9 septembre 2025
Le ministère des Affaires étrangères n’a laissé planer aucun doute en qualifiant cette situation de plus grande crise de notre histoire en ce qui concerne les relations entre le Brésil et les États-Unis. Trump a officialisé hier le décret sur la hausse des droits de douane, qui entrera en vigueur le 6 août. Il en a profité, comme cela avait déjà été annoncé, pour utiliser le mécanisme connu sous le nom de loi Magnitsky afin de prendre des mesures de rétorsion contre Alexandre de Moraes et le STF.
La nouvelle version de la hausse des droits de douane arrive affaiblie, ce qui incite le gouvernement à poursuivre avec arrogance les affrontements, cherchant à isoler l’extrême droite nationale comme traîtresse aux intérêts du Brésil. L’interview de Lula dans le New York Times et la déclaration officielle du gouvernement brésilien ont souligné le caractère « non négociable » de la souveraineté nationale.
Les sénateurs brésiliens ont averti que de nouvelles restrictions pourraient entrer en vigueur — dans 90 jours — dans le cadre des représailles contre les BRICS. Trump a déjà menacé l’Inde dans les mêmes termes.
Moraes a répondu sans céder à Trump et en considérant les sanctions pour ce qu’elles sont : une nouvelle attaque frontale contre le Brésil. Et avec Zambelli emprisonnée en Italie, l’étau se resserre sur les détracteurs qui portent atteinte à la souveraineté brésilienne.
Dans cette période de turbulences, il est nécessaire de comprendre et d’agir pour défendre les intérêts du Brésil et de son peuple travailleur.
La déshydratation de la hausse tarifaire
Trump a vociféré et menacé ouvertement, sans cacher ses intentions, lorsqu’il a élevé la ligne du clan Bolsonaro au rang de politique d’État. Il a fait du cas brésilien un chapitre spécial de la guerre tarifaire qu’il mène à travers le monde. La guerre est la politique par d’autres moyens, comme le disait déjà le stratège allemand Clausewitz. Même s’il ne s’agit pas d’une guerre militaire, avec des flottes, des armées et des bombes, c’est une guerre dans le sens où elle exacerbe les conflits d’intérêts opposés. Elle n’est pas militaire, mais tarifaire.
Trump a conclu des accords importants, notamment avec le Japon et l’Union européenne, ce qui a suscité une plainte de la part de Macron. Les effets sur le Brésil, avec le décret de 50 %, sont graves, les entreprises paniquant et certaines envisageant de fermer des usines ou de décréter des congés collectifs. Le bras de fer a atteint un niveau sans précédent.
Trump a reporté de quelques jours l’entrée en vigueur de la hausse des droits de douane, désormais prévue pour le 6 août, et a ouvert près de 700 cas d’exception. Parmi les 694 articles concernés figurent des poids lourds de l’économie brésilienne, tels que l’industrie aéronautique civile, le jus d’orange, le papier et la cellulose, les noix du Brésil, le charbon, le gaz naturel, le pétrole et ses dérivés, entre autres. Ce répit, bien qu’incertain, représente près de 45 % des ventes brésiliennes aux États-Unis, retirant de la liste d’importantes entreprises de pointe telles qu’Embraer.
D’autre part, certains secteurs stratégiques, notamment liés à l’agriculture, tels que le café, les fruits, la viande et le poisson, restent sous la menace d’une forte augmentation des tarifs. Et en marge de tout ce processus, comme des questions transversales, se pose le problème des grandes entreprises technologiques et des terres rares. Le conflit va se poursuivre et aucune solution claire n’est en vue.
Trump n’a pas réussi à imposer totalement ce qu’il voulait et maintenant, des secteurs clés de l’économie nationale sont divisés, ce qui renforce les négociateurs du gouvernement, tant sur le plan « institutionnel » que dans l’opinion publique. La presse libérale a attribué la crise au clan Bolsonaro et à l’intransigeance de Trump. Moraes en sort renforcé. Les pressions en faveur d’une « capitulation ouverte » exercées par certains secteurs de la bourgeoisie ont pour l’instant diminué.
