Pendant qu’ils parlent, nous mourons
Le 6 mai 2025, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Lionel Carmant, déposait le projet de loi 103. Depuis, de nombreux groupes ont exprimé leur opposition à un texte qui alourdit inutilement les démarches administratives des organismes œuvrant en réduction des méfaits et en itinérance. Encore une fois, les élu•es choisissent de parler de nous, sans nous. Alors même que les services de consommation supervisée ont prouvé leur efficacité dans la lutte contre la crise des surdoses, le ministre propose un cadre législatif sans concertation, mettant en péril des vies humaines et le filet social fragile qui les soutient.
Le projet de loi 103 transfère également la responsabilité de la « cohabitation sociale » sur les épaules des organismes, tout en renforçant la stigmatisation des personnes utilisatrices de drogues et des personnes en situation d’itinérance. Il traduit une méfiance persistante envers l’expertise du milieu communautaire et remet en cause son autonomie. Il est temps que la voix des premières personnes concernées soit entendue, car ce sont elles — ce sont nous — qui mourons lorsque l’État complexifie l’accès aux services.
Déstigmatiser, ça presse
L’histoire l’a démontré : la prohibition pousse les gens à consommer dans l’isolement, où les risques sont accrus. Trop souvent, les sites de consommation supervisée sont le seul espace sécuritaire disponible. En compromettant leur fonctionnement, le projet de loi 103 menace de forcer plusieurs d’entre eux à fermer leurs portes, mettant ainsi des vies en danger. Nous demandons l’abandon complet de ce projet de loi et une réorientation claire vers la décriminalisation des drogues.
Il est urgent d’investir massivement dans le logement social accessible à tous et toutes, dans les services de réduction des risques et d’assurer la pleine inclusion des personnes qui consomment des drogues dans l’élaboration des politiques qui les concernent.
« On continue encore de penser que les approches répressives vont venir à bout de la consommation de drogues ou de l’usage de drogues. Il est temps qu’on change de paradigme et qu’on trouve des solutions qui sont plus adaptées. »
– Mario Gagnon, directeur général de Point de Repères, dans une rencontre citoyenne organisée par L’Engrenage Saint-Roch : https://monsaintroch.com/2023/demystifier-le-monde-des-drogues/.
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