Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Qu’avons-nous compris du 11 septembre ?

Les commémorations du 11 septembre sont terminées. Pendant deux semaines, tous médias confondus nous ont rappelé les 3 000 victimes des attaques du 11 septembre 2001, le courage des forces constabulaires et des différents membres des services de la ville de New York, ainsi que l’incompréhension et l’indignation des premiers moments. Aujourd’hui, 10 ans plus tard, qu’elle est notre compréhension de ces évènements ? Sommes-nous davantage en mesure d’expliquer ceux-ci ?

Après les évènements du 11 septembre, le président américain de l’époque, George W. Bush, expliquait la raison de cette attaque par ces mots : « l’Amérique est la cible des attaques parce que nous sommes le phare le plus brillant de la liberté dans le monde ». Ma foi, c’est à la fois grossier et très loin de la réalité. Pour expliquer cet évènement, je propose plutôt de procéder à un retour historique et une observation des impacts de la politique extérieure américaine.

Pour retracer l’origine de l’islam radical contemporain, il faut remonter à la période de la « décolonisation », soit dans les années 1950 et 1960. À cette époque se joue à l’intérieur des mouvements de libération nationale au Maghreb et au moyen orient une lutte à trois : les socialistes à la fois nationalistes et laïques (ex. le Front de libération nationale (FLN), les partis Baas, etc.), les communistes autoritaires et les islamistes. En Égypte, en Irak, en Algérie et en Syrie, les nationalistes/socialistes réussirent à obtenir le pouvoir et réprimèrent durement leurs concurrents. Rapidement, les nouveaux détenteurs du pouvoir, soutenus par les puissances occidentales, se sont également avérés corrompus et incapables de tenir leurs promesses d’amélioration des conditions de vie. La situation des populations locales, dont le chômage et la pauvreté, s’est continuellement détériorée. De son côté, la tendance communiste autoritaire, affaiblie par la chute de l’URSS, n’a jamais été en mesure de se relever de la répression dont elle fut victime. Les islamistes sont ainsi apparus comme la seule force de contestation contre les régimes despotiques de ces pays. Dans d’autres situations, pour contrer l’influence de Moscou, les Etats-Unis ont financé et armé des factions guerrières islamistes, participant ainsi à leur montée en puissance, comme par exemple en Afghanistan. Durant les années 90, la première guerre du Golfe et les sanctions imposées à l’Irak ont largement contribué à dynamiser les groupes islamistes radicaux. Si l’on ajoute à cela le soutien indéfectible des Etats-Unis à Israël, ainsi que la grande misère sociale de populations, nous obtenons évidemment un cocktail explosif. Nous sommes ainsi davantage en mesure de comprendre les racines de cette haine envers les Etats-Unis chez les islamistes radicaux.

Dix ans plus tard, nous nous souvenons de : l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak, les bombardements de l’OTAN en Libye, la torture des prisonniers (simulation de noyade, privation sommeil, humiliation sexuelle, etc.) notamment à Abou Ghraib et Guantanamo, le conflit israélo-palestinien toujours non résolu, l’islamophobie qui prend des proportions inquiétantes, les nouvelles dérives sécuritaires des gouvernements occidentaux. Il semble qu’on ne puisse manifestement dire que les gouvernements aient compris quelque chose du phénomène de l’islam radical, de ce dont il se nourrit et de ce qu’il engendre. Par leurs occupations militaires, ils ont plutôt contribué à le renforcer.

Simon Tremblay,

Mots-clés : Edition du 2011-09-06

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