Édition du 17 juin 2025

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Afrique

Afrique du sud : Une démocratie indigne

Trois décennies après l’apartheid, les Sud-Africains attendent toujours un logement, des terres et la dignité, tandis que les élites réclament une patience qui ne sert qu’elles-mêmes.

Tiré d’Afrique en lutte.

Trente et un ans après la chute de l’apartheid administratif, l’Afrique du Sud se trouve à un tournant délicat entre la promesse d’une démocratie fondée sur les droits et la réalité vécue d’inégalités généralisées, d’inertie bureaucratique et d’une confiance publique érodée. La Constitution de 1996 a consacré la justice administrative – le droit à des décisions légales, raisonnables et procéduralement équitables de la part des organismes publics – et a élevé la dignité humaine au rang de valeur fondamentale. Pourtant, pour des millions de Sud-Africains noirs, les interactions quotidiennes avec les services gouvernementaux trahissent ces idéaux. L’ancien président Thabo Mbeki a autrefois loué la « patience » des pauvres comme un atout politique, mais cette patience même, ancrée dans l’espoir et la résilience, a trop souvent été exploitée pour retarder ou nier une justice réelle.

La démocratie sud-africaine est, à bien des égards, devenue indigne : ses systèmes administratifs trahissent systématiquement les plus vulnérables, obligeant les citoyens à attendre indéfiniment des droits garantis sur le papier, tandis qu’une élite politique et une nouvelle classe restreinte de bénéficiaires s’accaparent impunément les ressources de l’État. Comprendre cette réalité exige de retracer les significations de la justice administrative, de la dignité et de la patience, avant de se pencher sur les manières dont les Sud-Africains se sont historiquement rebellés contre la trahison politique. Il est également nécessaire de prendre en compte l’incapacité des partis politiques à rendre des comptes, les dysfonctionnements administratifs qui creusent les inégalités, et les cas emblématiques – logement, réparations de la CVR, anciens combattants et restitution des terres – qui révèlent les failles de la promesse constitutionnelle. Enfin, cet essai examine comment le privilège blanc, amplifié par des groupes comme AfriForum et des acteurs internationaux pendant et après l’administration Trump, aggrave les frustrations nationales et alimente un déclin alarmant de la participation électorale.

Au cœur de l’ordre constitutionnel se trouve l’idéal de justice administrative. Tout exercice du pouvoir public doit être légal, raisonnable et équitable sur le plan procédural, protégé par des mécanismes tels que la loi de 2000 sur la promotion de la justice administrative. Comme l’a soutenu la juriste Cora Hoexter, le droit administratif constitue un contrôle essentiel de l’autorité de l’État, garantissant que les décisions affectant les droits sont prises de manière transparente et responsable. Au niveau international, la justice administrative est reconnue comme un pilier fondamental des droits de l’homme – une garantie nécessaire lorsque des fonctionnaires outrepassent leurs mandats ou violent les règles de procédure.

L’engagement constitutionnel en faveur de la dignité humaine est étroitement lié à cette structure. S’inspirant de l’éthique kantienne et ancrée dans la jurisprudence sud-africaine, la dignité n’est pas simplement un droit parmi d’autres, mais le fil conducteur de l’interprétation de tous les droits. La juge Laurie Ackermann a souligné son importance centrale. Au-delà du canon juridique, des penseurs de la conscience noire comme Steve Biko et des théoriciens décoloniaux comme Frantz Fanon ont insisté sur le fait que la dignité n’était pas une fioriture abstraite, mais la condition préalable à la libération. Biko cherchait à « revivifier la coquille vide [de l’homme noir]… pour lui insuffler fierté et dignité », tandis que Fanon soutenait que la véritable liberté politique exigeait la restauration de l’estime de soi volée par la domination coloniale.

Si la dignité représentait l’espoir du projet post-apartheid, la patience en était la monnaie d’échange. Mbeki célébrait la patience des pauvres comme un signe de maturité politique, une volonté d’endurer des difficultés temporaires au nom d’un avenir démocratique. Mais d’autres avertissaient que la patience pouvait facilement se transformer en résignation. Robert Sobukwe a mis en garde contre le gradualisme, avertissant que « plus on attend, plus la blessure est profonde ». Biko, lui aussi, reconnaissait que l’endurance passive servait en fin de compte les intérêts de l’oppresseur. Dans un pays où les promesses sont si souvent restées lettre morte, la patience est une vertu à double tranchant : signe de résilience, mais aussi symptôme d’une démocratie qui exige trop de souffrances de ceux qui en ont déjà trop supporté.

