Press Progress, 25 mai 2017 | Traduction : Alexandra Cyr
Alors, que va-t-il se passer maintenant ? Si vous ne le savez pas trop, dites-vous que vous n’êtes pas seul-e. Un certain nombre d’analystes de haut niveau sont incertains aussi.
Depuis cette élection, une partie des médias ont mal formulé ce qui peut arriver quand aucun parti ne remporte la majorité des sièges et ils ont publié des titres mensongers. Ces titres laissaient entendre que les Libéraux et leur cheffe, Mme Clark, avaient « gagné un gouvernement minoritaire » ou encore « se seraient maintenus » avec un gouvernement minoritaire. C’était loin de la vérité.
Malgré leurs gains, les Libéraux doivent encore former un gouvernement, mais pour y arriver, il faut une majorité de sièges dans la législature de Colombie Britannique. En ce moment, les 87 sièges de la Chambre sont distribués ainsi : 43 libéraux, 41 néo-démocrates et 3 élus du Parti vert. Que peut-il donc se passer maintenant ?
Pour être clair, ce qui va arriver sera déterminé par une combinaison (possiblement désordonnée) de procédures constitutionnelles, de conventions et de négociations politiques. Pour penser former un gouvernement, n’importe quel leader doit gagner la confiance du parlement. C’est ici que tout cela devient intéressant.
Voici comment Mark D. Javis du Mowat Centre explique les choses :
La règle de base dit que pour former un gouvernement :
1- Le gouvernement sortant a d’abord le droit de demander la confiance de la Chambre, qu’il soit en exercice ou non.
2- S’il perd cette confiance peu après l’élection, un autre gouvernement peut être formé. On doit lui donner la chance de demander la confiance de la Chambre.
3- Autrement dit, quand un gouvernement tombe, il n’est pas nécessaire de déclencher de nouvelles élections.
Comme elle est la cheffe du parti sortant, Mme Clark est, en théorie, la première à pouvoir agir (face à la Chambre), mais si elle croit ne pas pouvoir obtenir cette confiance, le chef du NPD, John Horgan, pourrait avoir l’occasion de former un gouvernement.
Beaucoup de tout cela dépend de ce que la lieutenant-gouverneur, Mme Judith Guichon, décidera de faire si Mme Clark est incapable de gagner la confiance du Parlement, qu’elle ne puisse pas présenter de discours du trône ou que le NPD en arrive à une entente avec les Verts. Si les deux hypothèses se présentent, Mme Clark pourrait déclencher de nouvelles élections, mais Mme Guichon pourrait refuser cette demande et donner la chance au NPD de former un nouveau gouvernement.
Coalitions et accords
Les coalitions et les accords entre partis sont courants dans beaucoup de pays dans le monde et, même s’ils sont rares au Canada, ils ne sont pas complètement inconnus. Ce fut le cas, d’une manière ou d’une autre, au Manitoba, en Saskatchewan, en Colombie britannique et assez récemment, en Ontario.
Après l’élection de 1985 en Ontario, le Premier ministre et chef des progressistes- conservateurs, M. Frank Miller, a dû démissionner, lui et son gouvernement, peu de temps après avoir perdu sa majorité. Même si techniquement, les députés progressistes-conservateurs avaient plus de sièges, certains ont plaidé qu’ils avaient perdu la confiance de l’électorat et que, pour le bien de la démocratie, ils devaient démissionner et laisser la place au parti ayant le plus de sièges après eux, soit le Parti libéral.
Le chef libéral, M. David Peterson, a signé une entente avec le NPD de Bob Rae et, effectivement, les progressistes-conservateurs ont été forcés, contre leur volonté, de quitter le pouvoir.
Ce qui va se passer en Colombie britannique en 2017 sera-t-il un pâle reflet de ce qui est arrivé en Ontario en 1985 ?
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