Édition du 12 mars 2024

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Livres et revues

Rwanda : avant de tuer les femmes, vous devez les violer !

En 1994, le Rwanda devient tristement célèbre à cause d’un génocide d’une intensité inouïe qui fauche près d’un million de vies en cent jours, sur une population estimée à 7 ou 8  millions. Le groupe minoritaire identifié comme Tutsi est la principale cible des massacres et des tortures. Cette tragédie s’associe à des violences dont l’amplitude et la cruauté laissent les survivants et les survivantes aux prises avec de gravissimes séquelles physiques et morales. Dans la masse des productions intellectuelles sur ces événements, peu s’intéressent à l’expérience spécifique des femmes, peu adoptent une analyse des rapports sociaux de sexe pour les comprendre. Les plus jeunes rescapées avaient 8 et 11 ans en 1994. Certaines sont ainsi restées plusieurs mois les esclaves sexuelles de soldats, de miliciens, de politiciens ou de simples quidams. Toutes ont perdu des proches, enfant, époux, père, mère, frère, sœur...

Le viol représente l’un des actes de violence qui reçoit le plus d’attention de la part des médias et de l’opinion publique, en même temps qu’il souffre de la désinformation chronique opérée par des discours souvent empreints de clichés et de sensationnalisme.

La perspective féministe de l’auteure l’amène à prendre la mesure des soubassements culturels, sociaux et politiques sur lesquels repose la systématisation du viol en temps de guerre. Pour comprendre comment ces hommes et ces femmes du Rwanda, minuscule territoire culturellement et linguistiquement homogène, ont pu en arriver à commettre des actes si monstrueux, ne faut-il pas, en effet, cette figure de l’Autre, tutsi, colonisateur, femme, imputables d’un problème politique  ? Au Rwanda, l’endoctrinement des foules a encouragé la stigmatisation des Tutsi. Les médias de la haine ont propagé la représentation des femmes tutsi comme des êtres dotés d’un charme maléfique et d’une sexualité dévorante au service de leur «  race  ».

L’ennemi «  femme  » apparaît toujours différent de l’ennemi-tout-court.

ISBN : 978284950-779-7

224 pages

18 euros

DIFFUSION : SOFEDIS

DISTRIBUTION : SODIS

Coédition Syllepse (Paris) et M Éditeur (Montréal)

Editions Syllepse

Syllepse, alter-éditeur, engagé et non partisan !

Les Éditions Syllepse ont été fondées en 1989. Chacun de ses membres est un coopérateur qui a fait le choix de se « faire éditeur » pour faire vivre une maison d’édition engagée afin de créer un espace autonome, coopératif et autogéré d’édition. C’est également une économie solidaire que Syllepse construit, ouvrage après ouvrage, entre les auteurs et leurs titres.

Insérés dans le mouvement des mouvements de ceux et celles qui sont à la recherche d’autres possibles, nous avons bâti notre projet éditorial pour transgresser la frontière de la « fin de l’histoire » que certains ont cru pouvoir tracer sur les ruines des révolutions trahies et des utopies défaites. Pour qu’il y ait une bonne résistance à l’air du temps, il faut dégager un horizon qui éclaire les combats quotidiens et redonne corps aux espérances. Redonner l’espoir, c’est aussi faire vivre l’idée de la transformation sociale avec cette terrible arme de la nuit qu’est le livre. Nous entendons y participer en construisant cet outil pluraliste et coopératif que représente notre maison d’édition.

https://www.syllepse.net/

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