Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le dépassement d'un système de collusion et de corruption ne se fera pas à huis clos !

La proposition de Jacques Duchesneau, responsable de l’Unité anticollusion, d’une enquête à huis clos présidée par trois juges s’avère être une bouée de sauvetage lancée au gouvernement Charest de plus en plus discrédité par son refus entêté d’une enquête publique sur l’industrie de la construction et plus généralement sur la corruption qui mine son gouvernement et le Parti libéral du Québec.

Cette proposition tombe si bien pour le gouvernement Charest que le premier ministre-ci hésite à l’écarter du revers de la main. Il soupèse encore si elle est un habile stratagème lui permettant de calmer l’indignation populaire montante face à son gouvernement ou si elle peut constituer une boîte de Pandore, qui, malgré un huis clos toujours incertain, pourrait permettre que soient éclaboussés les libéraux et ses amis affairistes.

Le gouvernement ne veut pas d’une enquête publique. Il ne veut pas que la lumière soit faite sur la collusion et la corruption qui mine le pouvoir en place. Jusqu’ici, il a cherché à manoeuvrer pour taire la vérité et cacher à la population sur l’ampleur du désastre. Rendre public le rapport Duchesneau n’était pas dans les plans de ce gouvernement. Il voulait que ce rapport reste secret. Des responsables gouvernementaux ont même osé prétendre que le coulage du rapport nuirait aux enquêtes. Et le premier ministre affirme maintenant que c’est grâce à son initiative si la population est mieux informée. C’est cela l’effronterie !

Les partis d’opposition ont rejeté la proposition Duchesneau. Ils ont raison. La population est indignée et en colère face à la corruption et au mépris qu’affiche Charest face aux aspirations populaires à une enquête publique qui ferait toute la lumière sur la situation. On doit dénoncer une proposition qui donne à ce gouvernement encore plus de corde pour manoeuvrer, pour protéger les amis du régime. Charest cherche essentiellement à se rendre aux élections sans avoir à lever le voile sur la corruption de son régime et de son parti.

Une enquête publique est plus que jamais nécessaire. Il faut qu’elle se tienne au plus tôt. Il faut dénoncer le ralliement des Legault et cie à la proposition Duchesneau. Et il le fait, car il sait bien qu’elle permettra de maintenir la part d’ombre nécessaire pour que l’oligarchie au pouvoir continue de dépouiller le Québec de ses biens communs.

L’important pour mettre fin à un système de corruption et de collusion, c’est d’identifier les responsables chez les entreprises et dans les partis politiques qui s’enrichissent au dépens de la population. Une enquête publique est plus nécessaire que jamais ! Une enquête à huis clos ne servira qu’à protéger corrompus et corrupteurs.

Mots-clés : Québec
Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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