Tiré d’Europe solidaire sans frontière.
Le projet ambitieux de Xi Jinping visant à construire une classe moyenne solide en Chine se heurte aujourd’hui à une réalité économique de plus en plus difficile. C’est ce que constate le quotidien allemand Handelsblatt, dans une analyse qui part de l’histoire personnelle de Wang Chaowei, ancien cadre dans le secteur de l’éducation, qui a fait trois mille kilomètres pour déménager de Dalian à Chengdu avec sa famille, abandonnant sa carrière professionnelle pour devenir vendeur de brochettes de viande sur un marché de nuit. Son histoire illustre un phénomène de plus en plus manifeste en Chine : le rêve d’ascension sociale perd de sa crédibilité auprès de millions de citoyens chinois.
Le gouvernement de Pékin s’était fixé pour objectif de faire entrer 800 millions de personnes dans la classe moyenne, définissant ce groupe social comme étant composé de personnes dont le revenu annuel est compris entre 60 000 yuans (environ 7 000 euros) et 500 000 yuans (environ 60 000 euros). Il s’agit d’une fourchette très large, clairement destinée à faire entrer dans ce panier des personnes pauvres, pour ensuite vanter le énième prétendu « succès chinois ».
Derrière ces tentatives d’alchimie manipulatrice se cache cependant une réalité beaucoup moins brillante. Les données économiques récentes envoient des signaux alarmants. Le chômage des jeunes a atteint 18,9 % en août, tandis que les ventes de détail et la production industrielle progressent à un rythme de plus en plus lent. Le marché immobilier, traditionnellement considéré comme un pilier de l’épargne et donc de la « prévoyance privée », continue d’afficher des prix en baisse depuis des années, alimentant l’incertitude parmi les familles qui aspirent à améliorer leur condition.
Les personnes qui font officiellement partie de la classe moyenne vivent souvent dans une situation précaire. Dans les métropoles comme Shanghai, une famille dont les revenus mensuels se situent entre 1 500 et 3 000 euros par mois parvient à subvenir à ses besoins en matière de logement, de voiture et d’éducation des enfants, mais ne dispose d’aucune marge pour dégager des économies significatives. Le fossé entre les régions urbaines et rurales aggrave encore la situation : les citadins gagnent en moyenne deux fois plus que les ruraux, ce qui crée des inégalités qui freinent la consommation et les investissements au niveau national.
Long Youshen, ancien expert en informatique chez Samsung, a choisi de se réinventer en cultivant des fraises biologiques destinées précisément à la classe moyenne urbaine. Son expérience révèle les contradictions du moment actuel : au départ, l’entreprise prospérait, mais elle enregistre aujourd’hui une baisse de la demande, car les consommateurs sont de moins en moins prêts à se permettre de petits luxes quotidiens. Les mesures gouvernementales visant à stimuler les prêts et à soutenir la consommation par le biais de programmes de remplacement des appareils électroménagers n’ont pas été efficaces, car ce qui manque, c’est la sécurité économique susceptible d’inciter les gens à dépenser.
L’économiste Wolfgang Keller souligne que les problèmes sont structurels plutôt que cycliques : la croissance chinoise reste excessivement dépendante des investissements et des exportations, tandis que le pouvoir d’achat des ménages reste insuffisant. Selon l’analyste Nouriel Roubini, le risque est que la Chine tombe dans le « piège du revenu moyen », restant bloquée dans la transition vers une économie développée à hauts salaires. Alors que les dirigeants continuent de parler de « prospérité commune » et que certains secteurs technologiques remportent des succès importants, des familles comme celles de Wang et Long vivent une Chine différente, caractérisée par une incertitude croissante et des attentes en baisse.
Andrea Ferrario
• Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l’aide de DeepLpro.
Source : Facebook
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