Édition du 16 avril 2024

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Environnement

Chaîne humaine en opposition au projet de port pétrolier (Nature Québec)

Rimouski et Tadoussac, le 25 mai 2014 — Tadoussac et Rimouski ont
été le théâtre d’activités en opposition au
projet de port pétrolier de Cacouna ces deux derniers jours avec la
formation d’une chaîne humaine et une expédition symbolique en
kayak. Des deux côtés de la rive, plus de 500 personnes se sont
réunies pour la protection du fleuve Saint-Laurent et contre le projet de
port pétrolier de Cacouna. Au même moment, des chaînes humaines
ont été créées autour de la Pointe-de-L’Islet
à Tadoussac et le long de la Promenade de la mer à Rimouski.

Les événements ont été créés par le
Mouvement Citoyen : Littoralement Inacceptable (MCLI) de Tadoussac et par la
Coalition Bas-Saint-Laurent pour une prospérité sans pétrole
(CBSLPSP) de Rimouski. Le samedi 24 mai, une vingtaine de kayakistes a pris le
contrôle du fleuve à partir de la Baie de Tadoussac pour une
expédition d’une vingtaine de kilomètres aller-retour afin de
dénoncer l’impact d’un port pétrolier sur les
bélugas du Saint-Laurent, une population menacée d’extinction.

Appui de la MRC Haute-Côte-nord

En Haute-Côte-Nord, il y a eu une résolution adoptée par la
MRC. Micheline Anctil, préfet, était présente sur place pour
annoncer cet appui important. Il s’ajoute à celui de
Saint-André-de-Kamouraska, de Saint-Siméon et de chaque
municipalité de Tadoussac à Colombiers.

Plusieurs éléments soulèvent une grande inquiétude
parmi la population et ont motivé ces actions. D’abord, il est
primordial de démystifier l’importance accordée à la
création d’emplois durables et aux retombées économiques
de ce projet qui sont en réalité très faibles pour le
Québec. À l’inverse, les incidents reliés à la
sécurité des pipelines ont triplé pendant la dernière
décennie et menacent l’industrie de la pêche et du tourisme. Le
parc marin du Saguenay et l’observation des mammifères marins rapporte
à elle seule plus de 80 millions $ au Québec.

Le risque est grand aussi du fait que l’eau du fleuve est la source
d’approvisionnement en eau potable pour plus de 40% des
Québécois. Sans oublier la menace qui plane sur tout
l’écosystème du fleuve. Rappelons que ce projet de port
pétrolier et de pipeline n'entraînerait pas une diminution du
transport de produits pétroliers par train.

Christian Simard de Nature Québec et Martin Poirier du groupe Non à
une marée noire dans le Saint-Laurent l’ont affirmé : « 
il est inconcevable de penser qu’un port pétrolier puisse coexister
avec les limites du parc marin. Un accident affecterait les côtes ainsi que
la faune et la flore qui y habitent. »

À Rimouski, Marie-Phare Boucher, membre de la CBSLPSP, a demandé au
conseil de la Ville de Rimouski de prendre position dans le dossier, comme
l'ont fait plusieurs autres municipalités du Québec. Elle a
rappelé aux participants que le maire Éric Forest a signé le
Manifeste pour tirer profit collectivement de notre pétrole l'automne
dernier et elle a demandé à ce qu'un débat public ait
lieu. Caroline Jacques, environnementaliste et artiste-peintre, a mis
l’accent sur la biodiversité du fleuve et souligné qu’un
tel projet risquait de mettre cette vie en péril. Finalement, Sean-Olivier
Parent a insisté sur le besoin d’effectuer une transition
économique permettant d’assurer une prospérité, tout en
respectant les limites physiques de l’environnement. Extrait des allocutions
des intervenants :

M. Hugues Tremblay, maire de Tadoussac :

« La municipalité de Tadoussac souhaite partager sa profonde
inquiétude quand au projet de TransCanada d’implanter un port de
transbordement de pétrole lourd sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent.

