comportement inapproprié suffit à justifier une punition, que la femme en question ait réellement fait quelque chose de mal ou non. Cette croyance crée un environnement où la vie des femmes est étroitement surveillée et où toute transgression perçue peut avoir des répercussions immédiates et parfois mortelles.

Les interprétations religieuses jouent également un rôle dans la manière dont l’honneur est défini et appliqué. Dans certains cas, certaines interprétations des textes religieux sont utilisées pour justifier le contrôle du comportement des femmes, ainsi que le recours à la violence pour « corriger » ou « punir » les manquements moraux perçus. Bien que ces interprétations fassent l’objet d’un débat entre les spécialistes de la religion, dans la pratique, de nombreuses communautés adhèrent à des points de vue conservateurs qui renforcent le contrôle patriarcal sur les femmes. Cela ajoute une couche de validation religieuse aux croyances culturelles, ce qui rend encore plus difficile le changement de ces attitudes ou la promotion des droits des femmes.

Dans de nombreux cas, les femmes elles-mêmes peuvent intérioriser ces croyances, acceptant leur rôle de porteuses de l’honneur familial et soutenant les normes mêmes qui restreignent leurs libertés. Ce phénomène, connu sous le nom de « misogynie intériorisée », signifie que certaines femmes deviennent également les garantes de ces normes, soit en faisant pression sur les femmes plus jeunes pour qu’elles se conforment, soit en restant silencieuses face à la violence. Cette intériorisation reflète la nature profondément enracinée de ces croyances culturelles, montrant que le contrôle de la vie des femmes s’étend au-delà des actions des hommes à un état d’esprit collectif adopté par la communauté.

Les efforts visant à modifier ces attitudes culturelles se sont heurtés à une forte résistance, car ils sont considérés par certains comme des tentatives d’ébranler les valeurs traditionnelles. Les activistes féministes, les réformateurs set réformatrices sociales et les organisations de défense des droits des êtres humains travaillant en Iran ont tenté de sensibiliser aux droits des femmes et de plaider contre la violence fondée sur le sexe. Toutefois, ces efforts se heurtent souvent à la réaction des conservateurs, qui estiment que ces changements menacent le tissu moral et social de la société. En conséquence, les changements ont été lents, de nombreuses personnes restant convaincues que le comportement d’une femme doit être contrôlé afin de protéger l’honneur de la famille.

L’attachement profond à l’honneur et à la chasteté au sein de la culture sert de justification puissante au féminicide. Dans de nombreux cas, les auteurs de féminicides ne considèrent pas leurs actes comme criminels, mais comme des corrections nécessaires à des manquements moraux. Pour eux, l’acte de tuer une femme qui a « déshonoré » sa famille est perçu comme un rétablissement de l’équilibre, un moyen de récupérer le statut social de la famille. Cet état d’esprit ne déshumanise pas seulement les femmes, il légitime aussi la violence comme solution à des griefs sociaux ou personnels.

Ces justifications culturelles et ces attitudes sociales révèlent à quel point le féminicide est profondément ancré dans le tissu de la société iranienne. Tant que ces attitudes ne changeront pas, les femmes continueront à subir d’énormes pressions pour se conformer à des rôles restrictifs et resteront vulnérables à la violence si elles s’écartent de ces attentes. Pour changer ces croyances, il ne suffit pas de modifier les mentalités individuelles ; il faut transformer les valeurs et les normes qui définissent les rôles des hommes et des femmes, l’honneur et la définition même de la respectabilité dans la société.

Résistance et plaidoyer

Malgré les difficultés, des activistes, des féministes et des défenseurs des droits des êtres humains en Iran travaillent sans relâche pour lutter contre le féminicide.

Ces personnes et ces organisations s’efforcent de sensibiliser l’opinion publique, de faire pression en faveur d’une réforme juridique et d’offrir un soutien aux femmes en danger. Leur travail représente un mouvement en développement en Iran ; elles et ils cherchent à remettre en question les structures culturelles, juridiques et sociales qui favorisent la violence à l’égard des femmes. Toutefois, cette résistance est semée d’embûches, car leur travail se heurte souvent à des réactions négatives, à des restrictions juridiques et à la stigmatisation sociale lorsqu’elles et ils remettent en cause des normes bien ancrées.

