Édition du 10 septembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Canada

Le NPD vu par un socialiste italien. Réflexions sur un parti social écologiste qui doit gouverner le pays

Par Giovanni Princigalli


Pourquoi le NPD n’a pas encore gouverné le pays ?

J’ai émigré au Canada en 2003 à l’âge de 35 ans. Je viens d’une famille politiquement engagée. Ma tante Anna Maria Princigalli, fut officière dans la Résistance italienne durant la seconde guerre mondiale. Elle fut capturée par les fascistes et torturée. Mon père, Giacomo Princigalli, a été un militant pacifiste et aussi un élu au conseil de la Région Puglia dans les rangs de la gauche. Personnellement, je me suis toujours défini comme socialiste ou social-démocrate et profondément antisoviétique.

Je suis persuadé que le NPD est le parti au sein duquel militer et qui devrait gouverner le pays. Aucun Canadien de quelque génération n’a vu le NPD au pouvoir sur la scène fédérale. J’espère ne pas avoir émigré au Canada, où j’ai bâti une famille et donné la vie à ma fille, pour ne jamais être gouverné et représenté pas un gouvernement de gauche.

Le fait qu’au Canada le NPD, en tant que parti de gauche, n’ait jamais dirigé le gouvernement fédéral est en soi une anomalie dans le monde démocratique. Au Canada, l’alternance se fait toujours et uniquement entre le centre-droite (le parti conservateur) et le centre (le parti libéral) même si ce dernier met parfois en œuvre des politiques progressistes. Cette anomalie ne s’explique que partiellement par la nature du système électoral, qui est purement majoritaire et uninominal, un système qui conduit plusieurs électeurs progressistes à opter pour ce qu’on appelle un vote utile, soit voter pour un libéral plutôt que de donner la victoire à un conservateur. C’est la logique du moindre mal. Je disais que cette explication n’est que partiellement valable, car au Royaume-Uni aussi il y a un système uninominal et majoritaire, mais l’alternance se fait toujours entre les conservateurs et les travaillistes.

La deuxième raison est inscrite dans la tradition politique nord-américaine, le Canada ayant inévitablement subi, pour des raisons géoculturelles, une certaine influence des États-Unis, pays où les valeurs et les partis socialistes ont été victimes de préjugés et de persécutions (il suffit de penser au maccarthysme sans oublier le Québécois Duplessis). Je me demande s’il s’agit d’une coïncidence si le Parti social-démocrate canadien (le PSD) ait décidé en 1961 de s’appeler le Nouveau parti démocratique (cofondé avec le Congrès du travail du Canada), et évite en même temps de parler de social-démocratie sur son site web et dans les débats télévisés. Même si en mai 2017 le chef du parti Jagmeet Sing a déclaré : « Les valeurs qui me guident aujourd’hui, et qui continueront à me guider en tant que dirigeant, sont les valeurs progressistes et sociales-démocrates enracinées dans mes expériences de jeunesse ».


NPD et QS

Un autre problème à prendre en considération consiste dans le fait qu’une partie des électeurs québécois souverainistes de gauche aux élections fédérales ne votent pas pour le NPD mais pour le Bloc, parce que le NPD n’est pas souverainiste en dépit du fait qu’ils partagent avec le NPD les mêmes idées quant aux politiques sanitaires et sociales. Historiquement le parti de la gauche québécoise ne fut pas le NPD, mais le Parti Québécois de Réné Lévesque. Aujourd’hui c’est plutôt Québec solidaire qui est en train d’accomplir cette tâche. Je crois que le Québec est la seule province du Canada où au sein du Parlement provincial où la gauche ne soit pas représentée par le NPD. En ce qui concerne la souveraineté, j’ai toujours pensé qu’il ne suffit pas de remplacer un État par un autre État, il faut plutôt remplacer une idée de la société par une autre idée. Pour ces raisons, je trouve l’approche de Québec Solidaire beaucoup plus intéressante que celle du Bloc et du Parti Québécois. Je crois que QS et le NPD, devraient d’une certaine manière s’allier. L’objectif est celui de porter la majorité des militants du NPD à voter pour QS aux élections provinciales et vice versa aux élections fédérales. Le NPD devrait présenter dans ses rangs quelques personnalités souverainistes de QS pour siéger au parlement fédéral. Ces derniers pourraient se présenter en tant que candidats indépendants. Exactement comme l’a fait le parti communiste italien d’Enrico Berlinguer dans les années 1980, lequel a présenté dans ses listes des candidats de gauche, mais qui n’étaient pas issues de la tradition communiste, car ils étaient en fait socialistes, catholiques sociaux, etc. Les candidats souverainistes dans les rangs du NPD devraient partager la ligne du parti, mais avoir une liberté d’opinion totale sur la question de l’indépendance et dans l’organisation d’un éventuel référendum. Le NPD devrait accorder cette liberté à tous ses membres québécois (peut-être que c’est déjà le cas).

