Édition du 17 juin 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Canada

"Résistance ou soumission ? Le Québec, dernier rempart contre l’expansionnisme américain"

En 1982, Margaret Thatcher entra en guerre contre l’Argentine, un pays militairement inférieur à la flotte britannique. À l’époque, la nécessité d’assurer l’approvisionnement pétrolier et la quête d’indépendance énergétique ont déclenché un conflit que peu auraient imaginé quelques années plus tôt.

Cette guerre, bien que localisée dans l’hémisphère sud, n’eut qu’un impact limité sur la scène internationale, malgré les vies perdues et la défaite argentine dans sa tentative de défendre les îles Malouines.

Quarante-trois ans plus tard, les ambitions impériales du bloc anglo-saxon renaissent sous l’impulsion de Donald Trump aux États-Unis. Cette fois, les cibles sont le Groenland et le Canada, deux territoires où l’anglais domine et qui sont dans le viseur de l’administration Trump – et ce n’est pas un hasard. La bataille pour le contrôle de l’Arctique et de ses ressources naturelles a déjà commencé. En réalité, ce sont les Soviétiques qui ont lancé l’offensive à la fin des années 1940 avec l’expédition *Sever*, découvrant et revendiquant la dorsale de Lomonossov, comme l’explique le journaliste catalan Enric Juliana dans La Vanguardia. Au cours des décennies suivantes, la Russie y a établi des bases scientifiques et militaires, identifié d’immenses gisements de gaz, de pétrole, d’uranium et de nickel, construit des brise-glaces ultra-puissants et anticipé les opportunités offertes par la fonte des glaces pour le transport maritime vers l’Europe et la Chine. Aujourd’hui, 20 % du PIB russe provient du cercle polaire arctique.

Les États-Unis, quant à eux, envisagent clairement l’assimilation du Canada et du Groenland, avec pour objectif le contrôle des futures routes commerciales maritimes. Mais les richesses naturelles de ces territoires sont tout aussi convoitées. Le Canada concentre l’essentiel de sa population dans une bande de 200 km le long de la frontière américaine, laissant l’immense majorité de son territoire vierge et inexploité. L’eau, les minéraux, les terres rares et la faible densité démographique du nord du pays font de cette région une proie idéale pour Trump – et pour Elon Musk, qui rêvent d’étendre leurs frontières en intégrant l’Alaska et le Canada.

Une menace imminente

Il ne s’agit plus de savoir si le conflit éclatera, mais quand. Le Canada, aujourd’hui, n’a ni les moyens ni la capacité de protéger ses frontières contre une assimilation rampante. Et la population, consciente du danger, redoute l’avenir.

Que faire face à la menace Trump ? L’histoire récente nous enseigne une logique implacable : là où il y a des ressources naturelles convoitées par des puissances étrangères, les populations locales paient un prix terrible. Pensons à l’Irak, où plus d’un million de civils ont péri sous l’occupation américaine. À la Palestine, colonisée depuis les années 1940, où des centaines de milliers de personnes ont été expulsées ou massacrées. Au Venezuela, dont l’économie a été étranglée par des sanctions américaines après que Hugo Chávez eut repris le contrôle du pétrole aux multinationales étrangères.

La réponse canadienne à la menace Trump s’annonce problématique, d’autant plus que l’Europe, où les idées de Trump et de Musk gagnent du terrain, pourrait se montrer complaisante. Le scénario d’un démantèlement de l’État au profit des grandes corporations n’est plus une dystopie – l’Argentine en est l’exemple contemporain.

La résistance québécoise : un espoir ?

Au Canada, la population, éduquée sous l’influence culturelle et médiatique américaine (surtout dans les provinces anglophones), ressemble de plus en plus à ses voisins du Sud. Une résistance organisée à une annexion territoriale y semble donc difficile.

Mais le Québec est une autre histoire. La Belle Province, par sa culture et son héritage francophone, reste une enclave européenne en Amérique du Nord. Les récentes manifestations à Montréal contre l’idée de devenir le *51e État américain* ont rassemblé des milliers de personnes, montrant un rejet clair de l’expansionnisme trumpiste. Les aspirations indépendantistes et la solidarité sociale pourraient servir de rempart contre cette menace.

Une question glaçante

Une question hante les esprits : Pourquoi les États-Unis iraient-ils s’emparer du pétrole irakien ou syrien alors qu’ils pourraient se contenter de celui de l’Alberta sans déployer un seul soldat ? Pourquoi intervenir en Afrique ou au Moyen-Orient quand le Canada offre autant de ressources sans résistance armée ?

L’avenir du Canada face à l’administration Trump dépendra de sa société civile – et surtout des Québécois, qui pourraient être amenés à écrire une page décisive de l’histoire. Le Canada n’est ni le Venezuela ni l’Irak, mais il pourrait s’inspirer des BRICS et chercher des alliances hors de l’orbite américaine. Ni la Russie, ni le monde arabe, ni la Chine n’ont menacé le Canada, malgré son alignement traditionnel sur les croisades américaines.

La menace vient des États-Unis. Le Canada est-il prêt à corriger le tir et à revoir ses alliances internationales ? Ou ses dirigeants céderont-ils discrètement aux États-Unis en criant Canada First ?

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