Ce geste de la direction est absurde. Si, de l’avis du collège, le contexte complètement débridé de cette journée n’a pas à être pris en compte, si la participation à cette « grève spontanée » mérite des sanctions, on aimerait bien savoir pourquoi seulement six personnes écopent ! À l’évidence, la direction veut être légaliste : alors qu’elle le soit jusqu’au bout et qu’elle sanctionne tout le monde ! En aurait-elle eu peur ou verse-t-elle dans le profilage politique ?
Cette attitude est aussi complètement dénuée de sens politique. Quelques jours avant le premier mai, un texte signé par une brochette de directions générales de cégep a brièvement séjourné sur le web - avant d’être précipitamment retiré. Ce texte dénonçait à bon droit les coupes qui sévissent dans l’enseignement collégial depuis trois ans et qui sont en train d’étouffer le réseau.
La Fédération des cégeps a elle-même protesté à plusieurs reprises contre ces coupes, dont certains éditorialistes s’affairent à diminuer la portée, puisque ,après tout, on ne parle même pas de 10 % du budget des collèges !
Sauf que dans les cégeps, le budget est systématiquement, autour de 70 %, constitué de dépenses incompressibles. La pression sur ce qui reste est énorme et ce sont les centres d’aide à la réussite, les services connexes, le personnel de soutien, des professionnels, les projets de développement et les liens avec la communauté qui écopent. Au Cégep Ahuntsic, les frais afférents exigés des étudiants ont plus que doublé en trois ans !
Au lieu de chercher malhabilement à jouer la ligne dure, au lieu de se résoudre à voir peu à peu s’éroder la capacité de développement des cégeps, la direction de Rosemont devrait avoir le vrai courage de dénoncer elle aussi cet entêtement aveugle du gouvernement à ne regarder les finances publiques que sous l’angle de dépenses à supprimer.