Jack Layton et Jagmeet Singh

Malheureusement, le NPD est perçu au Québec comme faisant partie du Canada anglophone de l’ouest. De plus, Jagmeet Singh n’est pas perçu comme un chef de gouvernement potentiel en mesure de représenter aussi le Québec. Mais quelles en sont les causes ? Tout d’abord, le fait qu’il soit Ontarien et un adepte de la religion sikh. L’approche laïque de M. Singh et sa défense du droit à l’avortement, au divorce et à la communauté LGBT ne semblent malheureusement pas suffire à faire tomber les préjugés et la méfiance à son égard. Divers sondages et commentaires journalistiques ont révélé que Jagmeet Singh est profondément sympathique et "cool" aux yeux des Canadiens (y compris des Québécois) et en particulier des jeunes. Mais ces mêmes admirateurs, paradoxalement, ne le voient pas comme un chef d’État.

Jack Layton avait de nombreux mérites. Tout d’abord, il avait l’étoffe d’un leader et d’un chef d’État. S’il n’était pas mort prématurément, il aurait très probablement été le premier chef d’un gouvernement fédéral NPD. Le grand succès qu’il a également obtenu auprès des Québécois est certainement dû à ses qualités charismatiques et oratoires, mais aussi au fait que, bien qu’anglophone, il était aussi Montréalais. Plusieurs militants du NPD (et même de QS) m’ont confié le fond de leur pensée : « Si Alexandre Boulerice était chef du parti, les choses seraient très différentes ». Je souligne que demander à Singh de se retirer parce qu’il porte un signe religieux serait inconvenant, injuste, impensable. Il revendique justement le droit de chaque canadien, sans égard à la religion, à l’origine ethnique ou à la classe sociale, à s’engager pour son pays. Son élection à la direction du parti est un signe de civilisation. Le Canada (ou mieux encore son âme de gauche) a des années-lumière d’avance par rapport à l’Italie et la France. Mais si, lors des prochaines élections fédérales, le NPD obtient le même soutien que lors des dernières élections ou, pire encore, moins de sièges, le parti devra réfléchir sérieusement à l’après-Singh.

Le NPD ne peut pas continuer à être le troisième parti du pays et espérer que les libéraux dirigent un gouvernement minoritaire afin d’exiger en échange d’un vote de confiance certaines politiques sociales, dont les libéraux pourraient même se vanter d’être les promoteurs. Je ne connais pas très bien le NPD, mais je pense que le Québécois Alexandre Boulerice, peut-être assisté de Niki Ashton, la brillante députée du Manitoba qui s’exprime bien en français mais aussi dans d’autres langues (de l’espagnol au cri), serait la carte à jouer. Ensemble, ils feraient un excellent tandem ; ils sont tous deux ouvertement socialistes.

Layton est parvenu à enchanter et à charmer le Québec bien qu’il ne fut ni souverainiste ni francophone (même s’il parlait bien français). Mais aujourd’hui, le Bloc québécois a réussi à faire passer le message : « Le Québec c’est nous ». Nous devons réfuter cette affirmation. Je pense que sur ce point, Singh a vraiment essayé. Reconnaissons-leur le mérite. Le Québec est hétérogène. Nous ne sommes pas tous pareils. De quel Québec parle le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet ? Est-ce le Québec des Autochtones privés de médecins et d’eau potable ? Des Québécois anglophones ? Des francophones du quartier défavorisé d’Hochelaga ? Les intérêts d’un chômeur ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux du patron de Transat.

La question de l’identité du parti

Olof Palme ex premier ministre suédois et chef du parti social-démocrate de Suède a dit naguère : «  Le socialisme démocratique est un mouvement de libération de l’homme (…) Notre identité s’est développée autour de trois thèmes : le travail, la justice sociale, la paix. Nous avons toujours cherché à offrir à tous les citoyens la sécurité et l’égalité face aux aléas de la vie (...) Les sociaux-démocrates travaillent pour une société qui peut donner à chacun l’opportunité de réaliser ses projets de vie ».

Pour découvrir que le NPD fait directement référence au socialisme démocratique, à la social-démocratie, aux mouvements des travailleurs et des femmes, il faut consulter les statuts du parti. Mais le site web officiel du parti ne les met pas en évidence, il faut perdre un peu de temps à naviguer pour les découvrir. Ou sinon il faut consulter wikipedia.