Pourtant, patience n’a jamais été synonyme de passivité. Bien que les Sud-Africains n’aient pas mené une seule révolution unifiée depuis 1994, la dissidence a éclaté lors de soulèvements épisodiques et localisés. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance. L’éthique de réconciliation prônée par Nelson Mandela et l’approche réparatrice de la Commission vérité et réconciliation ont encouragé la foi en une réforme progressive plutôt qu’en un bouleversement radical. Des décennies de régime colonial et d’apartheid ont favorisé une culture de soumission et de déférence, renforcée par les appels de l’Église et des chefs traditionnels à attendre des jours meilleurs. Le souvenir des violences dans les townships des années 1980, ainsi que les exemples mondiaux de conflits civils, ont instillé une profonde méfiance face à l’effondrement de la société. Et en l’absence d’un mouvement révolutionnaire unifié pour ancrer les revendications post-apartheid, les protestations sont souvent restées fragmentées et axées sur des enjeux spécifiques. Le pouvoir coercitif de l’État et l’épuisement des manifestations répétées et infructueuses ont encore tempéré l’appétit pour la confrontation de masse.

Néanmoins, les Sud-Africains se sont rebellés de manière significative. Depuis 2004, des milliers de manifestations contre les services publics ont éclaté chaque année, les communautés bloquant les routes et affrontant la police en raison de pannes d’eau, d’électricité et d’assainissement. L’étude phare de Karl Von Holdt, « The Smoke That Calls », a montré comment les townships pauvres ont eu recours à des manifestations incendiaires pour se faire entendre d’un État indifférent. Les étudiants de tout le pays ont lancé un puissant défi lors du mouvement #FeesMustFall de 2015 et 2016, fermant les campus et prenant d’assaut le Parlement pour exiger la fin des augmentations de frais. En 2012, la grève des mineurs de Marikana pour un salaire décent s’est soldée par un massacre policier qui a galvanisé l’indignation nationale face à l’exploitation des travailleurs et à la violence d’État. Plus récemment, des mouvements comme #TotalShutdown ont vu des milliers de femmes se mobiliser contre la violence sexiste, tandis que les troubles de juillet 2021 – un mélange instable de factionnalisme politique et de pillages opportunistes – ont transformé certaines parties du KwaZulu-Natal et du Gauteng en scènes de quasi-insurrection, avec plus de 300 morts.

Ces rébellions fragmentées révèlent à la fois l’ampleur de la frustration populaire et la difficulté persistante de traduire des troubles sporadiques en une transformation systémique durable. Depuis 1994, la domination du Congrès national africain (ANC) a profondément façonné le paysage politique sud-africain. Sous le gouvernement d’unité nationale, l’ANC a recherché un équilibre délicat entre réconciliation et politique économique, remplaçant le Programme de reconstruction et de développement (RDP) par la stratégie plus néolibérale de croissance, d’emploi et de redistribution (GEAR) en 1996. Ce changement a anéanti les espoirs de redistribution radicale et semé les graines de désillusions futures.

La corruption s’est rapidement installée. Le contrat d’armement de 1999, le scandale de Nkandla, qui a vu la rénovation de la propriété du président Jacob Zuma pour un coût public de 246 millions de rands, et la période de captation de l’État entre 2009 et 2018 ont illustré la dérive constante de l’ANC vers le clientélisme et la corruption. Les commissions judiciaires – Seriti sur le contrat d’armement, Zondo sur la captation de l’État – ont minutieusement documenté les irrégularités, mais n’ont donné lieu qu’à peu de poursuites, ce qui a alimenté ce que l’on appelle désormais la « lassitude des commissions » et aggravé le cynisme de l’opinion publique.

L’opposition, pour sa part, n’a pas réussi à proposer d’alternative crédible. L’Alliance démocratique (DA) a peiné à s’étendre significativement au-delà de sa base électorale traditionnelle, blanche et métisse, tandis que le Parti de la liberté Inkatha reste cantonné à l’échelle régionale. Les Combattants pour la liberté économique (EFF) ont animé les débats nationaux en réclamant l’expropriation et la nationalisation des terres, mais restent confinés au sein du Parlement, capables de faire du bruit, mais incapables d’apporter un réel changement depuis les bancs de l’opposition. Les gouvernements de coalition des grandes métropoles ont souvent sombré dans des luttes intestines, renforçant le sentiment d’incompétence politique généralisée.

