Édition du 23 avril 2024

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Politique québécoise

Le gouvernement péquiste, le gouvernement de la capitulation tranquille

Pauline Marois annonce une campagne sur la souveraineté du Québec. Voilà une nouvelle mouture de la conversation nationale. Publiciser la souveraineté, développer un marketing politique sur son importance, sans jamais présenter la moindre stratégie permettant au peuple québécois de se mobiliser pour son indépendance nationale, voilà l’essence de cette politique. C’est une démarche qui vise à construire une façade souverainiste devant un vide stratégique. Et sur le terrain social, le gouvernement péquiste développe le culte du déficit zéro et applique des politiques d’austérité qui toucheront d’abord la majorité populaire. Sur le terrain environnemental, le gouvernement a fait une profession de foi au marché capitaliste pour développer les énergies renouvelables et il se prêt à entrer dans la course à l’exploitation du pétrole au mépris des conséquences climatiques dramatiques de l’utilisation des énergies fossiles. Comment le gouvernement du PQ en est-il arrivé là ?

De la défaite référendaire de 1995 au PQ Marois

La période 1994 à 2003 a été marquée par la défaite du référendum de 1995 et par un cours néolibéral affirmé du Parti québécois au pouvoir sous la direction de Lucien Bouchard puis de Bernard Landry. Pendant cette période, le soutien au libre-échange, la défiscalisation des revenus des plus riches, la poursuite du déficit zéro et les attaques contre les services publics, la déréglementation tous azimuts de l’exploitation forestière, le maintien des redevances minières à des niveaux très bas démontrent que le PQ au pouvoir a repris à son compte les principaux axes des politiques néolibérales. Ces politiques, menées par des souverainistes, ont heurté les droits et les intérêts de la majorité populaire et ont contribué à affaiblir le soutien à la souveraineté. Elles ont creusé la méfiance face au Parti québécois et ont permis aux fédéralistes de reprendre le pouvoir en 2003.

2004-2005, au sein du PQ, c’est la Saison des idées et la contre-offensive des indépendantistes du PQ en direction du 15e congrès, tenu en juin 2005, qui définit un Projet de pays. Le programme alors adopté stipule qu’un référendum sur la souveraineté devra se tenir durant un premier mandat d’un gouvernement péquiste. Ne disposant pas, d’un vote d’appui qu’il juge suffisant, Bernard Landry démissionne au congrès même. Rétrospectivement, le congrès de 2005, du point de vue de la souveraineté, apparaît comme le chant du cygne de la stratégie référendaire.

Les dirigeants du PQ liés à l’appareil d’État et à la professionnalisation de la politique (ministrables et personnels politiques divers) vont, dès la défaite de 2003, s’attaquer à la redéfinition de la ligne du parti selon leurs intérêts. . La course à la chefferie (juin-novembre 2005) entre André Boisclair et Pauline Marois (et autres candidats) débouche sur la défaite de cette dernière et sur la victoire d’André Boisclair. La force de ce dernier tenait à ce qu’il performait mieux dans les sondages sur les intentions de vote. Sa candidature a été portée par cette aspiration au pouvoir qui semblait à portée de main. Défaite, Pauline Marois se retire alors de la vie politique.

2007, André Boisclair mène une campagne politique sur une feuille de route de bon gouvernement provincial et ne tient aucun compte des résolutions sur l’accès à la souveraineté adoptées au 15e congrès. Le PLQ parvient à former un gouvernement minoritaire. La défaite péquiste est majeure. Il a perdu 9 sièges et se retrouve avec 36 députés et 28 % des suffrages exprimés. Le PQ perd son statut d’opposition officielle aux mains de l’ADQ de Mario Dumont. Cette défaite fait rebondir la crise au sein du PQ. La démission de Boisclair de la direction du parti va amener le retour aux commandes de Pauline Marois suite à un couronnement. Cette dernière fait de la rupture avec l’obligation de tenir un référendum durant un premier mandat la condition de son retour à la vie politique.

Aux élections de 2008, Pauline Marois conduit le Parti québécois à retrouver le statut d’opposition officielle avec 51 députés, à la faveur d’une crise majeure traversant l’ADQ. Les dirigeants du Parti québécois n’ont tenu, encore une fois, aucun compte des résolutions du 15e congrès concernant l’accession à la souveraineté. La campagne électorale du PQ se mène sur le thème de la reprise économique et du bon gouvernement. Le mécontentement des souverainistes au sein du parti se développe. Certains quittent le PQ pour militer dans différentes organisations nationalistes.