L’un des principaux domaines d’action des défenseurs des droits des femmes est la sensibilisation au féminicide et à la violence fondée sur le genre. Par le biais de publications, d’ateliers et de campagnes en ligne, les activistes visent à éduquer le public sur les questions relatives au féminicide, en soulignant qu’il ne s’agit pas d’une question d’honneur familial mais d’une grave violation des droits des êtres humains. Des publications comme le magazine Zanan (Femmes) et son successeur Zanan-e Emruz (Femmes d’aujourd’hui) ont joué un rôle essentiel en documentant les cas de féminicide et en mettant en lumière les réalités auxquelles sont confrontées les femmes iraniennes. En partageant les histoires de victimes comme Tahereh et Romina, ces publications ne se contentent pas d’honorer la mémoire de celles qui ont perdu la vie, mais créent également un dialogue public sur la nécessité d’un changement.

La réforme juridique est un autre point essentiel. Les militant·es affirment que le code pénal iranien doit être révisé afin de supprimer les indulgences pour les violences fondées sur l’honneur et d’appliquer des sanctions strictes pour tous les actes de féminicide. Des propositions ont été faites pour modifier des articles du code pénal, en particulier ceux qui prévoient des peines plus légères pour les pères et les maris qui commettent des actes de féminicide. Toutefois, les efforts de réforme de ces lois se heurtent souvent à la résistance des législateurs conservateurs et des autorités religieuses qui affirment que de tels changements éroderaient les valeurs traditionnelles et saperaient l’autorité de la famille. En conséquence, les progrès en matière de réforme juridique ont été lents, laissant leurs défenseur·es frustré·es mais non découragé·es dans leur quête de justice.

Les organisations de défense des droits des êtres humains, tant nationales qu’internationales, ont contribué à documenter et à signaler les cas de féminicide en Iran. Des organisations telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch ont sensibilisé l’opinion publique mondiale au problème du féminicide en Iran, faisant pression sur les autorités iraniennes pour qu’elles s’attaquent à la violence fondée sur le genre. Toutefois, les militant·es iraniens·ne sont souvent confrontés·e à des restrictions de leur liberté d’expression et de réunion, ce qui rend difficile l’organisation de mouvements à grande échelle. Dans certains cas, celles et ceux qui s’expriment contre le féminicide sont détenu·es ou réduit·es au silence par les autorités, en particulier s’elles et ils sont considéré·es comme s’opposant aux politiques de l’État ou aux valeurs traditionnelles.

Des réseaux de soutien communautaires ont également vu le jour dans le cadre de la résistance au féminicide. Ces réseaux offrent des espaces sûrs pour les femmes en danger, en leur proposant des conseils, des avis juridiques et des abris. Dans les régions où le soutien gouvernemental est limité ou inexistant, ces organisations communautaires servent de bouées de sauvetage aux femmes qui cherchent à échapper à des situations de violence. Bien que leurs ressources soient limitées, ces groupes ont réussi à apporter des changements modestes mais significatifs dans la vie des femmes, leur donnant une chance de retrouver leur indépendance et leur sécurité.

Les médias sociaux sont devenus un outil puissant pour les activistes et les féministes iraniennes, qui peuvent ainsi exprimer leur opposition au féminicide. Des plateformes comme Twitter, Instagram et Telegram permettent aux militant·es de partager des informations, d’organiser des campagnes et de créer des communautés virtuelles de soutien. Les hashtags, les messages viraux et les pétitions en ligne ont amplifié les voix des militant·es des droits des femmes, atteignant des publics à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran. Alors que les autorités surveillent et restreignent souvent l’accès à Internet, les médias sociaux restent un outil essentiel pour sensibiliser et mobiliser le soutien, permettant aux militant·es de contourner les restrictions des médias traditionnels et d’entrer directement en contact avec le public.