Si on fait une comparaison entre les sites web de plusieurs partis de gauche et socialistes au tour du monde et le site web du NPD, ce dernier donne plutôt l’impression d’être le site web personnel de son chef. Il est impossible d’y trouver une photo sur laquelle Jagmeet Singh ne figure pas. Il serait utile de voir aussi des photos de militants et de citoyens pour bien montrer qu’il s’agit d’un parti de gens, de bénévole, de jeunes, de femmes, de personnes en chair et en os, d’éléments de la société. En revanche, on comprend très bien qu’il s’agit d’un parti de gauche. Les points du programme sont très bien expliqués. Mais je le répète, pourquoi alors on n’affirme pas son identité sociale-démocrate ?

Cela aiderait également dans la compétition avec le parti libéral, qui se vante d’être un parti progressiste. Parfois les politiques des libéraux semblent désamorcer le potentiel du NPD. Le message de Trudeau ressemble à ceci : « Si vous êtes progressistes, votez pour nous qui accordons le PCU, défendons la communauté LGBT et légalisons les drogues douces ». C’est pourquoi le NPD doit jouer la carte de sa diversité et de son authenticité progressiste en se présentant comme une alternative aux libéraux, lesquels en vérité balancent entre des politiques progressistes et néolibérales. Le NPD peut démontrer qu’il est progressiste de manière plus cohérente et claire que le PLC, aussi dans les deux domaines où le PLC montre qu’il n’est pas vraiment une force progressiste, c’est-à-dire en matière d’écologie et de politique étrangère. Ce dernier volet est totalement aligné sur la politique de la Maison Blanche, il manque d’originalité et d’esprit d’initiative.

La social-démocratie

Le NPD, croit fortement et justement que la social-démocratie n’est pas du tout contre le marché. Nous disons plutôt que, dans le marché, il n’y a pas seulement des grandes entreprises (celle qui délocalisent, qui offrent des revenus millionnaires à leurs PDG, celles des monopoles et des oligopoles, celles qui investissent dans les paradis fiscaux ou en Chine pour sous-payer et exploiter la main d’œuvre) mais aussi des entreprises familiales et individuelles, des coopératives, des artisans, des artistes, de travailleurs de la culture, des commerçants de quartier, des gens qui travaillent et produisent chez nous. Toutefois, cela ne nous protège pas de l’exploitation humaine, du mépris des droits des consommateurs ou d’une production irrespectueuse de l’environnement. C’est pourquoi les citoyens, les syndicats, les associations de défense des droits des personnes et l’État doivent toujours rester vigilants. Un autre secteur digne d’intérêt est le marché des biens usagés, qui peuvent être vendus directement par un individu sur Internet ou dans des magasins, les magasins Renaissance, par exemple. En plus, c’est un secteur de l’économie en forte croissance et non polluant.

Mais même si nous arrivons à créer de plus en plus un marché pluriel basé sur une économie humaine, sociale, où se crée une relation directe entre le producteur et le consommateur, ou bien où le producteur et le travailleur sont la même personne, ou encore où l’on consomme des produits locaux, il faut quand même dire que dans la société il n’y a pas seulement le marché qui compte, même si c’est le marché le plus solidaire et pluraliste qui soit. La société est aussi faite d’échanges d’idées, de rencontres, de loisirs, d’art, d’amour, de temps libre, d’intimité, de socialisation, de culture, de secours et de solidarité.

Selon le sociologue « néo-marxiste » américain (mais antisoviétique) Erik Olin Wright, une société est social-démocrate lorsque le pouvoir social (citoyens et organisations) soumet à ses besoins le pouvoir économique par le biais de l’État gouverné par les partis socialistes qui ont reçu le mandat directement du peuple. Donc, le capitalisme et l’économie de marché ne sont pas abrogés, mais réglementés pour satisfaire les besoins de la société et pour redistribuer les richesses afin d’éradiquer la pauvreté. Voilà à ce sujet une célèbre maxime d’Olof Palme : « Le capitalisme est un mouton qui est tondu périodiquement, mais pas tué ». En bref, le gouvernement assume la mission de bâtir un état social où un chômeur, un malade, une femme enceinte ou un étudiant sont pris en charge et non livrés à eux-mêmes comme aux États-Unis.

Aux États-Unis, en effet, l’influence des lobbies et des corporations sur l’État s’accomplit grâce à la subordination des partis politiques au pouvoir économique, explique encore Erik Olin Wright.

Enfin, le NPD devrait suivre l’exemple de plusieurs partis socialistes dans le monde qui ont cherché à appliquer le célèbre slogan des années 70 : « Travailler moins, travailler tous », c’est-à-dire réduire l’horaire de travail de 40 h à 36 - 35 heures par semaine, mais sans réduction de salaire.