Le Parti québécois va miser pour redévelopper ses bases sur l’affirmation identitaire du Québec francophone : la population francophone définie comme le coeur de la nation, importance accordée à la défense de la langue française, définition d’une constitution interne pour le Québec, définition d’une citoyenneté québécoise et les conditions de l’accession à un tel statut, charte de la laïcité par laquelle il veut proclamer les grandes valeurs de la société québécoise.

. Enfin, il ne se donne aucune stratégie claire pour intégrer réellement les différentes composantes de la société québécoise au-delà de sa démarche identitaire et garde le silence sur la lutte contre la discrimination et contre l’exclusion qui est le cœur de l’intégration de la population immigrante au sein de la société québécoise. Dans son projet de loi 196, le Parti québécois propose l’adoption d’une Constitution interne qui respecte l’empire de la constitution canadienne. La volonté de souveraineté nationale est passée sous silence. Ce projet de constitution prétend assurer la prédominance de la langue française alors que l’on sait pertinemment que la Cour suprême continuera à pouvoir estropier la Charte de la langue française. Ce projet de constitution ne fait aucune référence à la souveraineté et n’exige aucun nouveau partage des pouvoirs. Ce projet de constitution interne proposé par le PQ s’inscrit donc dans une logique provincialiste.

Sur le terrain des politiques économiques et sociales, la direction Marois va chercher à recentrer le PQ vers la droite pour contester directement la base électorale libérée par une ADQ en perdition. Cela va conduire le PQ à rejeter les éléments plus keynésiens de son programme. Le PQ dit vouloir dégraisser la santé et les sociétés d’État. Il se dit en accord avec un dégel des frais de scolarité. Il cherche à prendre ses distances avec le mouvement syndical. Pauline Marois dénonce les revendications mises de l’avant par les syndicats du secteur public qu’elle trouve trop élevées. La députation péquiste ira jusqu’à s’opposer à la loi 40 (légalisant le déficit). La députation péquiste se fait la défenderesse acharnée de l’équilibre budgétaire.

Le sens du 16e congrès, dit de la gouvernance souverainiste

Le 16e congrès, tenu en avril 2011 consacre la domination de l’orientation Marois. Le programme du PQ est expurgé de l’obligation de tenir un référendum dans un premier mandat. C’est le (ou la) Premier-e ministre péquiste en poste qui évaluera le moment opportun à sa tenue. Pauline Marois parle alors de cette possibilité dans un deuxième ou troisième mandat. C’est, pour certains souverainistes, le report du référendum aux calendes grecques. À ce congrès, elle refuse toute concession aux indépendantistes, y compris celle de mettre sur pied un comité de préparation d’une stratégie pour un prochain référendum. La perspective de gouvernance souverainiste est largement adoptée. Cela marque une rupture dans la trajectoire du Parti québécois, car cette orientation non seulement réduit la souveraineté à un horizon politique mal défini, mais elle décrit les tâches d’un gouvernement du Parti québécois comme devant favoriser la plus large autonomie possible du Québec dans le cadre défini par la constitution canadienne. Cette orientation prétend pouvoir faire sortir la souveraineté d’une démarche autonomiste. En somme, le parti se retrouve sans aucune stratégie d’accession à la souveraineté. La gouvernance souverainiste exclut l’intervention populaire pour un temps indéterminé et transforme le PQ comme le parti de l’alternance provincialiste. Pour un parti qui se décrit encore comme souverainiste, c’est là la marque d’une crise stratégique majeure et la promesse d’affrontements futurs en son sein.

Le 16e congrès du Parti québécois a adopté un certain nombre de mesures qui manifestent une ouverture à certaines pressions du mouvement écologiste. La centrale Gentilly 2 sera fermée. Le programme propose de développer l’énergie éolienne. Il propose d’électrifier les transports. Mais les hydrocarbures vont être exploités et on va revoir les redevances. Le Québec sera vert, mais ouvert à l’exploitation des énergies fossiles. Le Québec sera vert tout en respectant la liberté d’entreprise et les impératifs de la rentabilité des différents types d’énergie. Le dernier programme du 16e congrès du PQ enferre ce dernier dans les contradictions d’un capitalisme vert, mais a le mérite pour la direction de laisser ouvertes toutes les avenues pour un éventuel gouvernement péquiste. Le vote de confiance à Pauline Marois à hauteur de 93 % ne préservera pas le parti de soubresauts majeurs.