Le déficit croissant de responsabilité suit un scénario prévisible. Lorsque des scandales de corruption éclatent, le gouvernement annonce la création d’une commission d’enquête. Des années d’audiences s’écoulent. Des rapports sont déposés, souvent volumineux et accablants. Mais les conséquences tangibles restent insaisissables. Des individus puissants exploitent les lenteurs procédurales, fuient le pays ou comptent sur des interventions politiques pour échapper à la justice. Même les manifestations de masse sont souvent accueillies non pas par des réformes sérieuses, mais par la répression policière ou des excuses performatives qui finissent par étouffer la dissidence sans s’attaquer à ses causes profondes. Il en résulte une démocratie riche en formes – élections régulières, médias dynamiques, constitution solide – mais vidée de son essence. Les rituels de responsabilisation perdurent, mais la substance s’est flétrie. L’impunité, plutôt que les conséquences, définit le paysage politique sud-africain.

Au-delà des échecs des responsables politiques, l’effondrement de la justice administrative se ressent particulièrement au quotidien de la fonction publique. Il est devenu courant pour les ministres d’être publiquement surpris par les crises qu’ils sont censés superviser, convoquant des réunions d’urgence pour demander, perplexes, « Que se passe-t-il ? » Le clientélisme politique, notamment par le biais du déploiement de cadres, a progressivement érodé l’expertise technique dans les ministères clés, laissant de nombreux dirigeants mal équipés pour gérer les portefeuilles dont ils sont chargés.

L’adoption des outils de la nouvelle gestion publique – indicateurs clés de performance, planification axée sur les résultats, cadres stratégiques – a enraciné une culture du « cocher toutes les cases », de plus en plus déconnectée de la prestation de services concrets. Le succès se mesure à l’aune des formalités administratives plutôt qu’à l’impact ; lorsque les objectifs ne sont pas atteints, ils sont simplement révisés, sans être atteints. Parallèlement, pour éviter l’arbitraire par des procédures rigides, la bureaucratie est devenue réticente au risque, jusqu’à la paralysie. Les citoyens doivent s’y retrouver dans des processus labyrinthiques simplement pour enregistrer une entreprise, obtenir une pièce d’identité ou demander une aide sociale, en violation flagrante des principes Batho Pele (« Les citoyens d’abord ») qui visaient autrefois à guider la transformation du service public.

Démoralisés par les interférences politiques et les exigences impossibles des objectifs managériaux, les professionnels qualifiés ont quitté le secteur public en masse. Les rapports du Vérificateur général des comptes montrent que plus de 70 % des municipalités font désormais appel à des consultants externes pour leurs fonctions financières essentielles, signe révélateur de l’affaiblissement des capacités de l’État.

De tels dysfonctionnements portent directement atteinte à la dignité humaine. Des retraités âgés sont contraints de faire la queue pendant des heures pour finalement s’entendre dire « système hors service ». Des familles croupissent pendant des décennies sur les listes d’attente pour un logement. Les petits commerçants restent prisonniers des limbes bureaucratiques. Pour de nombreux citoyens, le visage de l’État n’est pas le président à Pretoria, mais un employé désintéressé derrière une vitre – une expérience qui incarne une démocratie indigne.

En matière de logement, les promesses de l’État post-apartheid sont cruellement déçues. Un logement convenable est un droit constitutionnel, mais plus de 1,2 million de demandes restent sans réponse dans le seul Gauteng, certaines remontant à 1996. En mars 2025, des habitants âgés de Soweto – certains aujourd’hui sexagénaires – ont manifesté devant la mairie après près de trente ans d’attente. Les allégations de corruption, de resquillage et d’attribution de logements à des personnes ayant des liens politiques aggravent les retards, transformant une promesse de dignité en source de honte et aggravant les conflits sociaux. De nombreuses familles déplacées se réfugient dans des quartiers informels ou des baraques construites par leurs soins, pour finalement être victimes d’expulsions violentes. De tels actes déclenchent souvent des protestations et alimentent parfois des comportements xénophobes de boucs émissaires, les habitants accusant les « étrangers » d’attributions corrompues.

