Édition du 23 avril 2024

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Le mouvement des femmes dans le monde

Où en est la résistance féminine ukrainienne ? Compte-rendu

A Paris, le 10 janvier dernier, la salle du Maltais Rouge accueillait 70 participant-e-s à l’appel du collectif féministe du Réseau Européen de Solidarité avec l’Ukraine (RESU), en lien avec un réseau féministe de pays de l’est de l’Europe et le collectif russe Feminist anti-war resistance. Un beau succès pour cette réunion ouverte sur la situation de la résistance ukrainienne, avec des militantes d’Ukraine, du Kazakhstan, de Russie, impliquées dans la solidarité.

Tiré de entre lesl ignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/01/19/ou-en-est-la-resistance-feminine-ukrainienne-compte-rendu/

Des femmes impliquées localement dans des initiatives anticoloniales ont abordé la question de l’impérialisme russe et la solidarité féministe anticoloniale.

Valeria Zubatenko, féministe, artiste et éducatrice ukrainienne, de Marioupol, actuellement étudiante aux beaux Art en Belgique à Bruxelles a rapporté son expérience militante. Elle fait partie d’une organisation de gauche Sotsialnyi Rukh (Mouvement social). Elle était également responsable d’un programme s’adressant aux communautés LGTB+, aux adolescents porteurs du HIV, aux prostituées et usager(e)s de drogue. Elle travaille actuellement sur un projet artistique traitant de la guerre dans une optique anti-impérialiste, antifasciste et anti-coloniale.

Elle est revenue sur les relations entre la Russie et l’Ukraine, colonisée historiquement par la Russie et par Staline ensuite. Elle souligne la méconnaissance des « occidentaux » sur les colonies de l’ex URSS. Elle décrit la guerre comme moyen de faire aboutir les objectifs politiques de Poutine : continuer à étendre « l’empire Russe ». Elle rappelle que les Ukrainiens étaient considérés comme des serfs, elle revient sur le génocide des Ukrainiens – Holodomor – par Staline, la langue russe contre la culture et la langue ukrainiennes, la révolution pour la dignité (le Maïdan de 2014), l’invasion de la Crimée. Elle dénonce la vision colonialiste de l’Etat Russe telle qu’elle est diffusée dans les médias aux ordres de Poutine. C’est une guerre impérialiste ! c’est un conflit de longue date.

Valéria a évoqué le sentiment qu’elle avait éprouvé en traversant les villes et villages vers Lyiv : villes désertées et dévastées, le bruit incessant des générateurs, les missiles qui détruisent maisons, hôpitaux, écoles, une poupée qui ne devrait pas être là témoigne de la précipitation des départs, etc… Là-bas je ne sais jamais où vont tomber les missiles. A Zaporijia, on manque de tout (électricité, eau, médicaments, etc…) Qu’est-ce le féminisme aujourd’hui quand une vieille dame est obligée de vendre dans la rue ses derniers trésors pour avoir un peu d’argent… La solidarité est importante pour nous, on lutte pour la dignité humaine.

Avoir des principes féminisme : quand on dit NON ! c’est NON ! Les femmes ukrainiennes sont confrontées à des violence de genre. Les troupes russes de l’invasion ont recours au viol comme arme de guerre contre les femmes et enfants. En Ukraine, l’IVG est légalement autorisée mais depuis la guerre de nombreuses femmes se sont réfugiées en Pologne, et là-bas le recours à l’IVG est interdit et même passible d’emprisonnement.

Dans le mouvement féministe, on rencontre bien des positions nationalistes et militaristes, ce qui est privilégié est ce qui permet d’organiser la survie contre l’impérialisme russe. Faut-il arrêter la guerre à tout prix ? Peu de féministes adoptent des positions pacifistes ou antimilitaristes : si on laisse tomber les armes, ce sera une avancée dans une agression contre tous les droits féministes.

L’Antimilitarisme s’oppose à la réalité politique et économique que vivent les Ukrainiennes. Qui est victime des violences ? l’Ukraine doit-elle armée ou pas ?

Il n’y a pas d’obligation pour les jeunes de faire leur service militaire. Dans l’armée 30% sont des femmes qui ont choisi de combattre armées souvent dans des bataillons où l’on rencontre anarchistes et gauchistes, LGTB+… L’invasion russe oblige les Ukrainiennes à concentrer leurs forces à la fois dans la lutte pour la survie et dans celle pour les libertés démocratiques, pour l’autodétermination politique.