Formes de démocratie directe et capital social ou collectif

Beaucoup de gens ignorent, que même aujourd’hui ici en occident, dans nos sociétés capitalistes et de marché, on retrouve en vérité des structures socio-économiques et socio-culturelles qui s’approchent aux idées socialistes du XIX siècle, telles que : la démocratie directe, le capital collectif et l’économie démocratique et solidaire. Les coopératives d’habitations et les centres communautaires au Québec sont l’exemple le plus évident. Ailleurs il y a aussi des « Communes » (de jeunes, de religieux, d’artistes). Mais c’est en Israël, avec la construction des Kibboutz, qu’on a probablement atteint le niveau le plus élevé, on pourrait dire de « pur socialisme », le plus proche à la société idéale imaginée par Rousseau, Marx et tous les autres savants socialistes non marxistes du XIX siècle, et qu’on pourrait résumer ainsi : une libre association d’hommes et de femmes libres, qui sont à la fois des producteurs indépendants, qui ne sont exploités par personne, qui ont beaucoup de temps libre à dédier à la famille, à l’art, au repos, et où le pouvoir politique est tout dans les mains de l’assemblée des membres (on parle de démocratie directe). De plus, dans plusieurs Kibboutz il y a aussi des comités d’enfants.

J’ai été surpris de voir, en lisant son livre Socialisme et utopie réelles, qu’Erik Olin Wright cite deux fois le Québec. La première fois, il affirme que les garderies au Québec sont un exemple concret et réussi « d’économie solidaire » et même de « coopérative de solidarité ». Il explique que : « la production (en ce cas d’éducation et non de biens matériaux) est directement organisée par les communautés pour satisfaire les besoins humains, sans être soumise à la discipline de la maximisation du profit ou de la rationalité technocratique de l’État , [lequel] peut participer au financement de ces collectivités, mais ne les organise pas directement », car il s’agit «  d’une forme d’organisation dirigée par des représentants élus par le personnel et par les usagers (les parents, en l’occurrence) et les membres de la communauté ».

Au ce sujet je voudrais mentionner que ma tante Anna Maria Princigalli, juste après la deuxième guerre mondiale, avec d’autres résistants et pédagogues antifascistes, a codirigé et cofondé en Italie des écoles communautaires d’enfants mais aussi d’adultes qui n’avaient aucune formation, nommées « les pensionnats de la renaissance ». L’idée était celle de créer des institutions qui étaient à la fois des communautés et des écoles, qui n’étaient de propriété ni de l’État et ni d’un privé. En revanche, ils pouvaient recevoir des subventions à la fois de l’État et des privés. Un peu comme pour les CPE, mais avec la différence que les communautés d’enfants étaient ouvertes qu’aux orphelines de guerre. En plus, ils ont essayé d’expérimenter les théories pédagogiques les plus utopistes, démocratiques, et avant-gardistes de l’époque si non de tous les temps.

Pour revenir à qu’Erik Olin Wright, la deuxième fois qu’il parle du Québec dans son livre Socialisme et utopie réelles, c’est à propos du capitalisme social. Il affirme que «  les fonds de solidarité » en sont un bon exemple ». Il explique qu’« il s’agit d’un capital contrôlé collectivement (...) pour protéger et créer des emplois. Ces investissements s’adressent généralement aux entreprises fortement ancrées au niveau local et qui répondent à différents critères sociaux ». Il faut préciser que Erik Olin Wright est également anti-étatiste, car pour lui le niveau le plu important qui conditionner tous les autres nouveau (État et pouvoir économique), et le pouvoir social et la participation des citoyens.

Je trouve encourageant le fait que Wright parle du Québec. Certes, à côté du cynisme social, de l’omniprésence du secteur privé dans la santé et l’éducation, la société québécoise démontre également une vocation sociale et égalitaire forte. Je pense au nombre élevé (par rapport à l’Italie) de centres communautaires, de coopératives de logement (les coopératives agricoles, par contre, sont très répandues en Italie), du marché des biens usagés, etc.

Olof Palme et les autres leaders socio-démocratiques étaient conscient qu’on ne peut pas faire du monde entier un seul et énorme kibboutz, ou encore, une sorte de fédération internationale de « communes libres », où les peuples vivent en paix, dans l’amour et la coopération, sans l’État et sans les classes. Du plus, Palme se considérait profondément antisoviétique (l’URSS a mis en place en régime totalitaire qui n’avait rien à voir avec le socialisme libertaire et communautaire de Marx). Si pour les sociaux-démocrates le socialisme de Marx est une utopie non réalisable, pour Erik Olin Wright (qui pourtant est de formation marxiste) l’utopie réalisable est la social-démocratie !