Une trahison similaire caractérise le sort de ceux qui ont cherché réparation auprès de la Commission vérité et réconciliation. Entre 1996 et 1998, la CVR a promis des pensions, un logement, des soins de santé et d’autres formes de réparation à plus de 22 000 victimes en échange de la révélation de la vérité. En pratique, la plupart des victimes n’ont reçu qu’une subvention unique de 30 000 rands en 2001, et en 2022, près de 1,9 milliard de rands du Fonds présidentiel n’ont toujours pas été dépensés. Âgés et souvent malades, nombreux sont ceux qui continuent de saisir la Cour constitutionnelle pour obtenir des prestations médicales et une réinsertion sociale. Les poursuites pénales contre les auteurs de l’apartheid qui s’étaient vu refuser l’amnistie ont été confiées à l’Autorité nationale des poursuites, mais la plupart des affaires sont restées en suspens pendant des décennies. Le message est d’une clarté accablante : « Nous avons pardonné au nom de la nation, mais la nation nous a oubliés. »

Les anciens combattants ont eux aussi été laissés pour compte. Les combattants de l’uMkhonto weSizwe et de l’Armée populaire de libération d’Azan, autrefois reconnus et soutenus par la loi sur les anciens combattants militaires, vivent aujourd’hui dans la pauvreté et sont sans abri. En octobre 2021, d’anciens combattants, dont beaucoup étaient septuagénaires, ont pris en otage le ministre de la Défense pour réclamer des pensions et des logements impayés, ce qui a conduit à l’arrestation de 53 anciens combattants. L’ancien soldat du MK, Lesley Kgogo, campant devant le siège de l’ANC, a saisi l’ironie amère de la situation : « J’ai libéré le pays… Maintenant, je ne suis plus rien pour mon propre gouvernement. » Les excuses bureaucratiques concernant la vérification des identités ou les contraintes de financement sonnent creux face à l’incapacité morale de l’État à tenir ses promesses.

Le dossier inachevé de la restitution des terres complète ce sombre tableau. Sous l’apartheid, les Sud-Africains noirs étaient confinés à seulement 13 % du territoire du pays. Bien que la loi sur la restitution des droits fonciers prévoyait une indemnisation ou la restitution des terres pour les revendications déposées avant 1998, les progrès ont été lamentables. Seulement 10 % environ des terres agricoles commerciales ont été redistribuées, bien en deçà de l’objectif de 30 % fixé pour 2014. Au Cap, le District Six reste un symbole persistant de promesses non tenues : sur 2 760 familles requérantes, seules 108 avaient les clés pour reconstruire leur maison d’ici 2020, la restitution intégrale devant prendre des décennies et coûter des milliards de rands. Les demandeurs ruraux, dépourvus de soutien pour exploiter leurs terres, ont souvent opté pour de maigres indemnisations en espèces, compromettant ainsi le projet de réforme agraire. Parallèlement, les occupations de terres par des mouvements comme Abahlali baseMjondolo et les campements dirigés par l’EFF témoignent d’une impatience croissante – et d’un risque croissant de reprise du conflit – si la restitution continue de stagner.

Pourtant, alors que des millions de personnes languissent dans des conditions précaires, le privilège blanc demeure largement intact. Malgré les idéaux de la transition démocratique, les Sud-Africains blancs – environ 8 % de la population – continuent de posséder plus de 70 % des terres agricoles et de dominer les secteurs à hauts revenus du pays. Nombre d’entre eux se sont protégés des échecs de l’État post-apartheid en se retranchant dans des enclaves de sécurité privées, des lotissements sécurisés et des écoles privées d’élite, se désolidarisant ainsi efficacement des conséquences de l’effondrement de la gouvernance.

Des groupes comme AfriForum ont particulièrement bien réussi à internationaliser les récits de victimisation des Blancs. En 2018, AfriForum a réussi à convaincre l’administration Trump d’enquêter sur les prétendues « saisies de fermes » et les « massacres massifs d’agriculteurs » en Afrique du Sud. Le tweet désormais tristement célèbre de Donald Trump demandant au Département d’État d’enquêter sur les attaques de fermes – et plus tard, les offres spéculatives de réinstallation des Sud-Africains blancs sous une éventuelle seconde présidence Trump – illustrent comment des récits marginaux peuvent gagner en influence géopolitique. Parallèlement, les véritables luttes des Sud-Africains noirs – des familles qui attendent des décennies pour se loger, des vétérans qui dorment sur les trottoirs, des étudiants confrontés aux violences policières – reçoivent peu d’attention internationale. Cette inversion de l’empathie mondiale aggrave la frustration nationale, alimentant l’idée que la justice ne dépend pas du droit moral, mais de celui qui contrôle le mégaphone le plus fort à l’étranger.

