Édition du 17 juin 2025

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Québec

A-t-on vraiment besoin d’une ou d’un « top gun » en éducation au Québec ?

Le 14 février dernier, Marie Michèle Sioui, correspondante parlementaire du Devoir à Québec, a publié un article dans lequel elle rapportait que le Ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) avait lancé un concours visant à combler le poste de direction du futur Institut National d’Excellence en Éducation (INEÉ), afin, éventuellement, d’embaucher ce qu’elle qualifiait d’un nouveau ou nouvelle « top gun » en éducation.

Jacques Désautels
Professeur émérite
Université Laval

Elle rappelait aussi que le projet de création de cet institut avait été loin de faire l’unanimité dans le milieu de l’éducation. C’est, à son avis, à la suite de la recommandation d’un comité confidentiel que le MEQ a donné suite à la mise sur pied d’une structure dédiée à la production de données dites probantes, en vue de repérer les pratiques éducatives fondées sur la recherche. Dans ce contexte, se demander si on a besoin ou pas d’un ou d’une « top gun » en éducation, c’est remettre en question la nécessité de créer ce genre d’institution, et ce, pour les raisons qui suivent.

Il existe au Québec, au sein des Faculté de Sciences de l’Éducation, des centres et des équipes de recherche dont l’excellence est reconnue internationalement et qui peuvent réaliser tous les types de travaux que l’INEE pourrait éventuellement entreprendre. En effet, qu’il s’agisse des pratiques de formation initiale et continue des enseignants et enseignantes ; des pratiques associées à la réussite éducative ; des pratiques de gestion de classe ; des pratiques d’enseignement des disciplines scolaires ; des pratiques d’évaluation des apprentissages ; des pratiques d’orientation professionnelles ou des pratiques d’administration scolaire, on retrouve dans ces facultés universitaires des experts et expertes tout à fait capables de répondre aux interrogations que pourrait formuler le MEQ en lien avec l’un ou l’autre de ces thèmes. Il suffirait simplement que ce dernier via les grands organismes qui subventionnent la recherche au Québec lance des appels à projet ciblés autour de ces interrogations.

Il serait alors possible de mobiliser les meilleures équipes de recherche à la suite à des concours arbitrés par des pairs et paires qui en assureraient la crédibilité sur le plan scientifique. Alors, dans ce cas, pourquoi confier à des personnes nouvellement embauchées à titre de fonctionnaires le soin de faire des recherches, alors qu’elles n’ont pas l’obligation de participer à des concours arbitrés par des pairs et paires pour obtenir des subventions.

Comment va-ton alors s’assurer que leurs travaux répondent aux critères de scientificité en recherche ? Par ailleurs, en vertu de quel parti pris a-t-on fait ce choix, sachant que l’un des critères retenus pour recruter le ou la « top gun » est son engagement à promouvoir une culture de recherche plutôt qu’une autre, soit la production de données dites probantes, alors qu’au sein de la communauté internationale de la recherche en éducation celle-ci est loin de faire l’unanimité ?

La réponse à ces questions est constamment éludée au MEQ sans compter qu’il est impossible de savoir ce que coûtera ce projet au-delà du million de dollars qui pourrait être versé sur une période de cinq ans à la personne choisie pour diriger l’INEÉ. Cette absence de prévisibilité des coûts tient au fait que l’on ne sait pas combien de professionnels et professionnelles seront recrutés ni l’ampleur des budgets de fonctionnement.

Toutefois, en cette période de restrictions, voire de compressions budgétaires en éducation, on n’a vraiment pas besoin d’un ou d’une « top gun » de plus, si l’on veut éviter de gaspiller l’argent public sachant de plus qu’il y a fréquemment des dépassements de coûts des projets au sein de l’actuel appareil gouvernemental. Enfin, gageons que la personne choisie pour diriger l’INNÉ aura été membre du comité confidentiel auquel fait référence la journaliste du Devoir.

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