Les personnalités progressistes à qui on devrait s’inspirer

Qui sont les personnalités inspirantes et incontournables ? Mentionnons en premier lieu Thérèse Casgrain, Tommy Douglas et Jack Layton, tous des grands leaders du NPD. J’ai été surpris de découvrir que Casgrain était également une dirigeante du Parti social-démocrate canadien et de l’Internationale socialiste. Cette fonction fut également occupée par Ed Broadbent.

Mais de grandes personnalités internationales font aussi partie du panthéon du parti : les sociaux-démocrates Olof Palme et Willy Brandt, le socialiste chilien Salvador Allende, de même que Gandhi, Martin Luther King et Nelson Mandela. En ce qui concerne ces deux derniers, il faut dire que le parti démocrate américain, de Clinton à Obama, et même le cinéma hollywoodien ont certes fait l’éloge de leur vie et de leur œuvre, mais ils l’ont fait en supprimant, voire en censurant, leur relation avec la culture sociale-démocrate. Martin Luther King a écrit en 1952 : « I am much more socialistic in my economic theory than capitalistic ». En ce qui concerne Nelson Mandela, le rapport avec le socialisme fut plus direct et étroit. Non seulement il a été un dirigeant du Parti du Congrès national africain (ANC), qui fait partie de l’Internationale socialiste, mais il a été aussi membre du comité central du parti communiste d’Afrique du Sud.

En Afrique, le burkinabé Thomas Sankara (assassiné en 1983) est vénéré au même titre que Nelson Mandela. En ce qui concerne l’Amérique latine, on pense à José Mujica, ex-président de l’Uruguay. Il a contribué à réécrire l’histoire sociale de son pays. Sur le même continent, Luiz Inácio Lula a fait sortir 36 millions de Brésiliens du seuil de pauvreté et il leur a permis d’accéder à la nouvelle classe moyenne du pays. Les détracteurs de la social-démocratie accusent cette dernière de vouloir lutter contre la pauvreté ou d’augmenter l’occupation au détriment du libre marché et de l’économie. Eh bien, le Brésil sous la direction de Lula a connu un taux de croissance du 7,5 %.

Mais il y aussi Bob Kennedy qui, bien que profondément éloigné de la culture sociale-démocrate (dans sa jeunesse, il a collaboré avec Joseph McCarthy à la célèbre chasse aux communistes à Hollywood et ailleurs) a terminé sa jeune vie en manifestant avec des syndicalistes mexicains dans le sud des États-Unis et en prononçant des discours publics dont voici un extrait :

« Le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. (...) En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. »

Heureusement il n’y a pas seulement des leaders du passé (que des hommes…). Aujourd’hui nous pouvons compter sur au moins deux jeunes femmes brillantes et inspirantes : Sanna Marin, la cheffe sociale-démocrate et première ministre de Suède (connue pour ses valeurs écologistes et pour faire partie de la gauche de son parti) et Jacinda Ardern, la cheffe du parti travailliste et première ministre de la Nouvelle-Zélande. Il ne faut pas oublier de mentionner l’étoile montante et social-démocrate du Parti démocrate américain Alexandria Ocasio-Cortez et de l’écologiste suédoise Greta Thunberg.

Sur le site du NPD on devrait citer pas tous, mais au moins certains de ces grands mentors et figures.

La politique étrangère et la Paix

La politique étrangère est une autre grande absente sur le site web comme dans les discours publics du NPD. Si le NPD parle de manière cohérente du changement climatique et du droit à la santé ainsi qu’à l’éducation, il montre des lacunes en matière de politique internationale.

Jagmeet Singh devrait en parler davantage. De nombreux leaders progressistes dans l’histoire, même s’ils étaient dans l’opposition, s’impliquaient dans les affaires internationales, allant même jusqu’à partir en mission à l’étranger pour servir de médiateur dans certains conflits, ou pour demander la libération de prisonniers politiques, ou pour tisser des alliances et échanger des informations avec d’autres leaders et d’autres partis de pays étrangers.

La paix n’est pas seulement une affaire de posture morale, elle est aussi nécessaire pour des raisons pratiques. La paix permet les échanges économiques et scientifiques. La paix coûte beaucoup moins cher que la guerre. Le NPD devrait promouvoir la coopération entre les superpuissances pour lutter ensemble contre les changements climatiques, le fondamentalisme islamique et le néofascisme croissant. Il devrait aider les nouveaux gouvernements de gauche en Amérique latine à lutter contre la pauvreté, à protéger l’Amazonie et les peuples ancestraux qui y vivent. Sans compter la nécessité de revoir les règles trop strictes de la Banque Mondiale, voire d’annuler la dette des pays pauvres. À ce sujet les deux grands leaders de la social-démocratie Olof Palme et Willy Brandt ont fait beaucoup.

