Édition du 23 avril 2024

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États-Unis

Le Jour d’après : l’Amérique avec la gueule de bois ?

Alors que le soleil se levait sur un territoire américain ravagé par la COVID-19 et politiquement fracturé au lendemain du 3 novembre, les principales chaines de télévision nous disaient que l’élection présidentielle se jouerait dans deux ou trois États, la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin. Les résultats ne seront connus que ce soir au plus tôt, probablement plus tard et pas avant des jours en Pennsylvanie, car les bulletins de vote tardifs doivent être comptés.

photo et article tirés de NPA 29

En bref, tout est fini sauf le comptage, le recomptage et probablement les litiges. Si l’Amérique n’a pas la gueule de bois ce matin, ce sera probablement le cas avant que tout soit fini.

Voici ce que nous savons :

1) Pour la deuxième élection consécutive, les électeurs américains ont en fait rejeté le message répugnant, raciste et nativiste de Donald Trump – mais cette fois, contrairement aux attentes, avec un pourcentage plus faible qu’en 2016.

Au moment où ce texte est écrit (7 heures mercredi matin, heure américaine) Biden a 68.867.000 voix et Trump 66.643.000 voix – une marge de deux millions mais beaucoup moins que les sondeurs l’avaient indiqué. Bien sûr, rien de tout cela n’a d’importance dans un système régi par un Collège électoral anachronique.

2) Comme on s’y attendait, Donald Trump a fait une déclaration de « victoire » au milieu de la nuit et a déclaré : « Nous allons devant la Cour suprême » pour arrêter le décompte des votes pendant qu’il est en tête.

Fait important, il ne semble pas que la direction républicaine dans son ensemble appuie ce stratagème, largement anticipé, de vol de l’élection, du moins pour le moment. Les perspectives d’un « coup d’État électoral » orchestré par Trump semblent s’être estompées.

3) Selon la plupart des indications, la majorité républicaine au Sénat restera intacte au moins étroitement et les Démocrates tiendront la Chambre des représentants avec une marge plus faible qui reste à déterminer.

4) Les campagnes des partis tiers semblent avoir été pratiquement écrasées par la polarisation des deux principaux partis capitalistes.

La campagne du Parti Vert de Howie Hawkins et Angela Walker rassemblerait 0.23% des votes, mais nous aurons besoin de plus de temps pour voir si les résultats verts peuvent être importants dans les compétitions locales ou d’état.

Mais quel que soit le résultat final de la machine à saucissonner qu’est le Collège électoral – même si Biden gagne une victoire serrée – l’attente des démocrates d’une « vague bleue » massive reprenant les votes de la classe ouvrière et des Latinos a largement échoué.

Le message centriste et soporifique de M. Biden, « unifier le pays », avec des mots creux sur ce autour de quoi il faudrait s’unifier, a échoué de façon assez spectaculaire, lorsqu’il est replacé dans le contexte des aspirations générales, de la crise du coronavirus et de la calamité économique que la présidence de M. Trump a engendrée.

Alors que le pays reste semi-comateux en attendant les résultats présidentiels, on doit dire qu’il ne s’agit pas d’un coup de balai démocrate et certainement pas d’une grande percée pour l’« aile progressiste » du parti, qui a quelques forces mais peut s’attendre à avoir peu ou pas d’influence sérieuse sur la politique néolibérale du parti.

Le contrôle républicain du Sénat et de la Cour suprême conservatrice est susceptible de donner à Biden une excuse pour éviter de se battre pour des réformes significatives.

Ce que Trump pourrait commettre dans l’intervalle avant la journée d’investiture [en janvier] est tout aussi dangereux qu’inconnu. Pendant ce temps, le Covid fait rage.

La gauche socialiste, essentiellement spectatrice d’un point de vue électoral, doit être au côté des mouvements qui mènent les batailles les plus importantes :

 autour de la justice raciale,

 des brutalités policières et les prisons ;

 sur le traitement sadique des demandeurs d’asile, les séparations familiales et les raids terroristes contre les communautés immigrantes ;

 contre la catastrophe climatique ;

 pour la défense des droits sexuels et reproductifs, et avec les communautés queer, face à ce que la Cour suprême modelé par Trump pourrait nous infliger.

Une discussion fondamentale est nécessaire sur ce que signifie l’action politique indépendante aujourd’hui et comment la faire avancer.

Solidarity espère contribuer à alimenter cette discussion parmi les militantEs qui cherchent un moyen de sortir du piège politique paralysant que constitue le bipartisme.

Cette première réaction a été rédigée par David Finkel pour le Comité national de l’organisation politique Solidarity aux USA. Nous continuons de suivre les événements. En cette fin de mercredi après-midi, alors que le Collège électoral semble basculer légèrement en faveur de Biden, notamment dans le Michigan, le Wisconsin, l’Arizona et le Nevada, la campagne de Trump commence à déposer des demandes d’injonction à arrêter le décompte des votes et une foule droitière tente de pénétrer dans le centre de comptage au TCF Center au centre-ville de Detroit.

Jeudi 5 novembre 2020 David Finkel

https://lanticapitaliste.org/

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