Édition du 26 mars 2024

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Europe

Portugal : contre le poids inacceptable de la dette. La démocratie dépend de la lutte sociale

Nous publions ci-dessous la traduction d’un communiqué du Bloc de gauche du Portugal. Il résume une résolution prise par sa Coordination nationale qui s’est tenue le 3 décembre 2011. Nous y avons ajouté quelques passages de la résolution, beaucoup plus longue, afin de mieux éclairer certaines revendications.

Le samedi 3 décembre 2011, la Coordination nationale du Bloc de gauche a approuvé une résolution dans laquelle il procède à un bilan de la grève générale du 24 novembre 2011 [convoquée par la CGTP et l’UGT et appuyée par divers mouvements sociaux] et de la situation politique et sociale portugaise et aborde la question du Sommet européen (du 8-9 décembre 2011) et les questions européennes urgentes. Il a également traité de manière plus détaillée la question de la dette.

Pendant la conférence de presse qui a succédé aux travaux de la Coordination nationale du Bloc de gauche, Francisco Louçã a déclaré que dans le contexte politique et social portugais actuel : « Il faudra une mobilisation unitaire générale et une lutte sociale suffisamment forte pour pouvoir résister à la destruction de l’économie portugaise. »

En se référant à la crise de la dette et aux questions européennes urgentes, le dirigeant du Bloc de gauche a averti qu’il était indispensable que soit approuvée, lors du Sommet européen du 9 décembre, une mesure envisageant « de retirer complètement les émissions de titres de la dette souveraine des Etats européens des griffes du système financier spéculatif mondial et de réaliser un financement bancaire comme c’est le cas aux Etats-Unis et en Angleterre [par les Banques centrales] pour protéger les économies et pour réorienter l’économie contre la spéculation et en faveur de l’emploi. »

Au cas où cette mesure ne serait pas approuvée, l’euro court le risque de s’écrouler, avertit Louçã, en ajoutant qu’à défaut de cela nous assisterons à une désintégration continue de l’euro et à une croissance exponentielle des politiques d’austérité. Le Bloc de gauche salue la grève générale du 24 novembre et condamne l’abstention du PS lors du vote du budget 2012 [présenté par le gouvernement du Parti social-démocrate de Pedro Passos Coelho].

La Résolution a été approuvée par la Coordination nationale avec 2 abstentions et aucune opposition. Le Bloc de gauche salue « les organisateurs de la grève et sa dimension unitaire et souligne leurs efforts en vue de garantir que les manifestations soient un lieu de fête et d’expression de l’indignation du peuple où tous peuvent y participer en sécurité », en considérant qu’il « n’est pas acceptable que les agissements de la police puissent limiter le droit des personnes à manifester ».

Dans ce document, le Bloc de gauche condamne aussi « l’abstention du PS lors du vote sur le budget, ce qui revient à protéger une fois de plus les politiques récessives et à aggraver la crise nationale ». Il annonce, en outre, le lancement par Internet d’une pétition « qui puisse être signée par les membres des Commissions de travailleurs, des syndicalistes, des députés, des membres des mouvements sociaux et des personnalités de notre société, et qui aboutira à fin janvier 2012 à une initiative publique ».

Le Bloc s’oppose aux mesures proposées par Merkel et Sarkozy

En ce qui concerne les questions européennes, le Bloc de gauche réaffirme dans cette résolution « son opposition frontale aux mesures proposées par Merkel et Sarkozy : le contrôle préalable [par des instances européennes] des budgets des États nationaux, l’aggravation des sanctions contre les économies en difficulté ou la suspension des fonds structurels » [fonds alloués aux pays de ladite périphérie] qui « constituent des formes inacceptables de restriction autoritaire des capacités de choix de chaque pays ».

Le Bloc annonce en outre « son intention de lutter avec toutes ses forces pour la tenue d’un référendum populaire où le peuple pourra manifester son opinion sur les politiques d’austérité et sur la prise en main de l’Union européenne par les gouvernements de l’Allemagne et de la France ». A ce propos, il avance quatre mesures d’urgence contre le chantage financier :

1° Une intervention immédiate de la BCE (Banque centrale européenne) en tant que prêteur en dernier ressort aux États membres de l’UE, en achetant les émissions de titres de la dette.

2° Un programme de substitution des titres nationaux par des euro-obligations (eurobonds). [La résolution exige, entre autres : « un transfert à hauteur de 60% de la dette des États membres de l’UE à une banque ou à une institution financière européenne, publique, au moyen d’un transfert-échange des titres de dette [nationaux] en euro-obligations. Ces titres seraient garantis par la BCE, ce qui permettrait ainsi le financement des États avec un taux d’intérêt proche du taux de référence de la BCE et qui garantirait une substantielle réduction du fardeau de la dette. »] [« La Banque européenne d’investissement – BEI – devrait être recapitalisée pour pouvoir appuyer un programme de redynamisation économique à l’échelle européenne. »] [« Le 60% de la dette portugaise qui sera transféré (sous forme d’euro-obligations) devra avoir un impact sur les parts de la dette contractée avec des taux d’intérêt élevés (particulièrement au cours des dernières années)… »]

3° Un échange direct [bilatéral ou multilatéral] entre dettes publiques à court et moyen terme [jusqu’à trois ans] des différents Etats européens, en dehors des marchés financiers.

4° Le retrait immédiat des dettes souveraines du système d’évaluation opéré par les agences de notation.

Le Bloc de gauche exprime son soutien au processus récemment lancé pour la mise sur pied d’un audit citoyen de la dette et affirme que : « le peuple a le droit de ne pas payer la dette qui provient des intérêts spéculatifs, d’accords contractuels illégaux ou préjudiciables, ou encore de commissions insupportables ».

Dans la résolution approuvée ce samedi 3 décembre 2011, le Bloc s’oppose à la recapitalisation des banques avec de l’argent public et exige le paiement des dettes au peuple portugais.

* Traduction A l’Encontre.

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