Lors du dernier débat des chefs, Jagmeet Sing a donné une réponse vague et décevante à une question sur la politique étrangère du NPD. D’après ce que je sais, ses militants sont solidaires du peuple kurde et favorables à la reconnaissance de l’État palestinien même s’ils condamnent le fondamentalisme du Hamas et considèrent la société israélienne comme démocratique et avancée. Ils sont également des admirateurs du brésilien Lula et Sanders. Il est dommage que le NPD soit sorti de l’Internationale socialiste. Il est vrai qu’au fil du temps cette organisation a perdu son élan, son esprit d’initiative, sa force. Mais il reste un lieu où les forces sociales-démocrates et progressistes peuvent échanger des idées et des propositions.

Alliance sociale pour un NPD au gouvernement

Si le NPD voulait former un gouvernement, il devrait devenir un parti de masse (comme on disait autrefois). Mais comment ? Qui doit-il représenter ? À mon avis la majorité des gens qui font partie des catégories suivantes devraient voter pour le NPD et voir dans ce parti leur porte-parole et leur représentant à Ottawa (mais peut-être que c’est déjà le cas) : le mouvement coopératif, le mouvement syndical, les association étudiantes, les ONG, les peuples autochtones, le milieu des arts, les intellectuels, les scientifiques, les centres communautaires, les entreprises sociales et écologistes, les associations pour la défense des droits des malades, etc.

Je crois qu’il y a plusieurs secteurs de la société qui se perçoivent réciproquement comme éloignées les uns des autres, mais qui, en vérité, ont certaines choses en commun. Je parle tout d’abord de la précarité et du risque de perdre quelque chose en termes de droits et de pouvoir d’achat. La classe moyenne a du mal à s’acheter une maison. Les étudiants ont du mal à rembourser leurs dettes à l’État. Les parents ne peuvent pas toujours trouver une place dans un CPE pour leurs enfants. Les peuples autochtones perdent leurs droits et leurs traditions. De nombreux citoyens ont perdu le droit d’avoir un médecin de famille.

De plus, tous ces secteurs de la société ne seront pas ultérieurement taxés par un éventuel gouvernement NPD, qui envisage d’accentuer la pression fiscale sur les super riches exclusivement. De nombreuses catégories de citoyens sont mis en danger par ce que j’appelle le cynisme social de notre société, lequel est le reflet d’un capitalisme sauvage et triomphant. Les habitants de Rouyn-Noranda sont à la fois victimes de l’arrogance de la fonderie Horne et d’une certaine complicité du gouvernement Legault ; les personnes âgées sont victimes non seulement de la pandémie mais de la négligence qui prévaut dans les CHSLD. Les aînés ont été carrément abandonnés, mis à l’écart de la société, alors que leur seule faute est de ne plus être productifs, utiles au système. Tout le monde risque sa santé à cause du changement climatique. Même l’agriculture est en danger. Le NPD devrait rendre tous les groupes plus conscients de leurs droits et de ce qu’on leur enlève jour après jour. Mais aussi qu’ils ont intérêt à se solidariser les uns avec les autres.

Malheureusement, le système syndical actuel au Canada empêche une solidarité de fait entre les différentes catégories de travailleurs et de syndicats. Je n’ai jamais vu de grève générale déclenchée au Québec, comme c’est parfois le cas en France ou en Italie.

La fête de la solidarité

Je voudrais faire une autre proposition. Les principaux partis de gauche en Italie ont organisé des fêtes qui avaient le même nom des journaux quotidiens qu’ils publiaient : L’Avanti pour les socialistes et l’Unità pour les communistes. Il peut s’agir de très petits festivals locaux, mais aussi de festivals plus importants au niveau municipal, provincial et national. Ils ressemblent un peu aux fêtes organisées dans les villes canadiennes par les communautés ethniques, et aussi à la Saint Jean du 24 juin au Québec. On y vend de la nourriture, des boissons, on y assiste à des concerts et des spectacles pour les enfants et toute la famille. Dans les fêtes politiques italiennes, il y a aussi des conférences soit pour présenter un livre ou les propositions du parti, soit pour se confronter à d’autres partis nationaux ou étrangers. Imaginez, par exemple, une rencontre entre les dirigeants du NPD et ceux de QS, voire avec Alexandria Ocasio Cortez. Il serait utile d’inviter à Montréal le chef du NPD de la Colombie-Britannique pour voir quelles sont, le cas échéant, les conquêtes sociales et les innovations politiques de son gouvernement.