La lutte contre le féminicide en Iran n’est pas sans risque. De nombreuses et nombreux militants et activistes sont confrontés à des menaces personnelles, à l’ostracisme social et même à des conséquences juridiques pour leur travail. Cependant, la prise de conscience croissante et l’opposition au féminicide sont un signe encourageant que le changement est possible. Ces efforts, bien que modestes, remettent en question le statu quo et offrent la vision d’un avenir où les femmes sont libérées de la menace de la violence. Chaque campagne, protestation et publication contribue à l’élan d’un mouvement qui cherche à redéfinir l’honneur, à protéger les droits des femmes et à créer une société où chaque individu peut vivre sans crainte.

Analyse comparative avec d’autres sociétés

L’examen du féminicide en Iran par rapport à des cas d’autres pays révèle des facteurs à la fois universels et uniques qui influencent la violence fondée sur le genre. Si les cadres culturels, religieux et juridiques spécifiques peuvent différer, les modèles sous-jacents de contrôle, les valeurs patriarcales et les attentes de la société à l’égard des femmes sont des fils conducteurs qui façonnent souvent les féminicides dans le monde entier. En comparant la situation de l’Iran à celle d’autres pays, nous pouvons mieux comprendre l’ampleur du problème et reconnaître les voies potentielles de changement.

Dans de nombreuses régions du monde, le féminicide est lié à l’« honneur », avec des justifications similaires dans les pays du Moyen-Orient, d’Asie du Sud et d’Amérique latine. Par exemple, dans des pays comme le Pakistan, la Jordanie et l’Afghanistan, les femmes qui sont perçues comme déshonorant leur famille peuvent être victimes de violences, souvent avec des répercussions juridiques limitées pour les auteurs. Dans ces sociétés, comme en Iran, les croyances culturelles renforcent l’idée que les actions d’une femme reflètent la position morale de sa famille et que tout écart par rapport au comportement attendu peut avoir des conséquences fatales. Ici, le contrôle patriarcal et le sens de l’honneur collectif encouragent la violence, tout comme en Iran, et les tentatives de réforme de ces pratiques se heurtent souvent à l’opposition des secteurs traditionnels ou conservateurs.

Les pays d’Amérique latine, en particulier le Mexique, ont également connu une augmentation inquiétante du nombre de féminicides, le terme lui-même ayant été créé par des activistes de la région. Dans de nombreux cas, les féminicides en Amérique latine se produisent dans des contextes de violence domestique ou de crime organisé et, comme en Iran, les femmes de ces régions souffrent souvent d’une négligence systémique. La prévalence du « machisme », une croyance culturelle selon laquelle les hommes ont autorité sur les femmes, est à l’origine d’une grande partie de la violence en Amérique latine, à l’instar de l’influence de l’autorité patriarcale en Iran. Les cadres juridiques des pays d’Amérique latine ont toutefois commencé à évoluer, le Mexique et l’Argentine ayant institué des lois spéciales et créé des unités au sein des forces de l’ordre spécifiquement chargées de lutter contre le féminicide. Bien qu’il reste des défis à relever, ces mesures juridiques représentent des avancées significatives vers la responsabilisation des auteurs et peuvent servir de modèles potentiels pour l’Iran et d’autres pays.

Dans les pays occidentaux, si les crimes d’honneur sont moins fréquents, les féminicides sont souvent liés à la violence domestique, au harcèlement et à la misogynie. Les pays d’Europe et d’Amérique du Nord ont mis en œuvre des lois portant spécifiquement sur la violence domestique et ont progressé dans la criminalisation du féminicide en tant qu’infraction distincte. Par exemple, l’Italie et la France ont toutes deux reconnu que le féminicide était un problème social urgent et ont mis en place des sanctions plus sévères et un suivi des délinquants. Dans des pays comme le Canada et l’Australie, des campagnes populaires ont fait pression sur les gouvernements pour qu’ils améliorent les mesures de protection des femmes, ce qui a permis d’augmenter les ressources allouées aux refuges et aux services juridiques. Ces pays occidentaux proposent également des programmes éducatifs visant à modifier les attitudes sociales en matière d’égalité entre les hommes et les femmes, reconnaissant que les changements législatifs doivent s’accompagner de changements dans la perception culturelle des femmes.