Juin 2011, cinq députés démissionnent, soit pour rejoindre la CAQ, soit pour protester contre le peu de démocratie interne dans le parti dans le dossier du projet de Colisée à Québec, soit à cause de l’orientation adoptée au dernier congrès sur la question nationale. Jean-Marie Aussant fonde un nouveau parti, Option nationale. Les sondages qui se succèdent leur amènent le même constat : le Parti québécois se retrouve au niveau des intentions de vote autour de la barre des 20 %. Dans ce contexte, l’urgence de sauver les meubles fera rebondir la crise jusqu’à ce que la situation devienne très difficile pour Pauline Marois. En faisant adopter un programme autonomiste en le présentant comme de la gouvernance souverainiste, Pauline Marois aura porté plus loin encore que les autres dirigeants péquistes un provincialisme étroit. Pour nombre d’indépendantistes, n’ayant pas encore quitté le Parti québécois, le Rubicon venait d’être franchi. Le bloc social dirigé par les élites nationalistes risquait de continuer à se décomposer débouchant sur la fragmentation de la mouvance souverainiste... et l’usure de son pouvoir d’attraction.

Réalités et limites du réalignement préélectoral de 2012

C’est l’approche de l’échéance électorale qui a permis à Pauline Marois de sonner le rappel des troupes. Elle a expliqué que pour retourner au pouvoir, il fallait taire les querelles internes, et pour ce faire, elle a accepté de lâcher un peu de lest. Elle le fera en ne faisant pas battre la proposition sur le référendum d’initiative populaire et en offrant de mettre sur pied un comité pour la préparation de la souveraineté, ce qu’elle avait refusé lors du dernier congrès de son parti. De plus, avec la multiplication des départs de dirigeants de la droite péquiste (Lucien Bouchard, André Boisclair, Joseph Facal, François Legault) et l’apparition de la Coalition Avenir Québec, le passage de certains de ses députés au Parti de Legault, la direction péquiste comprend bien qu’il est impossible d’occuper, pour le moment, le même espace que la CAQ, au centre droit de l’échiquier politique. L’espace à gauche est plus large compte tenu du développement actuel de Québec solidaire. D’autre part, les politiques conservatrices et réactionnaires du gouvernement Harper sont largement rejetées au Québec. Les résultats des dernières élections fédérales au Québec ne s’expliquent pas autrement. Le réalignement envisagé par le PQ vise à rallier l’opposition aux partis de la droite fédéraliste et prétend créer au sein du PQ un front uni contre le tandem Charest-Legault présenté comme des complices objectifs du gouvernement fédéral.

Mais ce réalignement reste limité. Le référendum d’initiative populaire, adopté au Conseil général au début de l’année 2012, apparaît comme une concession de circonstance aux éléments indépendantistes du Parti. Il ne passera pas l’épreuve de la campagne électorale. Durant cette dernière, le référendum d’initiative populaire est, après quelques flottements, réduit à une consultation dont l’initiative reviendra en fin de compte au gouvernement. La gouvernance souverainiste reste le credo. Le Parti québécois se contentera durant la campagne de 2012 de parler de souveraineté sans qu’aucun moyen concret pour marquer une rupture d’avec l’État canadien ne soit offert aux secteurs souverainistes de la population. Si ce n’avait été de la campagne des partis fédéralistes sur les dangers de la tenue d’un éventuel référendum, le Parti québécois se serait contenté de la perspective d’une gouvernance souverainiste, soit d’un autonomisme qui n’ose pas dire son nom. Sur le terrain de la question nationale, malgré une unité de façade, le Parti québécois reste un parti lézardé incapable d’indiquer une voie quelconque vers l’indépendance du Québec.

Sur le terrain social, le Parti québécois se dira solidaire des mobilisations du mouvement étudiant et du printemps des carrés rouges. Mais cette solidarité ne signifiera pas la défense par le Parti québécois de la revendication du gel des frais de scolarité, et encore moins celle de gratuité scolaire. Le gel sera maintenu, mais jusqu’à l’instauration d’une indexation des frais de scolarité après la tenue d’un sommet sur le financement des universités en février 2013. La critique de l’inféodation du système universitaire aux besoins de l’entreprise privée portée par des composantes majeures du mouvement étudiant ne sera en rien reprise par le PQ qui défend une conception de l’éducation centrée sur le développement du capital humain comme ressources pour les entreprises québécoises. Il promet d’abolir la contribution santé et diverses hausses de tarification.

