Édition du 3 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Europe

Appel de militant-e-s et sympathisant-e-s du Front de Gauche

Contre l'offensive islamophobe, pour un front large et massif des exploité-e-s et opprimé-e-s

Suite au développement des discriminations contre des mères dans l’accompagnement des sorties d’école, aux réactions à l’arrêt de la Cour de cassation dans l’affaire Baby-Loup et au projet de loi sur l’extension de l’interdiction du port du voile, nous, militant-e-s, sympathisant-e-s, électrices et électeurs du Front de gauche, voulons construire l’expression publique et collective d’une autre voix, celle de l’égalité réelle des droits pour les musulman-e-s, de ceux et celles qui sont considérées comme tel-le-s en France et plus largement pour toutes les personnes discriminées.

Une initiative importante contre l’islamophobie vient d’être lancée par des militants et sympathisants du Front de Gauche, notamment pour réagir contre l’annonce par F Hollande qu’il serait favorable à une nouvelle loi d’exclusion des femmes voilées, cette fois-ci pour les interdire de travailler dans des établissements privés s’occupant de jeunes enfants. Malheureusement, le Parti de Gauche, membre du Front de Gauche, est également en faveur de cette proposition.

Vous trouverez ci-dessous et sur notre site internet le texte de notre déclaration :
http://fdg-contre-islamophobie.e-monsite.com/
Alors que la France a été condamnée par le comité des Droits de l’Homme de l’ONU pour sa loi du 15 mars 2004 contre les signes religieux à l’école, les offensives contre les musulman-e-s, français-e-s et étranger-e-s, vivant en France, se multiplient, alimentent un climat d’islamophobie et de racisme grandissant et renforçant des discriminations généralisées au point de faire système (contrôles policiers, emplois, logements, éducation...) contre un nombre grandissant d’habitants de ce pays, l’Etat étant en première ligne.

Le racisme s’attaque également à des populations depuis des siècles sur le territoire européen, comme le montrent la stigmatisation et le racisme institutionnel contre les populations roms. Ces attaques, bien que s’inscrivant dans un contexte spécifique à la France, participent d’une logique internationale de conflit entre « les civilisations » entretenue par les classes dirigeantes. Face à la crise économique grandissante et à l’effritement de légitimité des institutions de la 5e République, le racisme est comme autrefois utilisé pour renforcer la division des classes populaires en désignant des boucs-émissaires. Comme dans les années 1930 avec les campagnes antisémites, il s’agit en fait pour les politiques et idéologues réactionnaires de convaincre les citoyen-ne-s-français-es que l’immigration, le plus souvent extra-européenne serait un danger pour la société.

L’Etat, et ses institutions sont un acteur central de ce phénomène. Aujourd’hui, certain-e-s envisagent un nouveau projet de loi liberticide, interdisant le port de signes religieux ou qualifiés comme tels dans les entreprises des secteurs privés et associatifs, en particulier pour les salariées s’occupant de jeunes enfants. Ce projet de loi constituerait une atteinte au droit du travail, qui renforcerait la subordination des salarié-e-s à leur employeur et constituerait une nouvelle discrimination à l’embauche.

L’interdiction du port du voile aurait pour conséquences l’exclusion des femmes qui le portent, de l’enseignement, du travail, etc. Cela constituerait une atteinte aux droits des femmes et les empêcherait d’accéder à tout ce qui, historiquement, a permis leur intégration dans la société et leur émancipation, fut-elle partielle. Ces exclusions accentueraient la ghettoïsation, et donc nuiraient à la Fraternité qui est un des principes et des idéaux de la République française. Il serait inconcevable qu’une telle politique soit mise en avant par la gauche. L’affaiblissement des liens sociaux et des structures de solidarité collective qui découle du fonctionnement du système capitaliste pousse au regroupement sur des bases exclusivement identitaires quand aucune alternative crédible n’apparaît. Les conditions sociales et économiques qui sont imposées à ces populations renforcent leur sentiment d’appartenance qui leur apparaît alors souvent comme un moyen d’autodéfense contre les discriminations et les ségrégations.

Attachés à la laïcité, nous considérons qu’elle est déjà protégée par la loi de 1905. Conformément à l’intention initiale de Jaurès, la laïcité a eu jusqu’à récemment pour usage de permettre à chacun-e, croyant-e ou non, de vivre en harmonie/en bonne entente, et de protéger la liberté de conscience et de garantir l’égalité des citoyen-ne-s. Elle est désormais instrumentalisée comme un outil de rejet des appartenances complexes des citoyens-nes, comme une arme de discrimination massive, comme paravent pour lancer des attaques haineuses et servir de prétexte à des lois discriminatoires !

L’islamophobie s’inscrit dans un ensemble de discriminations. Nous devons toutes les combattre à la fois par un travail théorique, politique et de terrain. Nous avons besoin d’un front large et massif, d’un bloc social, qui regroupe exploité-e-s et opprimé-e-s, salarié-e-s, chômeurs et précaires pour changer les rapports de forces et renverser la vapeur et avancer vers cette 6e République qui devrait accorder toutes leurs places aux citoyen-ne-s aux identitées forcément plurielles.