Des pavillons ou des locaux pourraient être loués par des organisations progressistes, syndicats et ONG et même par des artisans. Il est clair que ces fêtes fonctionnent à condition de pouvoir compter sur des bénévoles. Plus il y a de bénévoles, plus les fêtes seront grandes. On pourrait très bien commencer par de petites fêtes dans un petit parc public ou même dans un pub, dans ce dernier cas un peu sur le modèle des quiz organisés par Boulerice dans des pubs. Le fête du NPD pourrait être appelée : « Fête de la solidarité ». Bien sûr, si le NPD avait son propre magazine portant ce nom, ce serait encore mieux. À ce propos, mentionnons que le petit groupe politique au sein du NPD appelé Cacus socialiste, publie son propre magazine : Turn Left. Si un groupe composé de quelques militants peut se permettre de publier un magazine, ce devrait être possible aussi pour le parti.

Sur le modèle du parti travailliste ou du PD américain, le NPD devrait pouvoir compter, lors de ces fêtes mais aussi en campagne électorale, sur des musiciens et des réalisateurs pour aider le parti à ramasser des fonds et prêts à se déclarer publiquement leur intention de voter pour le parti.

Social écologie

Je suis persuadé que les militants du NPD se sentent des véritables social-écologistes. La social-écologie peut être vue comme une évolution spontanée et nécessaire, ou une sorte de mise à jour du concept de social-démocratie. On pourrait jouer avec les mots et parler de « Sociaux-démocrates et écologistes ». Je ne dis pas que le NPD doit changer de nom, mais imaginons pour un instant d’ajouter un autre sigle, c’est-à-dire le suivant : SE, qui justement signifie Social Écologiste. Ce sont deux termes qui nous questionnent. Nous sommes tous préoccupés par l’augmentation des produits de première nécessité, du prix des logements et des loyers, de la dévalorisation des écoles publiques, de l’accès aux soins de santé, mais aussi par le changement climatique qui crée des inquiétudes quant à notre avenir, la santé des personnes âgées comme des enfants. Social écologie est la fois respect de la tradition mais aussi regard vers le futur que nous voulons bâtir. Et puis, avouons-le, il est plus agréable de se dire social écologiste que néo-démocrate, ça sonne beaucoup mieux à l’oreille.

Conclusions

Un Bernie Sanders et une Greta Thunberg demandent un minimum indispensable pour sauver les droits sociaux et la planète. On l’impression que Sanders veut revenir à une véritable social-démocratie, qu’en rapport à celle de Palme est à la fois peut-être un peu plus modérée et un peu moins idéologique, mais surement de gauche de celle de Blair, Clinton et d’autres.

Malheureusement, après l’assassinat d’Olof Palme en 1986 (le mystère demeure encore quant à savoir qui a ordonné l’homicide), la social-démocratie s’était d’abord retrouvée dans l’impasse, avec pour conséquence de ne pas aller plus loin dans les réformes, puis, elle a connu un véritable recul. Olof Palme, en 1977, s’est rendu compte que face aux changements sociaux-démocrates en cours « Le risque, disait-il, est que le capitalisme, se trouvant sur la défensive, devienne dur, brutal et répressif, et finisse ainsi par devenir dangereux ». Il a compris le danger de forts courants réactionnaires et d’une offensive néolibérale sur le plan idéologique et pratique. « La solution -dit encore Palme -n’est pas plus de capitalisme, mais une transformation de la société qui augmente le pouvoir des travailleurs et une intervention systématique dans les principaux nœuds de l’économie. Pour surmonter la crise, il ne faut pas laisser plus de place au marché, mais il faut aller vers le socialisme ». Ce terme pour Palme est synonyme de social-démocratie.

Si pour Palme, la social-démocratie était la 3e voie entre le capitalisme sauvage et le communisme totalitaire, dans laquelle, on pouvait encourager les coopératives et la participation des travailleurs à la gestion d’une entreprise capitaliste ; par contre dans les années 90 Tony Blair avait déplacée la 3e voie vers la droite, c’est-à-dire entre le capitalisme et la social-démocratie, où on encourageait à privatiser la santé et l’éducation, sans oublier la honteuse et le désastreuse guerre en Iraq.

Comme il est montré dans le documentaire « Inside Job ». Bill Clinton aussi a sa part de responsabilité puisqu’il a mis en place des politiques qui ont permis au marché d’avancer sans freins ni éthique. Le barrage qui retenait le pouvoir économique dans des limites à peine acceptables commençait déjà à céder. Mais c’est avec George W. Bush que ce barrage s’est finalement brisé complètement. Les conséquences dramatiques et désastreuses sur la vie et l’épargne de la classe moyenne américaine sont tristement connues.