Sur le terrain écologique, le réalignement envers la défense de l’environnement est lui aussi tactique et superficiel. Si le programme du Parti défend un Québec vert et bleu, si le parti dénonce le comportement de l’industrie des gaz de schiste et soutient le moratoire sur leur exploitation, le programme du 16e congrès se montre ouvert à l’exploitation du pétrole du golfe St-Laurent par le privé en vue de l’exportation. Pourtant, la posture péquiste semble suffisante pour s’attirer l’appui des personnes ayant une sensibilité environnementaliste.

Sur le terrain démocratique, les propositions mises de l’avant par le Parti québécois ne visent pas à renforcer la démocratie citoyenne, mais prétend redonner aux QuébécoisES la confiance dans leurs institutions démocratiques. Mais, préoccupé de bloquer le développement des partis politiques sur sa gauche, le PQ a rayé de son programme à son 16e congrès la réforme du mode du scrutin faisant une place à la proportionnalité des voix exprimées.

Il reste que ces réalignements de surface ont permis au PQ de présenter un vote pour le PQ comme un vote stratégique permettant de laisser ouvertes les perspectives de la souveraineté, le blocage de la tarification des services publics, la défense des énergies renouvelables et le renouvellement des institutions démocratiques. Le keynésianisme de la campagne électorale et la protection des acquis sociaux vont rapidement démontrer leur caractère vain et trompeur. Essentiellement, il faut savoir distinguer clairement le discours du PQ dans l’opposition (et particulièrement en campagne électorale) de la pratique d’un gouvernement péquiste qui cherche rapidement à s’assurer du soutien des milieux qui monopolisent les pouvoirs économiques et idéologiques dans la société québécoise. Essentiellement, le premier discours sert à utiliser les classes populaires, les mouvements sociaux et les aspirations nationales comme un marche pied vers le pouvoir alors que la pratique gouvernementale est d’abord marquée par la recherche de respectabilité et de crédibilité auprès de l’oligarchie régnante qui continue de posséder l’essentiel des pouvoirs dans la société québécoise.

D’une victoire poussive à une multiplication des reculs politiques ou comment le gouvernement Marois se rallie à une orientation néolibérale sous les pressions de l’oligarchie régnante.

Malgré son réalignement, le Parti québécois a connu une victoire poussive : 54 députéEs soit 4 de plus que le PLQ ; 31,9 % des voix, soit 0,7% de plus que le parti de Jean Charest. Le Parti québécois a tout juste pu imposer un gouvernement minoritaire après 3 mandats et 9 années d’un gouvernement libéral marqué par la corruption, le bradage de nos ressources, la complicité avec les pollueurs, une répression sans masque contre la jeunesse étudiante en lutte et un aplaventrisme sans frein devant l’État fédéral. S’il avait pris le pouvoir avec une minorité des voix en 1998 - 42,9 % des voix par rapport à 43,6 % pour le PLQ- le PQ prend le pouvoir en 2012 avec 10 % de voix de moins qu’aux élections de 1998. En 2012, le PQ s’est révélé moins capable qu’autrefois de construire un vaste bloc autour de lui. La volonté d’attribuer la responsabilité de cette faiblesse aux votes de la gauche indépendantiste des autres partis manifeste un aveuglement volontaire sur les causes de cette faiblesse.

Durant les premières semaines au pouvoir, le gouvernement péquiste a maintenu certaines promesses : fermeture de Gentilly II, fin de l’exploitation de l’Amiante, abolition de la loi 12 et maintien du gel des frais de scolarité jusqu’à leur indexation après la tenue du sommet sur l’éducation. La volonté de profiter des mobilisations des mouvements sociaux avait un prix.

Les partis fédéralistes avec 58,3% des voix, les milieux d’affaires et les médias sous leur contrôle sont montés aux créneaux pour lui demander des preuves de loyauté et pour l’appeler à démontrer son ouverture et sa compréhension par rapport à la défense des intérêts de l’oligarchie dominante : rejet de toute réforme importante de la fiscalité allant dans le sens d’une véritable distribution des richesses, diminution des dépenses publiques, maintien de la contribution santé, abandon de toute hausse significative des redevances minières, ouverture à l’exploitation du pétrole dans le golfe St-Laurent, ouverture à l’importance et au transit du pétrole albertain sur son territoire, défense et promotion du Plan Nord, soutien aux accords de libre-échange en cours de négociation (Europe, Chine...), départ ou marginalisation des ministres trop directement liées à des mouvements sociaux... En se conformant à ces demandes, le gouvernement péquiste a ainsi inscrit sa politique économique dans les pas du gouvernement Charest.

