Édition du 18 novembre 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Commence à être enfin contré dans les grands médias le barrage patronal antigrève du transport public de Montréal

Le barrage patronal-médiatique à l’encontre de la grève des deux syndicats de la
Société de transport de Montréal (STM) frise l’hystérie. Il est rafraîchissant de
constater, comme Pierre Leduc le fait dans L’Aut’Journal (Grève du transport :
Quand les « faits d’abord » passent en second
), l’émergence d’un contre-discours
médiatique dont :

• Laure Waridel, Journal de Montréal, Grève à la STM : les coupables ne sont
pas ceux qu’on pense

• Alexandre Leduc (Québec solidaire), Tout un mation (Radio-Canada),
Entrevue avec Alexandre Leduc : Grève à la STM

Un pot-pourri d’extraits de ces trois articles :

• Son financement [de la STM] est insuffisant pour assurer l’entretien et la
modernisation d’infrastructures et d’équipement âgés en moyenne de 44
ans. Insuffisant aussi pour répondre positivement aux employés, qui
demandent des hausses salariales justifiées par l’inflation. C’est ainsi qu’on
laisse se dégrader un bien collectif essentiel évalué à plus de 50 milliards $.

• Comment se fait-il que, lorsqu’il est question de construire une nouvelle
route, on ne demande pas aux usagers de payer, mais pour les transports
publics, oui ? On dépense des millions pour des chemins à l’usage de
compagnies milliardaires qui vont extraire nos minerais et notre bois pour
une bouchée de pain, mais on n’a pas d’argent pour assurer la mobilité des
principaux payeurs de taxes.

• Ce qui embête les gouvernements, c’est l’arrêt Saskatchewan de la Cour
suprême, qui reconnaît que le droit de grève est une composante
indispensable du droit à un processus véritable de négociation collective et
qu’il est également protégé constitutionnellement. […] pour contourner ce
jugement, Ottawa utilise l’article 107 du Code canadien du travail, qui
confère au gouvernement le pouvoir unilatéral de demander au Conseil
canadien des relations industrielles (CCRI) d’imposer l’arbitrage exécutoire
pour mettre un terme à des arrêts de travail. Québec a adopté le projet de loi
89, Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de
grève ou de lock-out, qui limite l’exercice du droit de grève et réfère les
parties à un arbitre.

• Les dirigeants d’Air Canada, de la Société des postes, du Port de Montréal,
de la STM, etc., ont vite compris qu’ils n’avaient qu’à « faire semblant » de
négocier et s’asseoir sur leurs deux mains, jusqu’à ce que les
gouvernements imposent l’arbitrage.

• Le nouveau maire de New York, un inconnu il y a six mois, a fait de la gratuité
des bus et du métro l’une de ses propositions politiques phares pour
soulager les citoyens.

• Est-ce qu’une loi spéciale a résolu le conflit avec les médecins. Au contraire,
ça a mis de l’huile sur le feu. Si la CAQ veut contribuer de matière utile,
qu’elle utilise les surplus du fonds vert. […] La CAQ veut plutôt s’en servir
pour payer des autoroutes, le troisième lien et peut-être même le Fonds des
générations.

• La procédure de l’Assemblée nationale [de l’unanimité des partis] c’est un
bâillon… consensuelle. Une entente négociée c’est toujours plus intéressant
en matière de relations de travail pour tout le monde.

Cette très bienvenue contre-attaque comporte à mon avis quelques éléments à
discuter. Il n’y a aucune raison de financer les transports en commun par des taxes
dédiées indirectes, toujours injustes, en particulier à l’encontre des automobilistes
qui la plupart du temps n’ont pas le choix étant donné l’insuffisance du transport en
commun. Il faut les financer par l’imposition du capital (la richesse) et des revenus
des entreprises et des particuliers fortunés. Il n’est pas certain que la STM, quand
même la partie patronale, soit si malheureuse de la loi 89 quoiqu’elle affirme
publiquement. On peut douter de la tactique de la trêve syndicale qui brise la
dynamique d’une grève. C’est habituellement un recul syndical qui peut bien sûr
s’imposer. À part des interventions syndicales, on peut aussi regretter le retard de la
réaction à la défense des syndicats alors que la première grève avait eu lieu en juin
dernier.

Marc Bonhomme, 11 novembre 2025

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