Un nouveau pouvoir s’est installé à Madagascar en la personne du colonel Michel Randrianirina, dirigeant du CAPSAT (Corps d’Armée des Personnels et des Services Administratifs et Techniques), en charge de la logistique de l’armée. Cette unité, au terme de deux semaines de luttes exemplaires de la jeunesse malgache baptisée Gen Z, s’était rangée du côté des manifestants.
Pression et menace
Cette prise de pouvoir a été aussitôt dénoncée par Andry Rajoelina, désormais ancien président, considérant qu’il s’agit d’un coup d’État. Rappelons que lui-même était arrivé au pouvoir en 2009 dans des conditions similaires, il déclarait alors : « Le pouvoir appartient à la population, c’est la population qui donne le pouvoir et qui reprend le pouvoir. »
Le « respect de l’ordre constitutionnel » est désormais entonné par tous les tenants de l’ordre établi. Macron n’est pas en reste : il met en garde contre les interférences étrangères dans la Grande Île, lui qui a organisé l’exfiltration de Rajoelina pour le soustraire à une éventuelle comparution devant la justice de son pays.
L’Union africaine (UA) tient un discours identique sur le respect de la Constitution. Elle offre à Rajoelina des marges de manœuvre en ouvrant la voie à une pression économique sur les nouvelles autorités du pays. La menace plane d’une suspension de l’aide, estimée à environ 700 millions de dollars par an, tant que l’ordre constitutionnel ne serait pas rétabli. Une UA qui passe pourtant son temps à entériner les mascarades électorales qui se déroulent sur le continent.
Construire l’après
Autre défi de taille : le risque d’une confiscation de la révolution. Lors du rassemblement sur la place du 13‑Mai à Antananarivo, la capitale, organisé pour rendre hommage aux victimes de la répression et fêter la victoire, les officiers de l’armée, les politiciens et les prêtres ont tenté, en vain, de reléguer les jeunes à l’arrière‑plan.
Cependant, la volonté largement partagée d’une rupture radicale avec l’ancien ordre politique reste vivace. Déjà, un « Manifeste citoyen pour une nouvelle gouvernance équilibrée à Madagascar » a vu le jour, et des réunions sont prévues pour discuter « d’un changement de système ».
Cette effervescence s’observe également du côté des travailleurs. A la compagnie aérienne Madagascar Airlines, par exemple, le syndicat a lancé un ultimatum exigeant le départ du directeur général, un ancien cadre d’Air France et de tous les consultants étrangers. En cas de refus, le syndicat appelle à ne plus obéir aux ordres de la direction et à constituer une instance collégiale chargée de la gestion de la compagnie.
Si la situation reste difficile, les jeunes et les travailleurs, conscients des expériences du passé, notamment celle de 2009, s’efforcent de construire collectivement un Madagascar nouveau.
Paul Martial
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