Le budget Marceau a été une réponse positive exemplaire à l’ensemble de ces demandes et un moment fort de la démonstration du ralliement du gouvernement péquiste à une approche strictement néolibérale. Malgré le ralentissement économique, le ministre Marceau a maintenu l’objectif du déficit zéro pour 2013-2014. Son budget reprend à son compte le mythe d’un Québec qui aurait vécu au-dessus de ces moyens et propose de limiter radicalement les dépenses publiques. Au moment du dépôt des crédits, le gouvernement péquiste annonce qu’il multipliera les compressions dans la quasi-totalité des ministères. Le budget maintient le principe de l’utilisateur-payeur et la tarification des services publics.

Le gouvernement péquiste n’a présenté aucun plan sérieux de reconversion écologique. Il n’a planifié aucun investissement important dans le développement des énergies renouvelables. Il n’a démontré aucune volonté d’organiser la mise en place d’un vaste chantier public d’une transition vers l’utilisation exclusive des énergies renouvelables et d’électrification des transports collectifs. Les investissements du secteur privé seront, soutient-il, le moteur de l’économie et de la croissance. Le gouvernement définit son rôle comme celui d’accompagnateur du secteur privé. Sa tâche, c’est de créer de meilleures conditions d’affaires, les meilleures conditions d’investissements. En somme, le gouvernement péquiste n’a aucun grand projet collectif à proposer. Ses intentions sont claires : rapetisser les services publics, diminuer les sommes qui leur sont consacrées, pour subventionner les plus riches à qui on demande de moins en moins. En cela, il organise la régression sociale. Dans son discours d’ouverture de la session parlementaire, Pauline Marois a hautement revendiqué l’exploitation du pétrole dans le golfe St-Laurent. Le gouvernement péquiste se situe par là dans la logique de démission des différents gouvernements occidentaux face à la lutte contre le réchauffement climatique. Mais, cette politique énergétique a aussi sa dimension nationale : celle de l’acceptation de faire du Québec, une plaque-tournante dans la distribution des hydrocarbures en direction des États-Unis. En ce domaine également, le gouvernement péquiste maintient le Québec dans une situation de dépendance nationale tant vis-à-vis du Canada que de Washington.

Le gouvernement péquiste soutient le libre-échange avec l’Europe et fait encore le jeu du gouvernement canadien... Le discours d’ouverture de Pauline Marois annonçait le soutien de son gouvernement à l’Accord de libre-échange avec l’Europe. Cet accord va ouvrir les marchés publics du Québec au capital européen. Cet accord va exercer des pressions pour la privatisation des services publics. L’appui à cet accord de libre-échange favorisera le renforcement de notre dépendance au capital étranger. Il menace notre secteur public. Dans la situation actuelle de récession généralisée en Europe, la prétendue ouverture d’un marché de 500 millions de personnes risque de s’avérer totalement illusoire. De toute façon, c’est encore une fois, une vision des intérêts de la bourgeoisie qui sont ici essentiellement pris en compte. Cette politique va immédiatement à l’encontre du sens véritable de notre lutte visant à construire un Québec indépendant et solidaire pour la majorité de sa population.

En soutenant le plan Nord, en se faisant le défenseur, au Québec, de la stratégie canadienne sur les hydrocarbures et se faisant le promoteur de l’Accord du libre-échange avec l’Europe, le gouvernement péquiste ne poursuit en rien une politique d’indépendance nationale, il s’inscrit comme un acteur de l’assujettissement national du Québec. Il s’agit là d’une politique de démission honteuse dans la défense d’une véritable politique d’indépendance nationale. Il s’agit là d’un abandon de toute politique de reprise en main de nos richesses et de notre économie dans l’intérêt de la majorité de la population.

En somme, le gouvernement péquiste, c’est le gouvernement de la capitulation tranquille

Reprise des politiques néolibérales, soumission du Québec aux stratégies impérialistes de libre-échange et aux stratégies de prédation de nos richesses naturelles et énergétiques, les politiques péquistes s’inscrivent dans une logique néolibérale d’une part et d’asservissement national d’autre part. La dimension anti-impérialiste de l’indépendance est pour ce parti complètement en dehors de son champ de vision et de sa volonté politique.

Le gouvernement péquiste se fait le défenseur de la soumission nationale et sociale du Québec aux intérêts du grand capital. Il s’exclut ainsi de toute prétention à se situer à gauche. Espérons, que les hérauts du vote stratégique tireront enfin les leçons du cours actuel du gouvernement péquiste.

Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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