Le contraste entre ces pays et l’Iran met en évidence l’impact des réformes juridiques et de l’activisme social. Dans les pays où les lois ont évolué pour protéger les femmes, les campagnes de sensibilisation et l’éducation communautaire vont souvent de pair avec la législation. Bien que les attitudes sociales ne changent pas du jour au lendemain, un travail de plaidoyer soutenu a démontré qu’il est possible de transformer l’opinion publique sur les droits des femmes et de faire évoluer les normes entourant la violence à l’égard des femmes. Ce changement culturel s’est avéré crucial pour la réduction des taux de féminicide dans les endroits où la sensibilisation et les réformes ont pris racine.

Toutefois, il est essentiel de reconnaître les défis uniques auxquels les activistes iranien·nes sont confronté·es dans leur lutte contre le féminicide. Contrairement à de nombreux pays qui bénéficient d’une presse relativement libre et de moins de restrictions sur l’activisme, l’Iran impose des limitations à la fois à la liberté d’expression et à la liberté de réunion, ce qui rend difficile pour les militant·es de mobiliser un soutien ou d’appeler à des changements juridiques. Les organisations internationales de défense des droits des êtres humains ont noté que l’absence de réforme juridique en Iran est en partie due à ces restrictions, car le gouvernement considère souvent les appels à l’égalité des sexes comme des défis aux valeurs culturelles ou religieuses. Par conséquent, si les expériences d’autres sociétés sont riches d’enseignements, elles soulignent également les obstacles spécifiques auxquels l’Iran est confronté dans sa lutte contre le féminicide à l’intérieur de ses frontières.

Les comparaisons entre l’Iran et d’autres pays illustrent à la fois l’universalité du problème du féminicide et la diversité des approches pour le combattre. Si chaque société possède son propre cadre culturel et juridique, le problème sous-jacent de l’emprise patriarcale est un facteur commun auquel il faut s’attaquer. Pour l’Iran, un changement significatif nécessitera probablement non seulement une réforme juridique, mais aussi un changement des attitudes sociales – une tâche que l’expérience d’autres pays suggère comme étant difficile, mais finalement réalisable avec des efforts et un soutien persistants.

Le rôle des médias et la perception du public

En Iran, les médias jouent un rôle important dans la perception qu’a le public du féminicide et de la violence fondée sur le genre. La façon dont les cas de féminicide sont présentés – ou ignorés – par les médias affecte non seulement l’opinion publique, mais aussi la probabilité d’un changement juridique et culturel. Pendant des décennies, de nombreux cas de féminicide ont été soit minimisés, soit décrits comme des affaires privées et familiales, minimisant ainsi leur impact et occultant la nécessité d’une réforme urgente. Toutefois, certains médias progressistes et journalistes indépendant·es ont cherché à attirer l’attention sur ces cas, en soulignant les problèmes systémiques qui contribuent aux féminicides et en insistant sur la nécessité d’une réponse sociétale.

Dans les médias officiels, la couverture des cas de féminicide est souvent limitée et sélective, en particulier lorsque les cas reflètent mal les normes culturelles traditionnelles ou remettent en question le cadre juridique existant. Il est peu probable que les médias contrôlés par l’État critiquent ouvertement les valeurs patriarcales ou promeuvent des réformes qui pourraient être considérées comme une remise en cause des valeurs conservatrices. Par conséquent, de nombreux cas de féminicides ne sont pas signalés ou sont présentés de manière à renforcer les stéréotypes sur le comportement « déshonorant » des victimes, suggérant subtilement que la violence était justifiée par les actions de la femme. Cette approche façonne la perception du public, ce qui permet à la société d’ignorer l’ampleur de la crise du féminicide ou de l’accepter comme un aspect malheureux mais inévitable de la vie.

