Il faut dire que depuis l’arrivée de Philippe Couillard au poste de Premier ministre, le gouvernement québécois a pratiqué sans relâche l’austérité en la revêtant du sobre vocable de « rigueur ».
Le PLQ a formé le gouvernement de façon quasi ininterrompue depuis 2003 et n’a jamais appliqué la loi contre la pauvreté et l’exclusion sociale votée par l’Assemblée nationale en 2002. Le gouvernement libéral a refusé d’indexer le financement des organismes communautaires alors que la loi prévoit justement qu’il faut soutenir ces organismes. Surtout le gouvernement a favorisé le financement par projet, donc non récurrent, plutôt que le financement à la mission.
Le gouvernement libéral a créé des inégalités en inventant la taxe santé en 2010, une taxe régressive puisqu’elle est à montant fixe peu importe le revenu. Maintenant, il se pose en champion en proposant enfin de l’abolir.
La loi contre la pauvreté et l’exclusion sociale prévoit qu’on renforce le filet de sécurité sociale. En accablant le secteur de la santé, en confiant les projets de rénovation d’hôpitaux au secteur privé, en centralisant les organismes de santé, en déshabillant les Centres locaux de services communautaires de toutes leurs attributions, en favorisant les interventions privées dans la prestation de services de santé, en favorisant une approche mécanique de la gestion du temps en santé (méthode Lean ou toyotisme), en se délestant de ses responsabilités sociales et de santé, le gouvernement a surchargé les organismes communautaires, acculé les employéEs de la santé et des services sociaux au burn-out et a provoqué un affaiblissement marqué du filet de sécurité sociale et économique.
Le comble : ce gouvernement vient tout juste (10 novembre 2016) de voter une loi scélérate qui permettra de réduire la prestation d’aide sociale à 399 $ par mois, ce avec quoi absolument personne ne peut payer le moindre loyer, pour toute personne qui refuserait de suivre les programmes d’intégration à l’emploi décidés par le gouvernement. Tout cela en cassant allègrement du sucre sur le dos de ces « vilains profiteurs » que sont les prestataires d’aide sociale.
Pourtant la loi de 2002 stipule clairement à son article 6 que le premier but de la stratégie nationale de lutte à la pauvreté est de : « promouvoir le respect et la protection de la dignité des personnes en situation de pauvreté et lutter contre les préjugés à leur égard ».
Pendant ce temps, la part des contributions en impôts provenant des entreprises est passée de 38 % en 1964 à 14 % en 2013. Inversement, celle des particuliers est passée de 62 % à 86 %. Aucune amélioration de ce rapport n’est annoncée.
Ce sont ces mêmes libéraux qui prétendent aujourd’hui lutter contre les inégalités. Doit-on comprendre qu’ils veulent les aggraver ?
LAGACÉ, Francis