La guerre continue…
L’accord-cadre a défini les protocoles nécessaires à la paix. Seuls les deux premiers ont été signés, portant sur la surveillance du cessez-le-feu et l’échange de prisonniers, mais sans aucune traduction concrète sur le terrain.
En effet, au lieu d’un cessez-le-feu, on assiste à une offensive du M23/AFC, qui s’est emparé de la ville de Katoyi. Quant à l’échange de prisonniers, il n’a pas eu lieu.
Les autres protocoles – qu’il s’agisse de l’accès humanitaire ou du retour des réfugiés, pourtant les questions les plus urgentes – ont été renvoyés à plus tard, tout comme ceux relatifs à la restauration de l’autorité de l’État, aux réformes de gouvernance et à la démobilisation des groupes armés.
Cette stratégie de « paix sur le papier et guerre sur le terrain » arrange tout le monde.
Le M23/AFC en tire profit pour conquérir de nouveaux territoires et affermir son autorité sur les populations. Il a instauré un passeport, recrute de nouveaux juges, met en place la collecte des impôts, tandis que le « salongo », désignant à l’origine un travail communautaire, est détourné et ressemble désormais davantage à du travail forcé.
Tshisekedi, président de la RDC, profite de la situation pour renforcer son pouvoir en vue d’un troisième mandat. Il coopte une partie de l’opposition, tandis que celle qui refuse est confrontée à la répression. Il mène une purge parmi les officiers supérieurs de l’armée pour prévenir toute tentative de coup d’État et s’apprête à investir massivement dans l’armement, notamment dans les drones, afin de reconquérir les territoires perdus.
… et le pillage aussi
En parallèle des négociations de paix de Doha, d’autres discussions, directement parrainées par les États-Unis, se sont tenues entre les gouvernements de la RDC et du Rwanda. Elles ont abouti à un « accord-cadre d’intégration économique régionale » visant à favoriser les entreprises américaines dans le secteur minier, notamment pour l’exploitation du cobalt, du lithium et des minerais rares essentiels à l’industrie des nouvelles technologies. Cet accord prévoit que ces minerais issus de la RDC soient traités soit au Rwanda, soit directement aux États-Unis.
Faute d’accord à Doha, la question sécuritaire reste sans solution. La carte du mercenariat est de nouveau envisagée par Tshisekedi, déjà expérimentée sans succès avec la société française Agemira. Désormais, c’est Erik Prince — ancien militaire, fondateur de Blackwater et proche de Donald Trump — qui aurait sa préférence.
Pour les protagonistes de ce sordide Monopoly où s’entremêlent armes et richesses naturelles, les populations n’ont, une fois de plus, aucun rôle à jouer si ce n’est celui de victime.
Paul Martial
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