Toutefois, les médias indépendants et internationaux ont joué un rôle de plus en plus important en documentant les cas de féminicide et en exposant les réalités de la violence fondée sur le genre en Iran. Ces plateformes ont fourni des rapports détaillés sur des cas individuels, exploré les facteurs sociaux et juridiques en jeu et donné la parole aux survivantes et aux familles touchées par le féminicide. Grâce à ces efforts, les médias indépendants ont réussi à susciter des conversations publiques sur le statut des femmes en Iran, en particulier parmi les jeunes générations qui sont plus susceptibles de soutenir l’égalité des sexes.

Les médias sociaux se sont également imposés comme un outil essentiel de sensibilisation au féminicide, offrant un espace où les activistes et les citoyen·nes ordinaires peuvent partager des informations, exprimer leurs opinions et organiser des campagnes. Des plateformes telles qu’Instagram, Twitter et Telegram ont permis aux défenseurs et aux défenseures des droits des femmes iraniennes de contourner les restrictions imposées par les médias contrôlés par l’État, en utilisant des hashtags, des messages viraux et des pétitions en ligne pour attirer l’attention sur les cas de féminicide. Dans des cas très médiatisés, comme le meurtre de Romina Ashrafi, l’indignation suscitée par les médias sociaux a poussé les autorités à réagir, même si ce n’est que temporairement. Si l’activisme en ligne ne remplace pas les réformes systémiques, il joue un rôle important en façonnant la perception du public, en remettant en question les récits traditionnels et en encourageant la solidarité au sein de la communauté.

Le pouvoir des médias et de la perception du public dans la lutte contre le féminicide réside non seulement dans la sensibilisation, mais aussi dans la remise en question des normes sociétales. Lorsque les médias cessent de traiter les féminicides comme des incidents isolés pour les considérer comme un problème systémique, ils obligent le public à se confronter aux inégalités structurelles qui alimentent la violence fondée sur le genre. Ce changement de discours est essentiel pour créer un climat propice aux réformes juridiques, car un public bien informé est plus enclin à soutenir les politiques qui protègent les droits des femmes.

Néanmoins, l’impact de la couverture médiatique sur la perception du public a ses limites, notamment en raison des lois strictes de l’Iran en matière de censure. Les journalistes indépendant·es et les activistes sont souvent victimes de harcèlement, de détention ou de surveillance pour avoir parlé du féminicide ou défendu les droits des femmes. Dans ce contexte, il est difficile pour les médias de couvrir les cas de féminicide de manière exhaustive ou d’explorer leurs implications plus larges. Malgré ces difficultés, la couverture médiatique reste l’un des outils les plus efficaces pour sensibiliser le public, même si les progrès sont lents et se heurtent à des résistances.

En résumé, on ne saurait trop insister sur le rôle des médias dans l’élaboration de la perception publique du féminicide en Iran. Alors que les médias d’État minimisent souvent le problème, les médias indépendants et sociaux ont fourni des récits alternatifs qui exposent les réalités de la violence fondée sur le genre. En mettant en lumière les histoires personnelles qui se cachent derrière les statistiques et en plaidant pour le changement, les médias et les activistes en ligne contribuent à favoriser la compréhension du public, ce qui pourrait éventuellement conduire à une réforme significative. La perception du public est une force puissante, et lorsqu’elle change, elle a le potentiel de remettre en question des normes culturelles de longue date et d’exiger que la société et le système juridique rendent des comptes.

Perspectives d’avenir et recommandations

La lutte contre le féminicide et la violence sexiste en Iran est profondément liée à la violation systématique des droits des femmes, profondément enracinée dans les lois islamiques qui restreignent les libertés et l’autonomie des femmes. Ces lois renforcent l’inégalité entre les sexes et maintiennent un cadre juridique qui considère les femmes comme subordonnées aux hommes, avec des droits limités en matière de mariage, de divorce, de garde des enfants et d’héritage. Pour de nombreuses femmes en Iran, le système juridique n’est pas une source de protection, mais plutôt un mécanisme de contrôle et d’oppression.