Le retour de la question anti-impérialiste a occupé le devant de la scène nationale. Un niveau de « cohésion sociale » qui n’avait pas été vu depuis longtemps a remis l’agenda politique au centre des préoccupations, a sorti le gouvernement de sa position défensive et a semé la désorganisation dans les rangs de l’extrême droite.
L’arrestation de Zambelli a exercé une pression maximale, une semaine après que Bolsonaro ait été, selon ses propres termes, humilié en étant contraint de porter un bracelet électronique.
Il est possible de vaincre le chantage
Certaines certitudes ressortent déjà clairement de la réaction des analystes politiques : le Brésil s’en est bien sorti face à la pression du 1er août ; Trump devient de plus en plus la cible des peuples du monde entier, avec ses pratiques oppressives, comme en témoigne le symbole de Gaza ; l’action de Bolsonaro, du moins à court terme, s’est véritablement retournée contre lui.
Seuls 19 % de la population brésilienne ont vu d’un « bon œil » les mesures prises par Trump. Le gouvernement se renforce lorsqu’il affirme la souveraineté nationale.
En revenant en partie sur son décret, l’impérialisme montre qu’il est fort, mais qu’il peut être arrêté. La question des BRICS et la reconnaissance de l’État palestinien — qui a déjà trouvé un écho en France, en Angleterre et maintenant au Canada — ouvre une nouvelle voie.
L’« autre moitié » de la hausse des tarifs douaniers vise de plein fouet l’agriculture. Que feront ces secteurs, divisés, dont une partie soutient Bolsonaro et le coup d’État, mais dont le principal partenaire commercial est la Chine, grande responsable de la reprimarisation de l’économie brésilienne au cours des dernières décennies ?
La crise va se poursuivre, mais le recul de Trump indique qu’il est possible de vaincre le chantage, à deux conditions : isoler et démoraliser l’extrême droite, avec des arrestations touchant le clan Bolsonaro, et maintenir la cohésion de la société, mobilisée dans les rues et sur les réseaux sociaux. La manifestation prévue le 1er août en est un exemple : descendre dans la rue pour défendre la souveraineté nationale rassemble une grande partie de la population. Le mouvement étudiant a raison de prendre la tête de ce combat. Les actions ne peuvent pas seulement être convoquées, elles doivent être construites, afin d’avoir un véritable sens d’unité et de déclaration commune, capable de mobiliser des dizaines de milliers de personnes dans tout le pays.
Renforcer notre programme
C’est pourquoi nous défendons l’unité d’action, l’unité des mouvements sociaux et les actions que le MST est en train de construire. Trump est imprévisible, de nouvelles crises se profilent à l’horizon, comme celle qui annonce un nouvel effondrement des bulles de l’IA.
Il est temps de renforcer notre programme, autour de tâches concrètes, qui unissent le PSOL et la gauche dans son ensemble : le référendum contre l’échelle 6×1, la défense de l’impôt sur les multimillionnaires, la lutte pour que Lula oppose son veto total au « PL de la dévastation », et la centralité du programme de souveraineté nationale, avec des changements dans la politique économique, l’approbation de la réglementation des big techs et la rupture des brevets américains.
Parallèlement, il est bien sûr nécessaire d’emprisonner les putschistes du 8 janvier, de mettre Bolsonaro en prison et de démanteler le réseau de soutien, de financement et d’articulation politique et communicationnelle qui porte atteinte aux intérêts du Brésil.
Les batailles à venir exigeront ténacité et combativité de la part des militants, qui se forgent et accumulent une expérience importante face à l’extrême droite dans le monde. Défendre la souveraineté du Brésil et la reconnaissance de l’État palestinien fait partie intégrante d’un combat qui ne fait que commencer.











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