Édition du 26 mars 2024

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France

En grève jusqu’à la victoire !

Plan de l'intersyndicale : on ne gagnera pas avec une lettre à Macron, il faut élargir la reconductible !

Ce 7 mars, la mobilisation a été massive et historique partout en France, avec 3,2 millions de manifestants dans le pays selon la CGT. Alors que des secteurs stratégiques sont entrés en reconductible et s’organisent pour bloquer l’économie, l’intersyndicale a choisi de reconduire une stratégie de pression, allant jusqu’à demander un rendez-vous avec Emmanuel Macron.

8 mars 2023 | tiré de Révolution permanente

Une mobilisation record, un début de reconductible et de nombreuses actions

Après deux semaines d’interruption, les manifestations ont battu de nouveaux records : 700 000 personnes à Paris, 120 000 personnes à Toulouse (80 000 manifestants le 31 janvier), 100 000 à Bordeaux (75 000 le 31 janvier), plus de 200 000 à Marseille (150 000 le 31 janvier), 75 000 manifestants à Nantes (65 000 le 31 janvier), 40 000 manifestants à Limoges (38 000 le 31 janvier) ou encore 21 000 à Tarbes, 12 000 à Narbonne et Aubenas, 10 000 à Lannion…

Des chiffres accompagnés de taux de grévistes importants, et surtout du départ en reconductible de plusieurs secteurs stratégiques. Ainsi, à la SNCF, les cheminots, fortement mobilisés, ont largement reconduit la grève ce mardi. De même dans la pétrochimie, les raffineurs restent en grève et continuent de bloquer les expéditions jusqu’à au moins vendredi. Dans l’énergie, la reconduction a également été suivie, de même que dans les ports, où la mobilisation reste très importante ce mercredi avec les principaux ports du pays bloqués.

Des chiffres qui se sont accompagnés de signe d’une plus forte activité à la base par rapport aux précédentes journées. Un constat visible dans les actions qui se sont multipliées : des blocages interprofessionnels de rond-point au Havre, à Caen ou à Boulogne-sur-Mer, aux péages gratuits, comme à Saint-Avold, réunissant des travailleurs du privé de Arkema, Neuhauser, SNF, Continental, Dain ou Grundfos, en passant par les traditionnelles actions des électriciens et gaziers qui ont bloqué de nombreux sites, ou aux barrages filtrants autour de différentes usines en grève comme Stellantis à Metz.

Mais cette dynamique s’est également retrouvée en partie dans certaines AGs, qui ont grossi en taille dans l’éducation ou chez les cheminots. Ces AGs ont fréquemment appelé à reconduire la grève dans différentes villes, témoignant des aspirations à la base à dépasser le calendrier et la mainmise de l’intersyndicale pour durcir le mouvement. Des aspirations qui vont de pair avec une réflexion croissante sur l’enjeu de mêler revendications pour les salaires et bataille des retraites, sur fond d’inflation croissante et de regain des luttes salariales. Autant d’éléments qui témoignent à nouveau que la force et la détermination pour battre Macron est présente à la base.

L’intersyndicale refuse d’appeler à élargir la grève reconductible !

La tonalité du communiqué présenté ce mardi 7 mars au soir par les directions syndicales ne pouvait pas être plus déconnectée de cet état d’esprit. Dans le texte présenté en conférence de presse, les dirigeants se refusent à tout appel à la grève reconductible, encourageant « tous les secteurs professionnels à poursuivre et amplifier le mouvement », appelant à « se saisir » du 8 et du 9 mars, tout en ne donnant comme véritable perspective que deux nouvelles journées isolées, dont la première aura lieu un samedi, le 11 mars.

Un appel qui participe à isoler les secteurs en grève reconductible depuis mardi, et s’inscrit à nouveau dans une stratégie de pression malgré les appels à « mettre la France à l’arrêt » des dernières semaines. En ce sens, les directions de l’intersyndicale vont jusqu’à expliquer dans leur communiqué « le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive » avant d’expliquer vouloir adresser « un courrier lui demandant à être reçue en urgence pour qu’il retire sa réforme. »

Un signal scandaleux, renforcé par le rendez-vous entre Laurent Berger et des députés Les Républicains autour d’Aurélien Pradié organisé dès le lendemain du 7 mars. Alors que des milliers de grévistes posent la question de la grève reconductible et commencent à durcir le rapport de forces pour gagner, l’intersyndicale laisse entendre que l’heure est toujours aux négociations dans les salons ministériels, aux courriers à Macron, et à tendre la main aux députés de droite. Alors que le gouvernement compte passer sa réforme le plus vite possible, avec un vote espéré dès le 16 mars, cette stratégie nous condamne à la défaite, il faut un appel clair à la grève reconductible !

Leur stratégie nous mène dans le mur, il faut s’organiser pour élargir la reconductible et bloquer l’économie

Malgré l’annonce de l’intersyndicale, les éléments de grève reconductible et d’activité à la base étaient encore visibles ce jeudi 9 mars. De nombreux blocages et actions étaient ainsi organisés à nouveau ce matin, sur les ports, les sites de l’énergie mais aussi au Louvre, où 150 travailleurs de la CGT Culture ont manifesté dans la salle de la Joconde, où à l’incinérateur d’Ivry, toujours bloqué par les éboueurs. Des actions menées par des travailleurs en reconductible, qui insistent sur la nécessité d’élargir le mouvement. « Plus il y aura de corps de métiers en mouvement et en grève, plus on pèsera sur l’économie et on pourra mettre la pression aux patrons » expliquait ainsi Arnaud Minec, raffineur à Donges, ce mercredi.

C’est dans cette direction qu’il y a urgence à travailler, en faisant des actions interpros et des Assemblées générales un outil d’extension de la grève reconductible. Dans le même temps, il est fondamental que les fédérations CGT qui mènent actuellement la grève reconductible dans l’énergie, la pétrochimie, les ports et docks ou à la SNCF mènent une politique active en direction des autres secteurs, en coordonnant l’ensemble des grévistes engagés dans la reconductible et en menant une politique systématique pour étendre la grève, par des actions en direction des autres secteurs.

Une politique qui passe par l’extension du cahier revendicatif. A l’heure où l’inflation ne fait que se renforcer et où les grèves pour les salaires se multiplient, il est fondamental de lier lutte contre la réforme des retraites et lutte pour les salaires, comme le défendent de nombreux travailleurs à la base. Un objectif souligné dans une pétition du Réseau pour la grève générale qui appelle l’intersyndicale à « assumer d’élargir les mots d’ordre et y intégrer les revendications salariales. En se mobilisant massivement et en généralisant la grève, le monde du travail, la jeunesse et l’ensemble des classes populaires ont aujourd’hui une occasion historique pour obtenir non seulement le retrait de la réforme des retraites, mais aussi la retraite à 60 ans et à 55 ans pour les métiers pénibles, l’augmentation générale des salaires et leur indexation sur l’inflation ! »

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