Il y a des nazis en Ukraine ? On a cette réalité chez nous … comme en Allemagne…

Pour les campagnes de solidarité qui sont essentielles, c’est mieux de demander aux Ukrainiens de quoi ils ont besoin. Les collectes d’argent doivent être envoyés aux organisations de terrain telle que le « Sotsialnyi Rukh » plutôt qu’à des organismes humanitaires style Croix Rouge ou autres qui souvent sont liés à l’Etat.

Maria vient de Russie et appartient à « Média Résistance », elle soutient une campagne de boycott des entreprises françaises qui persistent à être présentes à Moscou. Certaines comme Eutelsat ayant pignon sur rue à Paris, dont les satellites continuent de diffuser la propagande de Moscou, envoient toute sorte de matériel électroménager et permettent à la Russie de récupérer les puces qui vont équiper les drones qui bombardent l’Ukraine, d’autres fournissent directement l’armée de Poutine, comme Bonduelle qui envoie ses conserves et ses vœux de victoire à l’armée russe. Il faut boycotter ces entreprises qui ne respectent pas les sanctions. Les oligarques russes qui ont toujours leurs résidences sur la Côte d’Azur doivent aussi être sanctionnés

Linda du Kazakhstan où l’on parle deux langues : le kazakh et le russe et où ont été accueillis beaucoup d’hommes russes qui, refusant de faire la guerre, ont échappé à la mobilisation et se sont installés.

Une féministe russe de Berlin milite dans un groupe qui s’appelle « Droit de résister » et appelle à une action le week-end du 25 février. Elle témoigne qu’en Russie, dans différentes régions, des groupes féministes ont commencé à organiser la résistance à la guerre dans la population indigène de Russie.

Une camarade du Tatarstan marque son accord avec l’intervention de Maria et appelle à des actions concrètes de solidarité.

Un étudiant chinois intervient en disant qu’il se sent très concerné par ce qui se passe en Ukraine et solidaire avec la résistance féministe. Revient sur la répression et agression de Xi Jinping contre les Chinois, contre les Ouigours et l’utilisation massive de camps d’internement… et conclut que ce sont tous des appareils d’état capitalistes répressifs.

Catherine Samary précise que le RESU va organiser des actions durant la semaine du 24 février et il y aura une manifestation à Paris le 25 février précédé d’une réunion le 23 à la Bourse du Travail de Paris. Le RESU développe une solidarité par le bas. On peut voir sur le site « le Manifeste des ukrainiennes » quelles sont leurs revendications et leurs actions : l’accès au travail, défense des droits des femmes, pétitions pour le droit à l’avortement des ukrainiennes en exil en Pologne, appel à la cagnotte, au soutien financier…

https://ukraine-solidarity.eu/el-derecho-a-resistir-un-manifiesto-feminista
“The right to resist.” A feminist manifesto | Спільне (commons.com.ua)

Un camarade intervient pour dire que Jean Pierre Pasternak et son groupe organisent toutes les semaines( mercredi ou samedi) des manifestations dénonçant la déportation des enfants enlevés et demandant une procédure « convention de La Haye » contre Poutine et la Russie pour « crime contre l’humanité ».

Une camarade du syndicat Solidaires revient sur les actions du collectif et actions avec les organisations syndicales de Pologne vers l’Ukraine dans le recensement des besoins sur place. Renata pour la CGT, exprime la nécessité d’une solidarité concrète avec l’Ukraine par des collectes et des convois et le soutien aux syndicalistes biélorusses.

Katia observe que les divergences politiques, qu’il faut analyser, entre les organisations de gauche sur le soutien à la résistance Ukrainienne, sont lourdes de conséquences. Le rapport de force n’est pas en notre faveur et il est difficile de mener la lutte anti impérialiste avec autant de confusions dans la tête des militants de gauche ; il faut multiplier des débats de fond pour expliquer. Comment envoyer les dons et à qui ?

Valéria rappelle que le Sotsialnyi Rukh reçoit les dons que l’on peut leur envoyer aussi à « Féminist workshop » (voir sur le site du RESU).

Un appel aux manifestations qui, la semaine du 24 février, marqueront de la première année de la guerre, a conclu la réunion.

De notre correspondante.
https://aplutsoc.org/2023/01/15/ou-en-est-la-resistance-feminine-ukrainienne-compte-rendu/

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