Cette dynamique a alimenté une dangereuse lassitude démocratique. La participation électorale a fortement chuté, passant de 86,9 % aux élections de 1994 à seulement 59 % aux élections générales de 2024, soit seulement 41 % des adultes éligibles, compte tenu de la non-inscription. Les élections locales de 2021 ont vu la participation chuter encore plus bas, à 45,9 %. La participation des jeunes s’est effondrée : moins de 20 % des 18-35 ans se sont inscrits sur les listes électorales en 2021. Désillusionnés par la corruption, les promesses non tenues et la stagnation des conditions de vie, de nombreux Sud-Africains choisissent de plus en plus l’apathie plutôt qu’un vote qu’ils estiment peu susceptible d’apporter un changement significatif. À mesure que la participation diminue, le mandat démocratique des organes élus s’affaiblit, ce qui érode encore davantage leur motivation à tenir la promesse constitutionnelle de justice administrative.

La démocratie sud-africaine se trouve à un tournant périlleux. L’architecture juridique de la justice administrative et de la dignité demeure parmi les plus progressistes au monde, mais pour des millions de citoyens, le quotidien est synonyme d’aliénation, d’indignité et de promesses constitutionnelles non tenues. Les vertus de la patience et de la réconciliation, autrefois essentielles à une transition pacifique, ont été instrumentalisées en outils de complaisance, permettant aux élites politiques et bureaucratiques de différer l’obligation de rendre des comptes et de trahir les plus vulnérables.

Les rébellions épisodiques nous rappellent le pouvoir latent du peuple, mais sans contestation systémique soutenue, le statu quo perdure largement. Transformer une démocratie indigne en une démocratie digne de ses promesses constitutionnelles exige non seulement des réformes techniques de la gouvernance, mais aussi un réveil moral et politique plus profond. Une véritable responsabilisation doit être rétablie. Les fonctionnaires corrompus doivent être poursuivis rapidement et les recommandations de la commission mises en œuvre avec urgence et transparence. Une administration réactive doit être reconstruite en reprofessionnalisant la fonction publique, en renforçant l’expertise technique et en revigorant les principes Batho Pele qui privilégient le vécu des citoyens.

Une justice tangible doit également être rendue visible. Fournir des logements, verser les réparations prévues par la CVR, honorer les prestations des anciens combattants et accélérer la restitution des terres sont des mesures urgentes pour rétablir la confiance du public. L’inclusion économique doit être favorisée, non seulement par la redistribution, mais aussi en soutenant les entrepreneurs émergents, les bénéficiaires de la réforme agraire et en investissant massivement dans le développement des compétences des jeunes. Parallèlement, l’engagement civique doit être renforcé, les obstacles à la participation doivent être levés et la contestation doit être valorisée non pas comme une menace, mais comme un mécanisme de rétroaction essentiel pour une démocratie en difficulté de renouvellement.

Ce n’est qu’en alignant les promesses constitutionnelles sur des résultats concrets et visibles – où une grand-mère ordinaire pourra dire : « Mes droits sont respectés et ma voix compte » – que l’Afrique du Sud pourra honorer ses sacrifices passés et restaurer son autorité morale. Les prochaines décennies exigeront de l’impatience de la part des citoyens et de la réactivité de la part des dirigeants. Si ce défi est relevé, la justice administrative ne sera plus une abstraction juridique, mais une réalité vécue au quotidien par tous.


Ali Ridha Khan est chercheur au Centre de recherche en sciences humaines (CHR) de l’Université du Cap-Occidental (UWC). Il écrit et réfléchit sur les enjeux politiques de l’émotion, de l’esthétique et du bonheur.

Traduction automatique de l’anglais

Source : https://africasacountry.com

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Ali Ridha Khan

Ali Ridha Khan est chercheur au Centre de recherche en sciences humaines (CHR) de l’Université du Cap-Occidental (UWC). Il écrit et réfléchit sur les enjeux politiques de l’émotion, de l’esthétique et du bonheur.

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