Édition du 26 mars 2024

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Féminisme

RQCALACS et CLES : Tannées d'attendre la Stratégie gouvernementale

MONTRÉAL, le 13 oct. 2016 - La Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) et le Regroupement des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS) dénoncent l’indifférence du gouvernement de Philippe Couillard face aux victimes d’agression et d’exploitation sexuelle.

Nous attendons, depuis plus de trois ans, la Stratégie gouvernementale pour prévenir et contrer les violences sexuelles. À l’heure actuelle, nous ne parlons plus de la lenteur du gouvernement, mais plutôt de son indifférence. Combien de femmes et de filles devront être victimes de violence sexuelle pour que le gouvernement fasse de cette Stratégie une réelle priorité ?

En trois ans, ce sont plus de 16 000 crimes à caractère sexuel qui ont été signalés à la police. Si l’on en croit la statistique qui nous dit qu’aussi peu que 5% des victimes portent plainte, elles et ils seraient plus de 320 000 à avoir subi une forme d’agression sexuelle. Et lorsqu’on sait que seulement trois plaintes pour agression sexuelle sur 1 000 se soldent par une condamnation, on s’aperçoit que, depuis trois ans, ce sont plus de 319 000 victimes pour qui justice n’a pas été rendue. Quant aux victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle, elles sont pas moins de 600 à entrer chaque année au Canada, selon les chiffres - conservateurs - de la GRC. On compterait donc plus de 1 800 victimes de traite internationale à des fins d’exploitation sexuelle depuis trois ans, sans compter les milliers de femmes et de filles déplacées à l’intérieur même du Canada pour être prostituées. Il importe aussi de rappeler que les femmes immigrantes, réfugiées, racisées, autochtones, lesbiennes, sourdes ou vivant avec un handicap sont encore plus durement touchées par toutes ces formes de violences sexuelles, du fait qu’elles sont de surcroit discriminées par divers systèmes d’oppressions imbriqués.

Ces chiffres sont alarmants. « Il y a urgence de se doter d’une Stratégie offrant des définitions communes, un cadre d’action et des solutions concrètes afin de prévenir la violence sexuelle, de soutenir les victimes et d’offrir des alternatives aux femmes afin qu’aucune ne soit contrainte à la prostitution » affirme Mélanie Sarroino, agente de liaison au RQCALACS. « Le saupoudrage d’argent à chaque crise médiatique doit cesser, ce dont nous avons besoin c’est d’une Stratégie globale qui prenne en compte le caractère genré et les inégalités systémiques qui rendent possible les violences sexuelles » ajoute Éliane Legault-Roy, responsable des communications à la CLES.

C’est un nombre toujours grandissant de victimes que le gouvernement Couillard ignore en retardant la sortie de la Stratégie gouvernementale pour prévenir et contrer les violences sexuelles.

Il y a maintenant urgence d’agir. Le temps est écoulé.

Nous sommes tannées d’attendre.

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