Certes, si Bernie Sanders et Jeremy Corbyn étaient devenus les dirigeants respectivement des États-Unis et du Royaume Uni, la politique mondiale et la social-démocratie aurait pris un tout autre tournant. Heureusement qu’en Amérique Latine la gauche a connu un nouvel élan et une grande période de réformes (je ne parle pas de Maduro, mais de Lula et Mujca, à qui s’ajoutent les nouveaux chefs d’état élus au Chili et Colombie dans les rangs de la gauche). En Europe, on dit le plus grand bien également de l’actuel président du Portugal, le socialiste Antonio Costa. Et puis, les sociaux-démocrates scandinaves sont à l’avant-garde en ce qui a trait aux politiques écologistes.

Et qu’en est-il du Québec et du Canada ? Nous sommes un pays nordique, froid et peu peuplé, tout comme les pays scandinaves. De plus, un atout qui joue en notre faveur c’est que nous sommes un pays plus industrialisé et plus riche que les pays scandinaves, ce qui nous permettrait de distribuer davantage de richesses et de garantir la stabilité, et ce de manière durable, d’un véritable État-social pour tous (Autochtones inclus). Le NPD pourrait être dans l’histoire de l’Amérique du Nord, le partit qui le plus osé : celui qui installera pour de bon la social-démocratie dans cette partie du monde ; ou encore qui guidera la révolution écologiste du continuant américain, ou qui éradiquera la pauvreté des peuples autochtones (qui les plus pauvres dans toutes les Amériques) ; qui assumera le rôle de pays colombe et pacifiste au sein de l’OTAN ; ou qui réunira dans une ville canadienne tous les partis progressistes et écologistes (à la fois ceux qui sont au gouvernement et ceux qui sont à l’opposition) du continent américain ; puis, celui qui jouera un rôle de médiation entre les États-Unis et Cuba, mais aussi entre US et Chine ; sans oublier la reconnaissance de l’État Palestinien et les droits des Kurdes. Le NPD a une mission historique et éthique à accomplir. Lui seul peut l’incarner et la mener à bien.

Souvent, les grandes saisons de réformes menées par des leaders progressistes avaient un nom qui était plus qu’un slogan : Le New Deal de Roosevelt, La révolution tranquille au Québec, etc. Qui sait comment pourrait s’appeler la saison des réformes du NPD ? Peut-être quelque chose faisant référence à une révolution (gentille, tranquille, pacifiste) sociale et écologiste ?


Lectures conseillés

Bernie Sanders, Notre révolution : Le combat continue, 2017
Olof Palme, Le Rendez-vous suédois, 1976
Hans Haste, Olof Palme, 1994
Bhaskar Sunkara, The socialist Manifesto, 2019
Erik Olin Wright, Utopies réelles, 2017
Pierre Rimbert, Georges Bourgin, Le socialisme, 1986
Elisabeth Rotten, Les communautés d’enfants Une vie nouvelle pour les victimes de la guerre, 1950
Lynn Parramore, Was Martin Luther King a socialist ?Institut of Economie Thinking
https://www.ineteconomics.org/perspectives/blog/was-martin-luther-king-a-socialist-new-book-may-surprise-you

Documentaires conseillés

I Am Greta, documentarie de Petra Costa Nathan Grossman sur Greta Thunberg, 2020

Une démocratie en danger, documentaire de Petra Costa, qui raconte de Luiz Inácio Lula et Rousseff et de l’ascension de Bolsonaro, à voir sur Netflix, 2019

Cap sur le congrès, documentaire de Rachel Lears qui porte sur 4 femmes de la gauche américaine, dont Alexandra Ocasio-Cortez, à voir sur Netflix

Salvador Allende, documentaire de Patricio Guzman, 2004

Inside job, documentaire de Charles Ferguson, 2010

Bobby Kennedy à la présidence. Série documentaire sur Netflix

Oncle Bernard – L’anti-leçon d’économie documentaire du réalisateur québécois Richard Brouillette, sur l’écomomiste Bernard Maris, assassiné lors de l’attentat perpétré contre Charlie-Hebdo, le 7 janvier 2015.

Biographie

Giovanni Princigalli est un cinéaste et historien social. Dans sa jeunesse
il a été dirigeant régional de l’association progressiste "ARCI", délégué à
l’assemblée nationale de Florence du mouvement étudiant "La Pantera", et
représentant des étudiants au C.A. de l’université de Bari et à la faculté
de sciences politiques. Il a pris part à plusieurs manifestations pour la
paix et il s’est rendu pendant un mois en Israël et Palestine pour un
séjour d’étude et de recherches.

Il fait partie de la Red Unial (réseau international pour le cinéma et
l’imaginaire audiovisuelle de l’enfance et de l’adolescence en Amérique
latine, basé à La Havane). Il est membre du Centre de recherche en histoire
orale et numérique de l’Université Concordia et du centre CRIALT au
département d’études cinématographiques de l’université de Montréal.

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