D’abord, assimiler et confondre la création de parcs nationaux et la protection de l’environnement, c’est faire preuve d’une mauvaise foi crasse, ou d’une ignorance abyssale. Tout comme réduire les enjeux environnementaux à la seule lutte aux changements climatiques, en oubliant au passage les enjeux liés à l’eau, à l’air, à la santé publique, à la sécurité alimentaire et à l’opérationnalisation du développement durable, est simplement dangereux.
Qui ne sait pas encore que le bilan environnemental du gouvernement de M. Harper est désastreux ? Qui ne sait pas que le Canada est en retard sur la mise à niveau de quasiment toutes normes assurant la protection de l’environnement et la santé des citoyens : produits chimiques, radioactivité, pesticides, etc.? Mais passons sur ces enjeux, puisque M. Duhaime concentre ses attaques sur les changements climatiques.
Le matin même de la publication du texte de M. Duhaime, le premier ministre, M. Charest, invitait le gouvernement du Canada à en faire plus en matière d’environnement :
"Le Canada doit faire plus pour l’environnement, en particulier au sujet des changements climatiques, et doit prendre ses distances des États-Unis, estime le premier ministre Jean Charest. [...] « Je continue de croire que le gouvernement fédéral doit aller plus loin sur la question des changements climatiques », a dit M. Charest" (La Presse, 20 mai 2011)
Dans son texte, M. Duhaime qualifie tous ceux qui travaillent à la lutte aux changements climatiques de socialistes. À ses yeux, M. Charest serait-il devenu socialiste ?
Il n’y a pas que le premier ministre, les groupes environnementaux, dont l’AQLPA, qui estiment que M. Harper pourrait faire mieux en matière d’environnement. Sur la scène internationale, au chapitre des changements climatiques, son gouvernement est décrit comme « un paria de l’environnement ». M. Duhaime doit évidemment ignorer qu’au cours des quatre dernières années, le gouvernement du Canada a reçu le prix Fossile de l’année lors des négociations des Nations Unies sur les changements climatiques. Oui : quatre fois en quatre ans, le Canada a reçu ce prix décerné au pays jugé le pire pour ses positions et attitudes lors des négociations sur le climat ; un prix remis par une coalition mondiale de plus de 400 organisations. Pas étonnant sachant que le Canada est également le seul pays au monde à avoir signé et ratifié le protocole de Kyoto pour ensuite faire volte-face en annonçant qu’il n’avait pas l’intention d’honorer ses engagements.
De plus, on sait que le gouvernement de M. Harper persiste à subventionner les pétrolières et les gazières à hauteur d’environs 2 milliards de dollars par année. Pourquoi M. Duhaime, qui s’exprime en général si vertement contre l’aide de l’état, ne s’insurge-t-il pas contre cette généreuse charité ?
Il est par ailleurs assez révélateur que M. Duhaime reprenne les propos des réformistes de l’Ouest en accusant les écologistes d’être à l’origine d’un complot socialiste. À ce compte, Nicolas Sarkozy, Barack Obama, Arnold Schwarzenegger et le Prince Charles participent tous activement à ce supposé complot. En effet, ces derniers ont tous pris clairement position en faveur de la lutte aux changements climatiques. Et que dire de la vingtaine de prix Nobel qui appelaient, mercredi dernier, les dirigeants du monde à agir de toute urgence pour l’avenir de la planète dans un rapport déposé à l’ONU. Parmi les recommandations du rapport : agir concrètement pour la lutte aux changements climatiques.
Heureusement, les Québécoises et les Québécois ne sont pas dupes d’un tel discours erroné, trompeur et dépassé. La preuve, les conservateurs de M. Harper ont été rejetés massivement le 2 mai dernier au Québec.
N‘en déplaise à M. Duhaime, le monde est en marche et évolue.