Les restrictions juridiques iraniennes vont au-delà des droits individuels et limitent également fortement la capacité des militantes à s’organiser et à plaider en faveur du changement. La création d’une association, d’une organisation ou d’un parti spécifiquement dédié aux droits des femmes est quasiment impossible en Iran en raison du contrôle strict de l’État et de la crainte de la répression. Les organisations indépendantes de défense des droits des femmes sont souvent considérées comme des menaces pour la sécurité nationale, et les militant·es sont surveillé·es, détenu·es, voire emprisonnés·e pour avoir tenté de lutter contre la violence sexiste ou d’autres injustices sociales. Ce climat de répression empêche les femmes de défendre leurs droits et étouffe les mouvements collectifs qui pourraient apporter des changements sociaux et législatifs.

Compte tenu de ces restrictions importantes et de l’environnement hostile aux militant·es des droits des femmes en Iran, le besoin d’un soutien féministe international est urgent. Le mouvement féministe iranien et les militantes des droits des femmes pourraient bénéficier de la solidarité et du soutien de la communauté féministe mondiale. Les organisations internationales peuvent contribuer à faire connaître les réalités de l’oppression des femmes en Iran, à amplifier la voix des militantes iraniennes et à leur offrir des tribunes où elles peuvent s’exprimer librement. Ce soutien mondial peut exercer une pression internationale sur les autorités iraniennes, les incitant à respecter les droits des êtres humains et à mettre fin à la persécution des défenseur·es des droits des femmes.

Les réseaux féministes internationaux peuvent également fournir des ressources, des formations et des financements pour aider à soutenir le mouvement féministe iranien. Ces ressources pourraient inclure des canaux de communication sûrs, une formation à la sécurité numérique pour protéger la vie privée des militant·es, et un soutien juridique pour celles et ceux qui risquent d’être poursuivis. Grâce à des partenariats, les organisations internationales peuvent renforcer la résilience des militant·es iranien·nes et leur donner les moyens de poursuivre leur travail malgré la répression gouvernementale. Dans un contexte où les efforts locaux sont constamment entravés, le soutien international offre des bouées de sauvetage essentielles et montre aux militant·es qu’elles et ils ne sont pas isolé·es dans leur lutte pour la justice.

En outre, le soutien féministe international peut jouer un rôle en faisant pression sur les dirigeants mondiaux pour qu’ils abordent les violations des droits des femmes commises par l’Iran dans des contextes diplomatiques. Les appels à inclure des conditions relatives aux droits des êtres humains dans les accords commerciaux, les résolutions des organismes internationaux et les déclarations publiques des gouvernements étrangers peuvent tous signaler au régime iranien que le traitement qu’il réserve aux femmes et aux militant·es est inacceptable sur la scène mondiale. Cette forme de pression, associée à la voix des féministes iraniennes, peut amplifier les demandes de changement et obliger l’Iran à rendre compte de ses violations systématiques des droits des femmes.

Le soutien de la communauté féministe internationale n’est pas seulement une question de solidarité ; c’est une action nécessaire pour aider les femmes iraniennes à remettre en question les structures oppressives qui régissent leur vie. En reconnaissant le courage des femmes iraniennes et en amplifiant leurs revendications, le mouvement féministe mondial peut contribuer à démanteler l’isolement imposé par la censure, à soutenir les militantes qui courent de graves risques et à promouvoir un avenir où les femmes iraniennes pourront aspirer à la justice, à l’égalité et à la liberté. La résilience du mouvement féministe iranien, en dépit d’obstacles écrasants, témoigne de l’esprit inflexible de ces militantes. Avec le soutien de la communauté internationale, on peut espérer un avenir où les droits des femmes en Iran ne seront plus systématiquement violés, mais protégés, respectés et célébrés.

Siyavash Shahabi, 18 novembre 2024
https://firenexttime.net/fighting-femicide-activism-and-advocacy-in-iran/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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