Édition du 10 décembre 2024

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Asie/Proche-Orient

Turquie - Les faiblesses de la gauche radicale

La gauche radicale est divisée en Turquie, sans véritable pôle fort, ce qui explique le peu de visibilité de l’anticapitalisme dans les événements.

L’ODP (Parti de la Liberté et de la Solidarité). A la fin des années 90, une tentative de parti large et pluraliste, dans le cadre de l’ODP, a échoué, avec des conséquences néfastes pour chacune des composantes. L’ODP reste l’une des principales forces de la gauche radicale, mais n’est plus un parti large et pluraliste. Il se limite au groupe Dev Yol (Voie de la Révolution). La tradition de ce parti peut être considérée comme « centriste », entre réformisme radical et programme révolutionnaire.

Halkevleri (les maisons du peuple) est issue de la même tradition. Important réseau s’appuyant sur des centres sociaux et des organisations locales, elle peut prétendre devenir le centre de gravité de la gauche radicale. Ses militants actifs dans les mouvements sociaux tentent de gagner une influence dans les syndicats. Mais ils ne cherchent pas à politiser ces relations et ont renoncé à construire un parti large. Bien que très impliqués dans les manifestations actuelles, ceci les amène à soutenir le principal parti social-démocrate.

Le TKP (Parti communiste de Turquie) est le mieux organisé et le plus actif de la gauche.

C’est le principal parti stalinien en Turquie, entretenant des liens étroits avec les partis communistes grec et chypriote et des relations avec Parti communiste français. Il est critiqué par la gauche, notamment en raison de son « tournant » nationaliste l’ayant conduit à former un « Front patriotique ». Ils ont une organisation de jeunesse forte et une influence dans la classe moyenne, mais un fonctionnement très bureaucratique. Malgré un nombre important de militants, son influence est très limitée : 0, 14 % des voix aux dernières élections. Des membres de leur organisation de jeunesse furent présents dans les barricades, notamment sur la place Taksim avec, comme mot d’ordre principal « ne pas obéir ». Le parti décida alors de participer aux manifestations, sans utiliser le logo du parti.

Le HDK (Congrès démocratique du peuple) est la composante la plus importante de la gauche. C’est une coalition électorale formée par le mouvement politique kurde avec de plus petits groupes de gauche, mais cela ne constitue pas un parti au sens strict du terme. En raison de l’importance de la base sociale du mouvement kurde, elle peut être considérée comme la plus grande organisation de gauche, mais ne constitue pas un cadre très organisé. Sa préoccupation principale reste la question kurde et des problèmes internes sont survenus à l’occasion du « processus de paix » entre le PKK et de gouvernement. Les groupes de gauche qui font partie de cette coalition étant petits, le mouvement kurde en est l’élément déterminant. Le président du BDP (Parti politique kurde) avait appelé, aux premiers jours des événements, à ne pas participer aux manifestations car il ne fallait pas agir avec les nationalistes. Malgré ces déclarations, les jeunes du mouvement kurde furent sur les barricades dès le premier jour.

Il y a enfin plusieurs petits groupes trotskystes correspondant aux divers courants internationaux et regroupant chacun moins d’une centaine de militants.

Eyup Ozer

Militant anticapitaliste de Turquie.

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