Édition du 23 avril 2024

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Environnement

Des citoyens dénoncent une étude tronquée des impacts à la santé de la mine à ciel ouvert à Malartic

Le Comité citoyens de la zone sud de Malartic et la Coalition Québec meilleure mine dénoncent l’étude publiée hier par la minière Canadian Malartic concernant les effets à la santé des poussières émises par sa mine à ciel ouvert. Les deux organismes jugent l’étude incomplète car de nombreuses données ne sont pas prises en compte.

« Nous ne faisons pas confiance à la fiabilité des résultats. Nous demandons une étude indépendante. Nous demandons aussi à la minière de refaire ses devoirs et d’expliquer pourquoi elle refuse toujours de mesurer toutes les données nécessaires pour évaluer l’impact réel à la santé des citoyens », dénonce Louis Trottier, porte-parole du Comité citoyens de la zone de Malartic.

Les organismes font cette sortie alors que débute aujourd’hui le mandat du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour l’évaluation de l’agrandissement de la mine d’or Canadian Malartic, la plus grande mine à ciel ouvert située en milieu habité au pays.

Pourquoi ne pas mesurer les poussières fines PM10 ?

Les deux organismes dénoncent notamment le fait que la minière refuse toujours de mesurer les poussières fines PM10, malgré les demandes répétées de la santé publique depuis au moins 2013. « L’Organisation mondiale de la santé recommande des émissions annuelles inférieures à 20ug/m3 pour les poussières fines PM10, lesquelles pénètrent les voies respiratoires et causent des problèmes de santé. Des études démontrent clairement que les PM10 peuvent être 3 à 10 fois plus nombreuses que les PM2.5. Pourquoi la minière refuse-t-elle toujours de mesurer les PM10 à Malartic ? » s’interroge Ugo Lapointe, coporte-parole de la Coalition Québec meilleure mine.

Refus d’installer une autre station de mesure

Les deux organismes dénoncent également le fait que la minière refuse toujours d’installer une troisième station d’échantillonnage pour avoir des données réelles dans tous les secteurs de la ville, malgré les demandes répétées des citoyens et de la santé publique. « On a vraiment l’impression que la minière veut en mesurer le moins possible pour éviter de trouver des problèmes qui pourraient la rendre responsable. Ce manque de transparence et de précaution n’inspire pas du tout confiance » se désole M. Trottier.

Me Nicole Kirouac, avocate et personne-ressource du Comité de vigilance de Malartic : « La santé publique régionale dit depuis des mois vouloir installer des jarres à poussières dans différentes zones de la ville pour valider la représentativité des données recueillies par les stations de mesure actuelles de la minière. Pourquoi n’est-ce pas fait encore ? Qu’est-ce qui bloque ? »

Pas de données sur la « santé réelle »

Les organismes dénoncent également que l’étude publiée par la minière ne tient pas compte des impacts réels à la santé des gens de Malartic, notamment à l’aide de données cliniques réelles, comme la hausse des consultations médicales ou d’utilisation de médicaments reliés à des problèmes respiratoires depuis que la mine est en place—en comparaison avec la moyenne régionale. « L’étude de la minière se base sur une évaluation théorique du risque et non sur la santé concrète des gens », dénonce M. Trottier.

Ils dénoncent aussi que l’étude ne tienne pas compte des impacts à la santé psychosociale, au bien-être et à la qualité de vie des gens qu’occasionne la présence en continue de poussière dans leur quotidien. « Le stress, la frustration et la colère de devoir constamment nettoyer nos maisons, nos biens, nos aires de jeux extérieures pour les enfants, résultent en une perte concrète de notre qualité de vie, de notre bien-être. C’est aussi notre santé mentale qui en souffre », explique M. Trottier.

Les organismes constatent également que l’étude exclue les poussières émises de 2010 à 2011, au plus fort de la construction de la mine et des opérations en surface.

Une étude indépendante réclamée

Face à ces lacunes, les citoyens réclament une étude indépendante sur les effets à la santé occasionnés par la mine à ciel ouvert, la plus grande au pays en milieu habité. « Nous souhaitons une étude indépendante pour faire la lumière sur l’ensemble des impacts réels à la santé physique et psychosociale occasionnés par la mine. Nous voulons aussi que cette étude informe adéquatement la population sur les lacunes et les incertitudes qui persistent dans la qualité des données mesurées par la minière et par les ministères », affirme Dominique Bernier, coporte-parole de la Coalition Québec meilleure mine.

Rappelons que la Direction régionale de la santé publique a publié une étude en septembre 2015 qui indique que plus de 2 personnes sur 3 dans la zone sud de Malartic se disent « dérangées » à « fortement dérangées » par les impacts reliés aux poussières, aux dynamitages et au bruit. Cette zone représente plus de 700 foyers situés à moins de 800 mètres de la mine.

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