Des convergences politiques sont nécessaires. Un des principes fondateurs du Front de Gauche est l’acceptation de la diversité en son sein. Il nous est nécessaire de construire l’unité des exploité-e-s et des opprimé-e-s et de rassembler au-delà des membres d’organisations face aux nombreuses entreprises de division.Contre l’offensive islamophobe, nous, militants et sympathisants du FDG contre l’islamophobie, mènerons le débat dans nos organisations et agirons publiquement, entre autres au sein des assemblées citoyennes organisées par les collectifs locaux du FDG. Nous souhaitons élargir le dialogue et agir avec les intellectuel-le-s et les mouvements qui portent ces questions depuis plus de trente ans, en premier lieu ceux des mouvements autonomes dans les quartiers populaires et de l’immigration. Aujourd’hui comme hier, la politique se fait d’abord par et avec les personnes concernées.

Le 18 mai au matin, nous appelons à la tenue d’une réunion nationale pour poursuivre la discussion, participer aux élaborations et nous organiser. Nous apporterons notre contribution au travail du Front de gauche thématique immigration racisme. Dans un premier temps, participons massivement au rassemblement appelé par « Maman toutes égales », ce réseau emblématique par sa bataille pour le droit de toutes les mamans et les papas à accompagner les sorties scolaires !

"Bref, tout ça prouve aux combattants
Qu’Marianne a la peau brune,
Du chien dans l’ventre et qu’il est temps,
D’crier "Vive la commune !" (Elle n’est pas morte)

Alima Boumédienne Thiery, FASE
Stéphane Lavignotte, militant écologiste et du Christianisme social
Daniele Obono, Convergences et Alternatives
Frédérick Gauvin-Dupont, Parti communiste, Plonéour-Lanvern (Finistère)
Nolwenn Neveu, FDG
Veronika Daae, Alternatifs, Toulouse
Pierre Zarka, Association des Communistes Unitaires
Catherine Samary, GA et NPA, Paris 18e
Benoît Geraud, ex-PG, Alfortville (94)
Danielle Carasco, Fase, militante féministe
Capucine Larzillière, militante féministe, GA, Montreuil (93)
Razmig Keucheyan, militant Fdg, Paris 19e.
Sarah Al Matary, PG

Premiers signataires :

Diane Adam, syndicaliste, GA, Paris centre
Etienne Adam, FASE
Mathieu Allain, Ga Fdg Marseille centre
Janie Arneguy, les Alternatifs Gard
Grégory Bekhtari, GA, Paris 10e
Gilles Boitte, Communiste unitaire
Bernadette Bouchard, Les Alternatifs Alpes-Maritimes (06)
Antoine Boulangé, GA, Vitry sur Seine (94)
Jean Brafman, FASE
Pantxoa Caussarieu, Fase 64
Patricia Cavalera, les Alternatifs Ardèche
Florence Ciaravola, les Alternatifs Alpes-Maritimes
Mathieu Colloghan, Alternatif
Renaud Cornand (Ga-FdG 13)
Hendrik Davi, FdG Marseille centre
Martine Dejean, Fase 43
Bruno Della Sudda, Alternatifs, Nice (06)
Christian Delord, les Alternatifs Gard
Carole Eldin, GA, Marseille
Colin Falconer, GA, Saint-Denis (93)
Pierre Gayral, les Alternatifs Paris
Vincent Gay, GA Montreuil
Guy Giani, Alternatifs pays de Grasse
Cécile Gobbo, GA, Paris 10ème
Geneviève Huchet, Les Alternatifs 06
Michèle Kiintz, Communistes unitaires/ FASE
Valérie Lafont, FDG
Arthur Leduc, les Alternatifs Alpes-Maritimes
Christophe Lemasson, Alternatifs, Saint Brieuc
Laurent Lévy, FASE
Jean Marie Lucain, Les Alternatifs 06
Roland Mérieux, Alternatifs
Henri Mermé, Alternatifs
John Mullen, GA, Montreuil (93)
Richard Neuville, les Alternatifs Ardèche
No Neveu (Ga 13 et FdG marseille centre)
Pierre Nouzarède, Fase 24
Rémy Querbouet, les Alternatifs Loire Atlantique
Marc Rebuschi, Fase
Florian Rideau, Les Alternatifs, Paris
Cécile Rigaldiès, GA, Paris 10ème
Lisbeth Sal, GA
Laurent Sorel, GA
Sarah Tiano, GA, Marseille
Jean-Louis Touton, GA
Nikou Tridon, Les Alternatifs 06
Daniel Ullman, 75018, sympathisant du Front de Gauche
Nicolas Verdon, GA, Paris 19e
Thomas Vescovi, sympathisant Fdg, Saint-Denis (93)

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