La réalisation d’un tel projet risque de mettre en péril non
seulement certaines espèces marines, mais aussi l’ensemble de
l’industrie d’observation des mammifères marins,
élément phare de notre économie.

Nous demandons aux autorités concernés de prendre un temps pour
consulter les principaux intervenant tant sur la rive sud que sur la rive nord du
fleuve Saint-Laurent. »

Mme Micheline Anctil, préfet de la MRC de La Haute-Côte-Nord :

« Depuis plusieurs décennies déjà, les
municipalités de la région et la MRC de La Haute-Côte-Nord
travaillent à garder un environnement sain où la qualité de
vie fait partie de nos priorités de tous les jours. Il est donc primordial
de préserver nos paysages naturels et toute l’industrie qui s’y
rattache.

Le projet de la compagnie TransCanada visant l’implantation d’un port
de pétrole lourd sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, en amont du Parc
marin du Saguenay–Saint-Laurent, nous inquiète grandement. Ne
risque-t-il pas de mettre en péril non seulement certaines espèces
marines, mais aussi l’ensemble de l’industrie de la pêche et du
tourisme ainsi que tous les emplois qui y sont liés ?

À titre de préfet de la MRC de La Haute-Côte-Nord, je demande
à tous les intervenants économiques, de tous les secteurs de
développement de La Haute-Côte-Nord, de se tenir la main et
d’être solidaires dans nos revendications face au gouvernement
canadien. Nous devons adopter une approche plus que prudente à
l’égard de ce développement. Il n’y a aucune place
à l’improvisation. »

Martin Poirier, du groupe Non à une marée noire dans le Saint-Laurent :

« TransCanada a fait miroiter des projections de retombées
économiques pour l'ensemble du Québec et pour les 40
années d'exploitation de son projet d'oléoduc Énergie
Est. La compagnie a avancé le chiffre de 2 milliards $, cela peut sembler
intéressant, mais quand on divise par le nombre d'années et par
le nombre de municipalités touchées par le projet, on arrive à
des montants très minimes face aux risques encourus. Et là où
le bât blesse, c'est quand on divise ce montant par la quantité de
pétrole qui passera dans ce tuyau à raison de 1,1 millions de barils
par jour, là on arrive à la somme incroyable de un huit
millième de cent par litre. Aucun gouvernement qui se respecte ne peut
considérer cela comme une opportunité d'affaire.

Surtout qu'il faut mettre en perspective les menaces que feront peser ce projet
sur l'approvisionnement en eau potable et l'économie issue du
tourisme. Par exemple, si on prend le projet de port pétrolier à
Cacouna, qui serait une extension de l'oléoduc pour exporter presque
à 100% ce pétrole issu des sables bitumineux, on parle de faire
cohabiter une zone industrielle à haut risque juste à
côté du Parc marin du Saguenay, qui pour la seule année 2009 a
procuré des retombées économiques de plus de 95 millions $ et
1600 emplois à temps pleins. Il est clair qu'il faut s'unir afin de
s'opposer fermement à ce projet qui est en totale contradiction avec une
économie viable et renouvelable telle que la pêche et le tourisme. Le
Saint-Laurent est avant tout notre garde-manger et notre milieu de vie : nous avons
un devoir de résistance pour protéger l'intégrité
de notre bien commun face à des affairistes qui n'ont aucune
considération pour des espèces en péril telles que le
béluga. »

Patrice Corbeil, du Groupe de recherche et d’études sur les
mammifères marins (GREMM) :

« Depuis 30 ans, notre équipe travaille à mieux comprendre pour
mieux protéger les bélugas du Saint-Laurent. La science nous a permis
de mieux comprendre cette population et de cibler des mesures qui ont
été efficaces pour le béluga, mais aussi pour l’ensemble
du Saint-Laurent. Nos choix de société doivent reposer sur la
meilleure science disponible. Pour aider le béluga, ces choix devront
réduire les impacts de nos activités sur cet habitat complexe dont le
béluga est l’ambassadeur. »

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